Iran-Israël : l’escalade militaire s’enlise dans un cycle de représailles continues

Les tensions entre Téhéran et Tel-Aviv ont franchi un nouveau seuil, mardi 17 juin, avec la poursuite des frappes militaires réciproques entre les deux puissances rivales. La cinquième journée d’hostilités s’est soldée par de nouveaux bombardements israéliens en profondeur du territoire iranien, notamment dans la région de Téhéran, où l’armée israélienne affirme avoir détruit des installations de stockage de drones et des plateformes de lancement de missiles. Selon un communiqué des Forces de défense israéliennes (FDI), l’un des principaux chefs militaires iraniens, le général Ali Shadmani, chef d’état-major adjoint, aurait été tué lors de ces frappes ciblées.
Dans la capitale iranienne, plusieurs détonations ont été entendues dans les quartiers nord, ouest et centre de la ville, relayées par des journalistes de l’AFP et des médias locaux. À Ispahan, autre site stratégique du centre de l’Iran, des explosions ont également été signalées. L’armée israélienne indique avoir visé « des dizaines » d’objectifs dans l’ouest du pays, dans le cadre d’un effort intensifié contre les capacités balistiques iraniennes. La nuit précédente, les FDI avaient déjà frappé « des infrastructures de stockage et de lancement » de missiles sol-sol et sol-air, ainsi que des entrepôts de drones.
Une vingtaine de missiles tirés par l’Iran
En représailles, l’Iran a lancé près de 20 missiles sur différentes villes israéliennes, dont Tel-Aviv et des localités du nord du pays. Les sirènes d’alerte ont retenti à plusieurs reprises au cours de l’après-midi, et bien que la plupart des projectiles aient été interceptés, quatre personnes ont été blessées selon les premières estimations. Des impacts de missiles ou de débris ont été relevés dans plusieurs zones urbaines sans faire de victimes majeures, mais les autorités israéliennes maintiennent les mesures de précaution : interdiction des rassemblements, suspension des activités éducatives et arrêt des travaux non essentiels jusqu’au mercredi soir.
Dans un discours à forte teneur belliqueuse, le général iranien Abdolrahim Moussavi, chef d’état-major des forces armées, a exhorté les habitants de Haïfa et Tel-Aviv à évacuer immédiatement « pour leur propre sécurité », promettant des frappes punitives contre des cibles stratégiques israéliennes. Le Corps des gardiens de la révolution islamique a confirmé avoir ciblé des bases aériennes israéliennes, accusées d’abriter les avions utilisés pour les frappes contre l’Iran.
« Capitulation sans condition »
Sur le front diplomatique, les déclarations se sont multipliées. Le président américain Donald Trump, dans un ton provocateur, a appelé mardi soir à une « capitulation sans condition » de l’Iran, assurant ne pas vouloir « tuer le Guide suprême pour le moment » mais revendiquant le « contrôle total de l’espace aérien iranien ». Son vice-président, J. D. Vance, a annoncé sur X que des « mesures supplémentaires » pourraient être envisagées contre le programme nucléaire iranien. Le Pentagone, de son côté, a confirmé le redéploiement du porte-avions USS Nimitz dans la région, en appui aux forces israéliennes.
En Europe, le chancelier allemand Friedrich Merz a salué ce qu’il qualifie de « courage » d’Israël à faire « le sale boulot pour nous tous » face au « terrorisme du régime iranien », estimant que la structure du pouvoir iranien était désormais « considérablement affaiblie ». Une rhétorique guerrière partagée par le Premier ministre israélien Benyamin Nétanyahou, qui a affirmé que l’élimination de l’ayatollah Ali Khamenei mettrait « fin au conflit », tout en appelant le peuple iranien à se soulever contre ses dirigeants.
Cette spirale de violence a déjà des conséquences humanitaires. Plus de 700 ressortissants étrangers, issus d’une quinzaine de nationalités, ont été évacués d’Iran vers les pays voisins, principalement l’Azerbaïdjan et l’Arménie, ont annoncé mardi les autorités de Bakou et d’Erevan.
Alors que le spectre d’une guerre régionale totale s’approche dangereusement, aucun signal de désescalade n’a pour l’instant été émis. Le cycle des frappes et contre-frappes semble désormais ancré dans une logique de surenchère, aux conséquences potentiellement dévastatrices pour l’ensemble du Moyen-Orient.
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