L’étau se resserre sur Gaza, une grande marche de solidarité organisée à Rabat
Une grande marche de solidarité avec le peuple palestinien a été organisée, dimanche à Rabat, suite à la détérioration de la situation et au déclenchement d'actions militaires israéliennes dans la bande de Gaza.
La marche, la plus massive depuis que le Maroc a normalisé ses relations avec Israël en 2020, a commenté l'AFP, Jusqu'à présent, les mouvements opposés à la normalisation ralliaient au maximum quelques centaines de personnes : « les deux principaux boulevards du centre-ville étaient bondés, sur plus d'un kilomètre de long, d'une foule en rangs serrés, qui a marché, à l'appel de deux coalitions regroupant d'une part des mouvements islamistes, et de l'autre des partis de gauche ». La marche de protestation a réuni « plusieurs centaines de milliers de personnes », selon les organisateurs, cités par Le Monde, le Front marocain de soutien à la Palestine et contre la normalisation, qui rassemble une vingtaine de partis, de syndicats et d’associations, et le Groupe d’action nationale pour la Palestine, proche des islamistes du Parti de la justice et du développement
Exemple sur le front politique, le PPS (opposition) avait dès jeudi exprimé « sa condamnation de la guerre monstrueuse et atroce menée par l’entité sioniste contre le peuple palestinien à Gaza assiégée, ainsi qu’aujourd’hui dans plusieurs villes de Cisjordanie et à Al Qods, outre ses opérations militaires blâmables en Syrie et au Sud-Liban, en violation de tous les fondements du droit international humanitaire ».
« Le peuple veut abolir la normalisation »
« Au cours de cette marche, les participants ont exprimé l'attachement du peuple marocain à la défense de la cause palestinienne et des droits légitimes et justes du peuple palestinien », a sobrement commenté l’agence officielle MAP. Les manifestants ont cependant exprimé leur « rejet de la normalisation » avec Israël. « Le peuple veut abolir la normalisation », « contre l'occupation, contre la normalisation », ont-ils crié.
La veille, un premier rassemblement appelé par l’Association Marocaine de Soutien à la lutte du peuple palestinien, avait été tenu devant le siège de l’ambassade de Palestine.
Le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger avait indiqué, dans un communiqué, que « le Royaume du Maroc exprime sa profonde préoccupation suite à la détérioration de la situation et au déclenchement des actions militaires dans la bande de Gaza et condamne les attaques contre les civils d’où qu’ils soient ». Nasser Bourita s'est entretenu ce dimanche avec le secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Hussein Al Sheikh. En tout état de cause, la guerre entre le Hamas et Israël met à mal la normalisation entamée par Rabat et Tel-Aviv. La diplomatie marocaine se préparait, malgré de nombreux reports à organiser à Dakhla, la seconde édition du Forum du Néguev, une perspective qui s’est volatilisée en l’espace de quelques jours. Le royaume est d’ailleurs à la discrétion : signe parmi d’autres, les manifestations culturelles mettant en relief les liens avec l’Etat hébreu ont été annulées.
Des manifestations partout dans le monde
Plusieurs rassemblements de soutien aux Palestiniens se sont déroulés dimanche dans différentes villes du monde. Des milliers de personnes se sont notamment rassemblées à Istanbul. Deux autres manifestations d’ampleur avaient déjà eu lieu vendredi et samedi sur la péninsule historique d’Istanbul pour dénoncer la politique d’Israël.
Le président Erdogan a dénoncé avec force cette semaine « le massacre aveugle d’innocents à Gaza », affirmant qu’Israël « ne se conduit pas comme un Etat ».
A Amsterdam aussi, des milliers de personnes ont manifesté dimanche pour soutenir les Palestiniens. Les manifestants ont transformé la place centrale d’Amsterdam en une mer de drapeaux palestiniens et de pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Palestine libre », « Arrêtez la guerre » et « Arrêtez l’attaque contre Gaza ». L’itinéraire de la manifestation, qui se déroulait sous forte présence policière, devait initialement se terminer dans le vieux quartier juif d’Amsterdam, mais il a été modifié afin d’éviter toute éventuelle confrontation.
Des milliers de personnes ont manifesté dimanche à Madrid en solidarité avec les Palestiniens et pour dénoncer la riposte d’Israël à l’attaque perpétrée par le Hamas. Il s’agit du plus grand rassemblement parmi ceux qui se sont tenus en Espagne ce week-end.
Convoqués sous les mots d’ordre « Madrid avec la Palestine » et « contre le colonialisme israélien », les manifestants ont défilé dans le centre de la capitale espagnole, beaucoup vêtus d’un keffieh et scandant des slogans comme « Vive la lutte du peuple palestinien ! ». Certains ont aussi dénoncé un « génocide » et une « extermination », ou ont crié « Israël, assassin ! ».
Des manifestations ont également eu lieu ce week-end dans des villes comme Barcelone, Pampelune ou Tolède, la plupart en solidarité avec les Palestiniens et pour critiquer Israël. Des manifestations similaires ont eu lieu au cours du week-end dans d’autres grandes villes occidentales, notamment Washington, Londres et Genève.
Les frappes israéliennes dans la bande de Gaza ont tué 2 670 personnes, a déclaré dimanche le ministère de la santé palestinien du Hamas dans un bilan actualisé, alors que l’armée israélienne pilonne le territoire palestinien contrôlé par le mouvement islamiste. D’après cette source, 9 600 personnes ont également été blessées dans les raids menés en représailles à l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre. Au moins 1 400 personnes, pour la plupart civiles, ont été tuées en Israël depuis l’attaque lancée il y a une semaine de la bande de Gaza.
« Gaza se fait étrangler »
L’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) a alerté dimanche sur une « catastrophe humanitaire inédite » en cours dans la bande de Gaza, pilonnée par l’armée israélienne en représailles à l’attaque sanglante du Hamas sur le sol israélien.
« Pas une goutte d’eau, pas un grain de blé, pas un litre de carburant n’a été autorisé à entrer à Gaza ces huit derniers jours », a affirmé Philippe Lazzarini, le chef de l’UNRWA, lors d’une conférence de presse, estimant que « Gaza se faisait étrangler ». « Une catastrophe humanitaire inédite » se déroule dans le territoire palestinien, s’est-il alarmé.
De son côté, le ministre de l’énergie israélien a confirmé le rétablissement de la distribution d’eau dans le sud de la bande de Gaza, après sept jours de coupure ordonnée en représailles à l’attaque du Hamas. Cette décision « approuvée par le premier ministre Benyamin Nétanyahou et le président américain, Joe Biden, poussera la population civile vers le sud de la bande », a-t-il estimé.
Environ un million de personnes ont été déplacées dans la bande de Gaza par la guerre, a fait savoir l’UNRWA. « Ce chiffre va probablement monter puisque les gens continuent de quitter leurs maisons », a précisé sa directrice de la communication. L’ordre d’évacuation donné par Israël concerne 1,1 million d’habitants au nord de l’enclave.
Invasion terrestre imminente de Tsahal
Israël lancera « d’importantes opérations militaires » une fois les civils partis, selon Tsahal. « Il est vraiment important que les habitants de Gaza sachent que nous avons été très, très généreux avec le temps, a déclaré le lieutenant-colonel Jonathan Conricus sur CNN. Nous avons donné suffisamment d’avertissements, plus de vingt-cinq heures… Je ne saurais trop insister pour dire qu’il est maintenant temps pour les Gazaouis de partir. »
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé dimanche le Hamas à libérer tous les otages et Israël à autoriser l’entrée de l’aide humanitaire dans la bande de Gaza, avertissant que le Moyen-Orient était « au bord de l’abîme ».
« Gaza manque d’eau, d’électricité et d’autres fournitures essentielles », a déclaré Guterres dans un communiqué. Les stocks de nourriture, d’eau, de fournitures médicales et de carburant de l’ONU en Egypte, en Jordanie, en Cisjordanie et en Israël « peuvent être envoyés en quelques heures », a-t-il poursuivi, ajoutant que le personnel « doit être en mesure d’acheminer ces fournitures à l’intérieur et à l’extérieur de Gaza en toute sécurité et sans entrave ».
Tout comme le chef de l’OMS, Il a également demandé au Hamas de libérer les otages « immédiatement » et « sans conditions ». Selon un dernier décompte, l’armée israélienne affirme que 155 otages sont aux mains du Hamas.
« Chacun de ces deux objectifs est valable en soi. Ils ne doivent pas devenir une monnaie d’échange », a déclaré Guterres, qui a affirmé qu’il était de son devoir de lancer ces deux appels « en ce moment dramatique, alors que nous sommes au bord de l’abîme au Moyen-Orient ».
Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a déclaré dimanche que « les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien ». Selon l’agence de presse officielle palestinienne Wafa, Abbas a affirmé, lors d’un entretien avec le président vénézuélien, Nicolas Maduro, que « les politiques et les actions du Hamas ne représentent pas le peuple palestinien » et que l’Organisation de libération de la Palestine (OLP) était la seule représentante légitime du peuple palestinien.
Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, en tournée de crise au Proche-Orient, a catégoriquement rejeté la possibilité que les Palestiniens soient expulsés de la bande de Gaza. « J’ai entendu directement de la part du président de l’Autorité palestinienne, Abbas, et de pratiquement tous les autres dirigeants avec lesquels j’ai parlé dans la région que cette idée est vouée à l’échec, et nous ne la soutenons donc pas », a déclaré Blinken dans une interview avec la chaîne de télévision saoudienne Al-Arabiya diffusée dimanche. « Nous pensons que les gens devraient pouvoir rester à Gaza, leur maison. Mais nous voulons également nous assurer qu’ils sont hors de danger et qu’ils reçoivent l’aide dont ils ont besoin », a-t-il poursuivi.
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