
Grand écran À Rabat, les films d’auteur se ramassent à la pelle
Qu’est-ce qu’un film d’auteur ? That is the question. Question sur laquelle quantité d’historiens et de critiques de cinéma se sont cassés les dents. Question à laquelle le Festival international du cinéma d’auteur de Rabat n’est, assurément, pas prêt de répondre.
La 21e édition du FICAR continue à entretenir la confusion. D’abord, en proposant — dans un désordre rare et une non sélection relevant, très involontairement, de la pure subversion — des dizaines de titres, allant — le plus classiquement du monde — de Zefirelli à Godard, en passant par un nombre invraisemblable de réalisateurs dont le nom n’est encore répertorié nulle part. Ensuite, en mélangeant allègrement courts et longs métrages de fiction, documentaires et autres docu-fictions, comme on dit maintenant.
Inutile de rechercher dans ce magma programmatique le moindre fil conducteur, encore moins l’ombre d’un soupçon de concept. Le meilleur y côtoie l’insignifiant.
Question subsidiaire : que fait donc, ici, le très sympathique — et par ailleurs grand succès populaire — L’Orchestre des aveugles, de Mouftakir ?
Allons ! Ne jouons pas les éternels rabat-joies. Par ces temps d’inculture cinéphilique chronique, le FICAR est une louable initiative. Trop vaut mieux que pas assez.
En faisant défiler, sous mes yeux, la « grille » proposée par le site officiel de l’événement, j’ai, certes, eu le tournis, mais néanmoins réussi à repérer au moins deux titres que je me permets de vous recommander.

Taxi Téhéran. De et avec Jafar Panali. Vous avez dû en entendre parler lorsqu’il a obtenu l’Ours d’or du meilleur film 2015. Un film iranien comme on les aime : poétique et elliptique. L’histoire d’un chauffeur de taxi qui, 82 minutes durant, discute avec ses clients successifs. Radioscopie subtile et contrastée d’une société bien plus complexe qu’il n’y parait. Le film est projeté le mercredi 3 février, au cinéma La Renaissance. Une occasion de (re)voir, si ce n’est déjà fait, cette très belle salle art-déco, joliment restaurée.

Quant à ceux — curieux mais trop jeunes — ayant, sans l’avoir vu, entendu parler d’un certain cinéma néoréaliste italien et ayant eu vent d’un certain écrivain-cinéaste de génie, nommé Pier Paolo Pasolini, je ne saurai trop conseiller de visionner — sur grand écran, qui plus est ! — ce pur chef-d’œuvre du genre qu’est Mamma Rosa, un film de 1962. Où la somptueuse Anna Magnani, drapée dans un de ces rôles de mère-courage méditerranéenne qui lui allaient tant, essaye de remettre dans le droit chemin son ragazzi de fils, joué par le très troublant Franco Citti. D’autant plus troublant que l’on sait que l’acteur — ramassé dans la rue par le réalisateur — était, à la ville comme à l’écran, le ragazzi (voyou traditionnel romain) privilégié de Pasolini. Mamma Rosa sera projeté le lundi 1er février, à la salle du septième art, à 21 heure.
Hasard du calendrier, Franco Citti vient de s’éteindre, ce jeudi 14 janvier, à 80 ans, après une carrière bien remplie.
Festival international du cinéma d’auteur de Rabat. Du 29 janvier au 5 février 2016. Cinéma La Renaissance, Théâtre Mohammed V et salle du Septième art.
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