
Expo L’étrange beauté des créatures négligemment brossées par Tallal
En 1967, lors de la première exposition parisienne de l’artiste, le critique d’art, Jean Bouret, écrivait dans les Lettres françaises : « Hossein Tallal est l’un des meilleurs peintres marocains qui soient (…) Les tableaux réunis, ici, sont d’une étrange beauté. Je ne sais pas pourquoi, il me font penser à William Blake. »
Comment se fait-il que cet artiste peintre marocain pionnier, dont l’œuvre singulière fut reconnue autant par les spécialistes que par ses pairs – il était l’ami et protégé du grand Cherkaoui –, est-il resté méconnu du grand public ?

Plusieurs raisons peuvent être avancées à cela. La première est, qu’au lendemain de l’indépendance, la figuration libre que Tallal s’est toujours obstiné à explorer ne correspondait pas à l’idéologie alors en vigueur dans les milieux artistiques et intellectuels du pays : l’œuvre de Tallal était – reste toujours – à mille lieux des questionnements à caractère identitaire et/ou révolutionnaire qui agitaient, alors, l’élite nationale.
La seconde raison est, qu’à partir de la moitié des années 1970, le phénomène Chaïbia a, inopinément, surgi, bouleversant non seulement le paysage plastique marocain, mais également toute la vie de Hossein Tallal, qui va, désormais, consacrer tout son temps et toute son énergie au service de la promotion de l’œuvre de sa géniale génitrice.

La dernière exposition de l’artiste datait de 2008. Elle nous avait proprement estomaqué – on dit bien « recevoir un coup dans le ventre » ! Avec une économie drastique de moyens – deux ou trois couleurs en acrylique, appliquées à grands coups de brosse –, Tallal offrait, à nos yeux émerveillés, des portraits de personnages imaginaires d’une poésie, d’un tragique et d’une véracité hallucinants.

De quelle mémoire, de quel inconscient, de quel univers rêvé ou reconstitué, proviennent ces visages carnavalesques et ces corps désarticulés ? Nul, pas même l’artiste ne le sait.
Les œuvres inaugurant actuellement Brane’s, la nouvelle galerie d’art r’batie dirigée par Mounia Bernoussi, sont du même acabit.
Juqu’au 20 janvier Brane’s Gallery. Rabat Agdal.
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