La croissance à 2,9% au premier trimestre de 2024, les prévisions optimistes pour les mois à venir

L’économie nationale aurait progressé au premier trimestre 2024, en variation annuelle, indique le Haut-Commissariat au Plan (HCP) dans sa récente note de conjoncture. La croissance nationale, explique la même source a été dopée par les activités secondaires et tertiaires. Le recul de l’inflation, qui a atteint ses niveaux les plus bas au cours des derniers mois a également eu un impact positif.
Compte tenu des indicateurs collectés jusqu’à fin mars 2024, la croissance économique nationale se serait, ainsi, établie à 2,9 %, au premier trimestre 2024, soutenue par la progression de 4 % de la valeur ajoutée non-agricole. Bien que la poursuite du repli des activités agricoles devrait continuer à ralentir l’économie au deuxième trimestre également, une amélioration de la croissance est prévue.
Contribution négative de la demande extérieure
La contribution de la demande extérieure nette serait restée négative au premier trimestre 2024, s’élevant à -3,9 points, sous l’effet d’une hausse de 17,3 % du volume des importations nationales de biens et services et de 8,4 % de celui des exportations, en variations annuelles, fait savoir le HCP. En valeur, les exportations de biens se seraient améliorées de 6 % en variation annuelle, grâce à la bonne performance des expéditions de l’automobile, de l’aéronautique et de l’électrique. Les ventes extérieures des phosphates et dérivés auraient, pour leur part, concouru à l’amélioration des exportations globales, avec une contribution positive de 1,4 point, profitant d’un regain de demande étrangère.
Les importations de biens en valeur se seraient, quant à elles, légèrement repliées, sous l’effet du reflux des prix à l’import, particulièrement ceux des matières premières brutes. Le recul de la facture énergétique aurait, principalement, concerné les houilles, cokes et combustibles et les gaz de pétrole et autres hydrocarbures, alors que les achats de gasoils, de fuels, de lubrifiants et autres dérivés de pétrole auraient connu une augmentation. A l’inverse, les importations des biens de consommation et de celles des demi-produits, notamment les pièces détachées pour voitures et les médicaments, se seraient inscrites en hausse, suivies par celles des biens alimentaires particulièrement le blé, l’orge et les animaux vivants, dans un contexte de repli de la production agricole.
La hausse des exportations des biens, en valeur, et l’inflexion des importations se seraient traduites par un allègement du déficit de la balance commerciale des biens et auraient engendré une amélioration du taux de couverture, au premier trimestre 2024, de 4,7 points par rapport à la même période de 2023, pour atteindre 66,3 %.
Repli de l’activité agricole et résilience hors de l’agriculture
Les activités agricoles auraient connu une régression de 3,9 % au premier trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu d’une hausse de 6,9 % une année auparavant. Cette contreperformance aurait été attribuable aux conditions climatiques défavorables qui auraient entravé l’installation des cultures automnales et hivernales, alors que les superficies semées de céréales auraient reculé de 42,5 % par rapport à la moyenne quinquennale, et que les températures excessives enregistrées vers la mi-janvier 2024, conjuguées au déficit pluviométrique atteignant 46,2 % à fin février par rapport à la même période d’une saison normale, auraient impacté le développement de la plupart des cultures pendant leurs stades végétatifs précoces et avancés. Le retour des pluies au mois de mars, limitant le déficit pluviométrique depuis le début de la campagne agricole à 20,6 %, aurait cependant été bénéfique pour les rosacées et les maraichères de saison, mais n’aurait pas compensé les pertes enregistrées au niveau des cultures précoces.
Dans la filière animale, l’effort de reconstitution du cheptel, après le repli sensible enregistré pendant les trois dernières années, aurait été, également, compromis par la dégradation des parcours végétatifs et le déficit pluviométrique prolongé sur les cinq premiers mois de la campagne. La relance de la production locale de viande rouge aurait été différée et l'approvisionnement du marché local serait resté dopé, pour l’essentiel, par les importations de bovins et d'ovins. A l’inverse, les perspectives de croissance de la viande blanche se seraient relativement améliorées dans un contexte de repli du prix des aliments composés, en ligne avec la baisse du cours international du maïs de 35,5 % au premier trimestre 2024, au lieu de -2,4 % une année plus tôt, en variations annuelles. La production des viandes de poulet de chair se serait accrue de 2,5 %, en variation annuelle, au premier trimestre 2024, au lieu de +2,4 % la même période de l’année précédente.
La hausse de la valeur ajoutée du secteur secondaire aurait atteint 6,3 % au premier trimestre 2024, dopée par les effets d’entraînement du rebond technique des industries extractives sur les autres branches. En variation annuelle, la valeur ajoutée minière se serait accrue de 11,2 %, après -11,8 % une année plus tôt, tandis que l’industrie manufacturière aurait affiché une progression de 6,8 %, en variation annuelle, au premier trimestre de 2024. Pour ce qui en est de l’activité de la construction, celle-ci a renoué avec une croissance plus robuste au premier trimestre 2024, enregistrant une progression de 3,7 %, au lieu d’une baisse de 3,4 % durant la même période de l'année précédente. En revanche, l'activité de l'industrie agroalimentaire aurait poursuivi son déclin, bien qu’à un rythme moins prononcé que la période précédente (-2,2 %). L’industrie du textile aurait aussi maintenu sa trajectoire de baisse pour le troisième trimestre consécutif, en raison de la faible dynamique de ses ventes.
Dans les branches tertiaires, l’activité aurait retrouvé depuis la mi-2023 son régime de croissance modérée d’avant 2020, après la reprise vigoureuse qui avait marqué les trois dernières années. Les services aux entreprises auraient conservé de l’allant, dans le sillage du redressement des activités industrielles, mais les services liés aux particuliers et l’activité du commerce auraient connu une croissance modérée. Selon les dernières enquêtes de conjoncture, la tendance de la demande se serait maintenue à la hausse dans les services marchands non financiers, mais les commandes à passer au niveau du commerce de gros auraient ralenti, avec une augmentation des délais de paiement des clients et des fournisseurs. Dans l’ensemble, la valeur ajoutée des branches tertiaires se serait accrue de 3,1 % au premier trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de 5,4 % une année plus tôt.
L’inflation au plus bas, la demande intérieure se rétablit
Au premier trimestre de 2024, l’inflation a enregistré son niveau le plus bas depuis onze trimestres, s’établissant à 1,1 %, soit 2,7 points de moins qu’au trimestre précédent, indique le HCP. Cette détente des prix aurait résulté d’un ralentissement marqué des prix des produits alimentaires, refluant à 1,4 % sur un an, après avoir atteint 7,7 % un trimestre auparavant, et d’une moindre augmentation des prix des produits non-alimentaires, revenant à 0,9 % sur un an, contre 1 % enregistrée au quatrième trimestre 2023. Parallèlement, l'inflation sous-jacente, qui exclut les prix soumis à l’intervention de l’État et les produits à prix volatils, aurait connu une évolution semblable, mais à un rythme moindre comparativement à celui de l’inflation globale, atteignant 2,5 % au premier trimestre 2024, après 3,7 % un trimestre plus tôt, profitant de l’allègement des pressions inflationnistes dans l'alimentation (hors produits frais) et du recul des prix des produits manufacturés.
Sur fond de désinflation, la demande intérieure aurait ainsi confirmé sa reprise au premier trimestre 2024, contribuant pour 6,7 points à la croissance économique globale, au lieu de -0,1 point au même trimestre de l’année passée. La consommation des ménages se serait améliorée de 2,7 %, au lieu de +0,1 %, en variations annuelles, note le HCP. Cette augmentation, attribuable en partie à un effet de calendrier associé à l'augmentation des dépenses de consommation pendant et à la veille du mois de Ramadan, aurait bénéficié des gains du pouvoir d'achat liés au reflux de l'inflation. Elle aurait, principalement, profité aux produits alimentaires et aux produits finis de consommation importés. La consommation des administrations publiques se serait, pour sa part, accrue de 3,4 %, au lieu de +2,7 % au même trimestre de l’année précédente, en ligne avec l’accroissement des dépenses de fonctionnement.
A son tour, l’investissement aurait vu sa dynamique de croissance se poursuivre à un rythme soutenu pour le troisième trimestre consécutif, avec une hausse de 17,3 % de la formation brute de capital au cours des premiers trois mois de 2024. Les entreprises, bénéficiant d'une amélioration impulsée par l'inflation de leurs marges à la fin de 2023, auraient, également, renforcé leur recours à l'endettement bancaire pour financer leurs projets d’investissement. A fin février 2024, les crédits à l’équipement auraient enregistré une hausse de 10,8 %, en variation annuelle, au lieu de -4,6 % au cours de la même période de l’année passée. Les investissements dans le secteur de la construction auraient, également, été mieux orientés, grâce à l'impulsion des programmes publics relatifs à l’aménagement des stades pour la CAN 2025, à la reconstruction et la réhabilitation des zones touchées par le séisme d'El Haouz, ainsi que du programme d'aide à l'acquisition de logements, explique la même source.
Poursuite de la croissance au deuxième trimestre 2024
Les perspectives d’évolution de l’économie mondiale pour le deuxième trimestre 2024 laissent augurer une poursuite d’une croissance modérée aux alentours de 2,5 %. La demande étrangère adressée au Maroc s’améliorerait ainsi progressivement et les échanges extérieurs pèseraient moins lourdement sur la croissance économique nationale qu’au premier trimestre 2024, avec une contribution réduite à -3,1 points au lieu de -3,9 points le trimestre antérieur. Les exportations afficheraient une progression de 9,1 %, profitant du regain de la demande étrangère, principalement européenne. Parallèlement, les importations conserveraient une vive allure, affichant une progression de 14,3 %, sur fond d’alourdissement de la facture alimentaire et de la poursuite de la reprise de la demande d’équipement.
La demande intérieure resterait le socle de la croissance économique nationale au deuxième trimestre 2024. Les gains de pouvoir d’achat, permis par le reflux de l’inflation, et le recours intensifié à l’épargne soutiendraient une augmentation de 2,6 % de la consommation des ménages, alors que les dépenses d’investissement conserveraient leur dynamique grâce au renforcement des dépenses publiques. A l’inverse, les investissements des ménages en logement resteraient en reflux, dans un contexte de persistance des coûts élevés de crédit comparativement à la période d’avant 2022.
Dans ces conditions, la valeur ajoutée hors agriculture afficherait un accroissement de 3,7 %, en glissement annuel. Les branches secondaires poursuivraient leur regain au rythme de 5,3 %, grâce notamment à la poursuite du rétablissement des industries extractives et de la construction. La production manufacturière devrait demeurer bien orientée, profitant d’une demande extérieure plus vigoureuse pour les branches de la chimie et du matériel de transport. Le rythme de croissance de l’activité industrielle pourrait, néanmoins, s’infléchir comparativement au début de l’année, du fait de la faible dynamique du textile et de l’agroalimentaire. Quant aux services, leur rythme de croissance se maintiendrait aux environs de 3 %, tiré principalement par les activités de l’hébergement et des services non marchands.
Dans l’ensemble, et compte tenu d’une baisse de 4,1 % de la valeur ajoutée agricole, l’activité économique nationale afficherait une croissance de 2,7 %, au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle, au lieu de 2,3 % une année plus tôt.
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