Réforme de l’éducation: les détails du Grand Oral d’Akhannouch

Le Grand Oral de Aziz Akhannouch, chef du gouvernement, s'est tenu ce mardi à Rabat, au cours de la séance plénière mensuelle consacrée à la politique publique devant la Chambre des conseillers. Plusieurs questions ont été posées, notamment concernant le secteur de l'éducation.
Comme nous le rapportions, cette séance a été axée sur le thème de l'enseignement et le plan de réforme.
La généralisation du préscolaire, des efforts déployés
Akhannouch a mis en avant, mardi à Rabat, les efforts déployés pour la généralisation de l'enseignement préscolaire, réduire l'abandon scolaire et développer l'offre éducative.
Répondant à une question sur « l'état de l'éducation et le plan de réforme », le chef du gouvernement a indiqué que pour doter le système éducatif de moyens nécessaires, l'effort budgétaire a connu une évolution remarquable.
Selon ses dires, le budget alloué au ministère de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports est estimé à 62,451 milliards de dirhams (MMDH). Dans le détail, il s'agit d'environ 56 MMDH pour la gestion et plus de 11 MMDH pour l'investissement, enregistrant ainsi une hausse de 6 % du budget préalablement alloué au secteur par rapport à l'année 2021, soit une augmentation d'environ 3,6 MMDH.
En ce qui concerne la généralisation et la qualité de l'enseignement préscolaire, Akhannouch précise que trois conventions de partenariat ont été signées pour développer et généraliser ce modèle scolaire avec la Fondation Marocaine pour la Promotion de l'enseignement Préscolaire, le ministère des Finances et le ministère de l'Intégration économique, de la Petite entreprise, de l'Emploi et des Compétences.
Le chef du gouvernement a souligné que ces conventions visent à augmenter le taux de scolarisation dans l'enseignement préscolaire de 72,5 % à 79 % à fin 2022, en particulier dans les zones rurales et semi-urbaines, à travers l’activation d'un système intégré pour les éducateurs et éducatrices, en renforçant leurs capacités professionnelles, en améliorant leurs performances et en assurant la sélection de ceux aptes à exercer la fonction, outre la mobilisation des outils pédagogiques, des moyens didactiques et des équipements appropriés.
Afin de lutter contre l'abandon scolaire, Akhannouch a précisé que les efforts portent sur le développement des infrastructures scolaires, leur rapprochement au profit des bénéficiaires ainsi que le renforcement des programmes d’appui social.
À cet égard, le chef du gouvernement a fait savoir que quelque 3,7 millions d’élèves ont bénéficié de l'initiative Royale « Un million de cartables » au cours de l'année scolaire 2021-2022, relevant que le nombre de bénéficiaires du programme « Tayssir » se chiffre à 2,5 millions d'élèves.
L'Exécutif lutte contre le décrochage scolaire
Un programme national de soutien scolaire visant à lutter contre le décrochage a également été lancé à travers des plans régionaux et provinciaux de soutien déployant une nouvelle méthodologie d'enseignement. Ledit programme tient en compte le rythme de chaque élève en fonction de son niveau, fait-il remarquer, notant que cette expérience qui s'est avérée efficace dans de nombreux pays a été expérimentée sur 10 000 élèves en vue de sa généralisation à 100 000 autres à partir de la prochaine année scolaire.
En parallèle, des campagnes de sensibilisation sont organisées à l'intention des élèves afin de prévenir l'abandon scolaire, de faire revenir ceux qui ont abandonné les bancs de l'école et de les accompagner dans la poursuite de leurs études ou de les inscrire dans l’éducation non formelle.
Le gouvernement s'emploiera également à déployer davantage d’efforts pour développer le soutien social au profit des élèves, notamment en ce qui concerne la consolidation de la gouvernance dans les internats et les cantines, en plus de l'extension des réseaux de transport scolaire, a insisté Akhannouch, soulignant que ces aspects permettront de motiver les élèves et d'améliorer leurs résultats scolaires, notamment dans le monde rural.
D'autre part, le chef du gouvernement a indiqué que le ministère de l'Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports veille à former 35 716 cadres (inspecteurs, directeurs d'établissements et enseignants). Une réforme globale du soutien scolaire et des examens sera entamée mobilisant une enveloppe budgétaire de 120 millions de dirhams (MDH), dont 10,5 MDH seront alloués à l'amélioration des programmes d'orientation scolaire et 10 MDH à l'utilisation de la technologie.
Pour encourager l'éveil culturel des élèves, poursuit Akhannouch, un total de 250 MDH a été consacré à la vie scolaire au titre de la saison 2021-2022, notant que dans le cadre du renforcement de l'offre une enveloppe financière de 2,3 MMDH a été programmée par la Loi de Finances 2022 pour la construction de près de 230 nouveaux établissements, dont 30 écoles communautaires et 43 internats. Le gouvernement prévoit d'étendre les réseaux des écoles communautaires dont le nombre a atteint 226 au profit de 60 000 élèves.
Un programme d'intervention d'urgence a également été lancé, afin d'élaborer des programmes régionaux et provinciaux afin de mettre en œuvre des plans de réhabilitation des établissements avant la prochaine rentrée scolaire et le réaménagement du reste des établissements l'année qui suit.
Aussi, une enveloppe de 44 MDH sera également allouée en 2022 pour soutenir le sport scolaire. Ces fonds serviront à réhabiliter les structures sportives dans les écoles, à créer 250 centres sportifs dans les écoles primaires qui n'en disposent pas, et à mettre en place un cursus « sport et étude » dans 75 écoles au profit de 5 000 élèves.
En ce qui concerne le renforcement de la digitalisation et de la connectivité internet, Akhannouch a indiqué que le gouvernement vise à généraliser l’accès à Internet dans 90 % des écoles dans le cadre d'une vision intégrée qui renforce le système d'information dans le secteur de l'éducation en rénovant les équipements et en développant le système « Massar ».
La langue amazighe est en cours de généralisation. Akhannouch précise que le nombre des établissements atteindra 1 941 écoles primaires en 2022, avec notamment la formation de base et continue des enseignants, des inspecteurs et des cadres administratifs dans cette langue.
Pour rappel, l'Agence Japonaise de la coopération Internationale (JICA) a contribué à hauteur de 1,6 MMDH afin d'appuyer le Maroc « dans l'amélioration de l'environnement des apprentissages et la réduction des disparités en termes d'apprentissages dans les mathématiques sur trois niveaux : au sein des établissement scolaires, entre les établissements scolaires, et entre les ménages ».
La réforme globale du système d’éducation et de formation
En réponse à « la réalité de l’enseignement et le plan de la réforme », Akhannouch a noté que gagner le pari d’un enseignement équitable et de qualité nécessite une gestion performante axée sur la valorisation des acquis, en mettant à profit les expériences réussies et en tirant les leçons des échecs.
L’état actuel de l’enseignement au Maroc « reste en deçà des attentes du roi Mohammed VI et de larges franges de citoyens », et ce malgré les acquis réalisés sur les plans de l’élargissement de l’offre scolaire et du soutien social, a-t-il souligné.
Dans ce sens, le chef du gouvernement a fait remarquer que, malgré les progrès palpables réalisés sur le plan de la généralisation de l’enseignement préscolaire, dans le cadre du programme national de généralisation et de développement de l’enseignement préscolaire, des lacunes persistent au niveau des salles équipées et des cadres qualifiés à même de réunir les conditions adaptées aux besoins moteurs, affectifs, linguistiques et cognitifs des enfants de quatre ans.
Chaque année, près de 300 000 élèves quittent l’école dès le cycle primaire, et seuls 30 % des élèves ont montré qu’ils disposent de compétences cibles à la fin dudit cycle, contre 10 % seulement au cycle préparatoire, a précisé Akhannouch.
À cet égard, le chef du gouvernement a affirmé que le gouvernement s’est attelé, depuis le début de son mandat, à l’élaboration d’une feuille de route ambitieuse, en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés, afin de réaliser un saut qualitatif au niveau des apprentissages, et ce à travers une réflexion sur le triangle élève-enseignant-école.
Le gouvernement a adopté une approche participative prenant en considération les visions et espoirs de toutes les catégories, dont les élèves, les parents d’élèves, les enseignants et les instances administratives, ainsi que l’ensemble des intervenants en lien avec la question du droit à l’éducation et de la qualité des apprentissages, a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il a affirmé que l'Exécutif œuvrera avec détermination pour garantir la convergence des attentes exprimées par les acteurs du secteur de l’enseignement à travers le Royaume avec les grands axes du chantier de réforme, qui a fixé un certain nombre d’objectifs à l’horizon 2026.
Il s’agit notamment de la diminution d’un tiers du taux de déperdition scolaire et de l’amélioration de la qualité des apprentissages reçus à l’école, en augmentant à 70 % le taux d’acquisition des compétences de base, en plus de la création d’un environnement favorable et de conditions adéquates propices à la participation et la réussite au sein des écoles, et ce en doublant le nombre d’élèves bénéficiant des activités intégrantes en milieu scolaire.
L'accessibilité aux apprentissages de base
Selon Akhannouch, le nouveau chantier de réforme du système d'éducation et de formation vise à permettre aux élèves d'accéder aux apprentissages de base et à assurer qu'ils poursuivent et achèvent leur enseignement obligatoire.
La feuille de route que le gouvernement a élaboré, en concertation avec toutes les parties concernées, a pour objectifs de généraliser l'enseignement préscolaire d'ici 2028 et de s'assurer de sa qualité pour préparer les apprenants au cycle primaire, en créant environ 4 000 unités par an au profit des enfants âgés de 4 à 6 ans, a-t-il indiqué en réponse aux questions orales sur « l'état de l'éducation et le plan de réforme ».
Le chef du gouvernement a souligné que cela se fera par l'adoption d'une stratégie territoriale efficace qui s'accompagne de programmes de sensibilisation élargis pour les familles, en particulier dans les zones non couvertes par ce type d’enseignement.
Il s’agit également de permettre aux éducateurs et éducatrices à ce niveau d'études, d'avoir une solide et bonne formation, de mettre en place des mécanismes de gestion déléguée avec les partenaires associatifs et le renforcement de leurs capacités, ainsi que la mise en place de mécanismes d'évaluation.
Afin d'améliorer le modèle de suivi et d'évolution des situations des élèves et d'assurer leur acquisition des apprentissages de base, Akhannouch a noté que le gouvernement œuvrera à l’identification et à l'évaluation des « objectifs d'apprentissage » en élaborant des référentiels pour chaque niveau scolaire et d'informer clairement les acteurs des compétences acquises à la fin de chaque année, tout en mettant en place un système qui identifie les écueils et propose des approches intégrées en classe et d’autres complémentaires en dehors du temps scolaire, avec la participation de spécialistes.
I a fait observer que la nouvelle feuille de route veillera à trouver des parcours diversifiés et alternatifs depuis le niveau collégial et à assurer l'intégration des élèves dans les parcours professionnels du secondaire qualifiant.
L’objectif, a-t-il expliqué, est de permettre aux élèves de concrétiser leurs choix, à travers le renforcement de leur suivi par des conseillers d'orientation depuis la fin du cycle primaire, et développer un modèle de détection précoce et proactif de la possibilité d'échec ou d'interruption scolaire en vue de pouvoir intervenir en temps opportun.
Dans le même sens, afin de pallier le décrochage, il a été procédé à la signature d’un accord-cadre portant sur la mise en œuvre, à partir de la prochaine année scolaire, d’un programme de formation des enseignants du primaire et du secondaire à l’horizon 2025, qui mobilisera une enveloppe de 4 MMDH sur cinq ans, le but étant de jeter les piliers d’une nouvelle architecture de formation de base, a-t-il précisé.
À terme, ledit accord permettra d’augmenter de plus de cinq fois le nombre d'enseignants inscrits dans le cycle de licence d’éducation pour l’enseignement primaire et secondaire afin qu’il atteigne, à l’horizon de l’année de formation 2026-2027, plus de 50 000, au lieu de 9 000 étudiants actuellement, en perspective de l’intégration de 80 % des nouveaux enseignants dans les cycles primaire et secondaire, à travers ce nouveau cursus de formation.
La satisfaction des besoins fondamentaux et la mise en place de bonnes conditions de scolarisation et de réussite passent par un renforcement des dispositifs d'accompagnement social dans les écoles, en améliorant la qualité des dispositifs d'accompagnement et en s'assurant de l'adéquation et de l'efficacité des services rendus aux élèves, notamment les transports scolaires, les restaurants, les internats et les écoles communautaires, a-t-il conclu.