Art À Marrakech, l’exposition de Mouhcine Rahaoui « Enfant des Mines », invite à une immersion dans les mines de Jerada
Situé en plein cœur du quartier Guéliz, le Comptoir des Mines organise du 8 octobre au 10 novembre prochain, une exposition individuelle de l’artiste Mouhcine Rahaoui, fièrement intitulée « Enfant des Mines ».
Diplômé de l’Institut National des Beaux-Arts de Tétouan en 2017, Mouhcine Rahaoui a grandi entouré des mineurs de Jerada, sa ville natale. Il puise son inspiration dans son vécu et crée avec des matériaux qu’il a longtemps observé dans les mines : charbon, cire blanche ou encore bougies …
Rahaoui met d’ailleurs souvent sa santé à l’épreuve, en manipulant des produits hautement toxiques tels que les Résines polyester, les fragments et poussières de charbon, et les cendres calcinées.
Dominées par une certaine lumière « souterraine », les créations de l’artiste donneront sans doute au spectateur l’impression de plonger dans ces mines qui renferment ses souvenirs et ceux des enfants des mines, qui ont façonné son engagement artistique.
Hicham Daoudi, fondateur du Comptoir des Mines, parle d'une « apparente filiation artistique » entre Mouhcine Rahaoui et le défunt Jilali Gharbaoui, autour de leurs premiers engagements respectifs pour ce qu’ils appellent « leur terre d’origine ».
À travers cette exposition, Mouhcine Rahaoui nous propose une immersion dans la peau des mineurs de Jerada. En effet, « son art se veut proche des mineurs et leurs gestes du quotidien. Son lexique artistique convoque la mythologie et les propos des travailleurs pour figer dans la cire leurs traces et leurs labeurs », fait-on savoir.
Chaque tableau est un pont vers un souvenir précis, car la forme pour lui est au service du sujet et chaque création est une incarnation d’un personnage, de bribes de souvenirs ou d’anecdotes.
Dans la série intitulée « Solidaires », le blanc des bougies fixées sur la surface plastique dans des lignes droites est souillé par le charbon. C’est une allusion aux mineurs qui s’apprêtent à plonger dans les mines avant le lever soleil, précise-t-on.
Dans la série « Lumière noire », les bougies fondues dans un mélange de cire et de charbon représente une forme d’appel de détresse des mineurs qui disparaissent au fond des mines, tout comme ces bougies qui semblent couler indéfiniment le long de la surface plastique.
Par ailleurs, « Confession d’amour » est l’œuvre la plus personnelle et la plus intime de l’artiste, remarque-t-on. Il s’agit d’une vidéo tournée en négatif qui représente les mains de la mère de l’artiste en train de pétrir une pâte à pain en racontant les péripéties tourmentées du quotidien dangereux de son mari, mineur retraité. Cette œuvre met non seulement en scène le quotidien accablant des mineurs, mais aussi les conséquences psychologiques de cette descente aux enfers.
À travers cette exposition, « Mouhcine nous interpelle pour nous demander de prêter attention aux « autres enfants des mines », qui alimentent douloureusement l’actualité ou nourrissent les flots de migrants », déclare Hicham Daoudi.
« Si lui a su emprunter une autre voie, il reste soucieux de ceux qui attendent et qui croient encore en une possible réouverture du complexe industriel. Il aspire à créer des projets culturels à Jerada, dont il veut nous rapprocher. Ce n’est pas « qu’une mine à l’abandon » mais un vivier de talents et de gens valeureux », poursuit-il.
Depuis 2018, Mouhcine Rahaoui a participé à plusieurs expositions et résidences artistiques à l’échelle nationale et a présenté trois expositions individuelles : Summer’s lab au Cube Independant Art Room à Rabat en 2020, « Labor isn’t destiny » à l’espace 18 Derb El ferran à Marrakech en 2019 et une double exposition individuelle avec l’artiste Sebastiao Catelo Lopes à la galerie Dasthe à Casablanca en 2018.
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