Sommet UE-UA : « Le Maroc a un rôle à jouer en Afrique dans le domaine des énergies renouvelables »
L’influence de la Chine est de plus en plus grande et de plus en visible en Afrique, ce qui semble inquiéter l’Europe. Le Global Gateway, un « new deal financier avec l’Afrique » de 150 milliards d’euros, ne vise-t-il ainsi qu’à contrer la Chine et sa Route de la soie ?
La Chine a une grande influence en Afrique mais le new deal est aussi dans l’intérêt du développement des pays africains. Lors de la présentation du Global Gateway, nous avons illustré que l’Europe veut aussi s’engager dans des investissements comme le fait la Chine. En même temps, nous avons aussi constaté que rien n’est gratuit. La Chine a certes beaucoup investi dans ces pays mais on voit aussi que pas mal d’États africains sont endettés et que c’est aussi lié à l’engagement chinois dans leur pays.
Avec le Global Gateway, on veut proposer une alternative : travailler ensemble sur des investissements mais sans que ces investissements n’aient un effet négatif pour les générations futures. Car on veut éviter que nos dons ou nos prêts soient des dettes insurmontables que ces générations ne seront pas en mesure de financer.
On ne peut pas nécessairement se substituer à la Chine mais on veut peut-être voir comment compléter ce qui se fait déjà, et ce dans l’intérêt du développement des pays africains
Une partie de la population africaine considère que l’Europe donne d’une main ce qu’elle reprend de l’autre dans la mesure où les aides destinées au développement aux pays africains sont synonymes de marchés pour des entreprises européennes en Afrique. Qu’en pensez-vous ?
C’est une bonne observation. Ce n’est pas une question toute simple et ce n’est pas mon domaine d’expertise, mais il est vrai qu’une partie des investissements européens bénéficient aux entreprises européennes. Mais on encourage ces entreprises à développer des partenariats avec des entreprises locales et on essaie aussi à travers nos programmes d’investir dans l’éducation et dans la formation professionnelle de telle sorte que des entreprises africaines puissent, à terme, être compétitives sur le marché global.
L’actualité africaine est marquée une succession de coups d’Etats en Afrique de l’Ouest, dans certains pays subsahariens ainsi que par le « coup de force » de Kaïs Saïed en Tunisie. Avec une donnée probablement nouvelle : les instigateurs de ces événements sont en général soutenus par les populations locales. Quelle lecture en faites-vous ?
À mon avis, il faut évaluer les événements au cas par cas, chaque situation étant différente. Ce qui est à mon avis positif, c’est qu’il y a cette aspiration démocratique chez les populations, qui ont vraiment l’espoir que leurs dirigeants nationaux priorisent leurs besoins fondamentaux en matière d’éducation, de santé et de sécurité. Peut-être que les attentes et que l’espoir que les élections démocratiques allaient automatiquement mener à un changement de gouvernance étaient assez élevés, mais il faut voir au cas par cas. Je crois que les revendications des populations sont correctes si je peux évaluer cela d’une manière globale mais peut-être que les remèdes qui sont préconisés méritent aussi un débat.
Un des thèmes majeurs de ce sommet est l’environnement. À ce sujet, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen était le 9 février en visite officielle au Maroc, où elle a annoncé un « partenariat vert » entre l’Union européenne et le royaume. En quoi consiste ce « partenariat vert » ?
Je ne connais pas le détail de ce qui a été dit au Maroc mais je sais que le Maroc est parmi les pionniers dans le développement des énergies renouvelables et qu’il peut être, à terme, un pays exportateur d’énergies moins polluantes. Et qu’il peut en faire bénéficier les pays voisins et peut-être aussi l’Afrique.
Le partenariat pourrait impliquer aussi la coopération entre des entreprises privées. Vous avez parlé tout à l’heure d’entreprises européennes présentes en Afrique, cette coopération en est un point positif vu que ça contribue au développement du pays et au renforcement des entreprises marocaines ou africaines. Je pense que ce partenariat doit se situer à plusieurs niveaux, tant dans le domaine de la formation que dans le domaine politique.
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.