Les principaux points du Budget économique prévisionnel pour 2024
Bénéficiant du dynamisme de la demande étrangère, du recul prévu du rythme de l’inflation et de l’appui de l’investissement public, l’activité économique devrait connaitre un raffermissement au cours de cette année, fait savoir le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans son budget économique prévisionnel au titre de l’année 2024 publié ce 10 janvier.
La dynamique économique bénéficierait aussi de la poursuite du chantier de l’État social et la mise en œuvre du programme de reconstruction et de mise à niveau générale des régions sinistrées par le séisme. En outre, l’opérationnalisation des programmes sociaux, notamment les mesures d’aide sociale directe, devrait contribuer à l’atténuation de l’impact de l’inflation sur le pouvoir d’achat des ménages ciblés, dans un contexte marqué par une décompensation prévue du gaz butane, ajoute la même source.
Une croissance de 3,2 %, soutenue par l’investissement
Selon le HCP, le Produit Intérieur Brut (PIB) devrait s’accroitre de 3,2 % en 2024 par rapport à 2,9 % estimé pour 2023. Le PIB nominal devrait s’accroitre de 6 % en 2024, portant l’inflation, mesurée par l’indice implicite du PIB, à 2,8 % en 2024 après avoir enregistré 4,5 % en 2023 et 3,1 % en 2022. Ces prévisions tiennent en compte les dispositions de la Loi de Finances de 2024, ainsi que la mise en œuvre des mesures visant à atténuer l’impact de l'inflation, de la sécheresse et du séisme d’Al Haouz, ce qui engendrerait une évolution prévue des impôts et taxes sur produits nets de subventions de 3,2 %.
Une amélioration générale des activités économiques contribuera à cette croissance. Ainsi, malgré une production céréalière au-dessous de la moyenne durant la campagne agricole 2023-2024, les activités agricoles, devraient enregistrer une hausse de 2,5 % en 2024 contribuant de 0,3 point à la croissance du PIB. En tenant compte d’une amélioration des activités de la pêche maritime, le secteur primaire devrait dégager une valeur ajoutée en amélioration de 2,7 % au lieu d’une hausse de 6,7 % estimée pour 2023, indique le HCP.
A leur tour, les activités non agricoles devraient connaître un taux de croissance de près de 3,2 % en 2024 après 2,7 % en 2023 porté par la poursuite de la bonne tenue du secteur tertiaire et par la reprise du secteur secondaire. Soutenue par la consolidation des demandes extérieure et intérieure, la valeur ajoutée secondaire devrait s’améliorer aussi de 2,8 % en 2024 après un recul de 0,4 % en 2023, bénéficiant de l’impact positif du redressement prévu du secteur du BTP, des activités minières et des industries de transformation. Les activités tertiaires tirées principalement par la reprise de la demande intérieure stimulée par les programmes du soutien public, devraient, quant à elles, conserver leur soutien à la croissance économique globale, affichant une progression de 3,4 % en 2024 après 4 % une année plus tôt.
Hausse de 3,5 % de la demande intérieure
La croissance prévue par le HCP sera aussi soutenue par une redynamisation de la demande intérieure boostée par l’effort d’investissement public, en plus de la mise en œuvre du programme des aides sociales directes. La demande intérieure devrait afficher une progression plus soutenue de l’ordre de 3,5 %, contribuant à hauteur de 3,8 points à la croissance économique au lieu de 1,8 point en 2023.
D’après les données du budget prévisionnel, l’augmentation légère de 1,1 % de la consommation des ménages, résultat de l’amélioration de 3,8 % des revenus perçus et d’une régression pour la troisième année consécutive de 0,01 %, en plus de l’augmentation de la consommation des administrations publiques, qui devrait croître d’environ 5,1 %, la consommation finale nationale devrait afficher un rythme de croissance de 2,1 % donnant lieu à une contribution de 1,7 point au PIB.
A cela, s’ajoute la poursuite de l’effort de l’investissement, favorisé par la politique budgétaire de l’État conjuguée aux plans de relance du secteur immobilier. Le volume de l’investissement brut devrait ainsi s’accroitre de 7,8 % générant une contribution positive de 2,1 points à la croissance du PIB en 2024 au lieu d’une contribution de seulement 0,7 point prévue pour 2023.
Allégement des déficits extérieurs
La croissance économique nationale bénéficiera aussi au cours de 2024 d’une hausse de la demande extérieure, grâce à l’amélioration des perspectives économiques chez les principaux partenaires commerciaux du pays. Le HCP prévoit dans ce cadre que les exportations des biens et services afficheraient un rythme de croissance consolidé de 7,6 %, attribuable à la poursuite de la performance des exportations des métiers mondiaux, du textile et du phosphate et de ses produits dérivés, à la suite notamment de la baisse des droits d’importations appliqués sur les engrais chimiques par les États-Unis.
Sur le volet des importations, une croissance de 7,8 % est prévue en 2024, au lieu de 6,5 % estimé pour 2023 et ce, en raison de l’amélioration de la croissance nationale mais aussi de la situation peu favorable de la production agricole devrait favoriser le recours à l’importation pour combler le besoin en matière de produits alimentaires et animaux vivants. La valeur des exportations nationales des biens et services devrait enregistrer une progression de 7,6 %, tandis que celle des importations devraient afficher une hausse de 7,3 % portant le déficit en ressources à 10,6 % du PIB en 2024.
Tenant compte de l’évolution des transferts MRE, le compte courant devrait afficher un déficit aux alentours de 0,4 % du PIB au lieu d’un excédent de près de 0,1 % du PIB estimé en 2023. Ce besoin de financement reflète l’écart entre l’investissement qui devrait représenter 28,2 % du PIB et l’épargne nationale qui devrait s’établir à 27,8 % du PIB en 2024, et ce compte tenu des revenus extérieurs qui devraient avoisiner 7,2 % du PIB, explique le HCP, qui prévoit que l’épargne intérieure devrait atteindre 20,6 % du PIB en 2024.
Légère baisse du déficit budgétaire et hausse de la dette
Au cours de 2024, le déficit budgétaire devrait poursuivre son allégement en 2024, se situant à près de 4,5 % du PIB au lieu de 4,7 %. Les dépenses ordinaires devraient se situer aux alentours de 20 % du PIB en 2024 au lieu de 20,5 % du PIB estimé pour 2023, en raison principalement de la baisse prévue de la charge de compensation qui devrait atteindre près de 1,2 % du PIB en 2024 (contre 2 % entre 2014 et 2022), tandis que les dépenses d’investissement devraient atteindre près de 6,6 % du PIB au lieu de 6,4 % en 2023. Les recettes ordinaires, quant à elles, devraient enregistrer une progression pour atteindre 21,8 % du PIB, suite à l’accroissement prévu des recettes fiscales et non fiscales.
L’État sera au cours de 2024 amené à faire face à la hausse des dépenses liées aux services de la dette. Le financement des besoins de l’État, en liaison avec le vaste programme d’aide sociale et les investissements en infrastructure, devrait nécessiter une mobilisation importante des ressources financières interne et externe, explique le HCP. Les charges en intérêts devraient avoisiner 38,8 milliards de dirhams (MMDH) en 2024, en hausse de plus de 12 MMDH par rapport à la moyenne de la période 2014-2022 et de 8 MMDH par rapport à l’année 2023, précise le Haut-Commissariat au plan.
La dette globale du Trésor devrait ainsi atteindre 72,4 % du PIB en 2024, soit 54,5 % du PIB pour la composante intérieure et 17,9 % du PIB pour celle extérieure. Tenant compte du ratio de la dette extérieure garantie à 12,8 % du PIB, la dette publique globale devrait atteindre 85,2 % du PIB en 2024 (1300 milliards de DH) au lieu de 85,6 % en 2023.
©️ Copyright Pulse Media. Tous droits réservés.
Reproduction et diffusions interdites (photocopies, intranet, web, messageries, newsletters, outils de veille) sans autorisation écrite.