
Expo « Mare Nostrum », regard critique sur la Méditerranée
Depuis samedi 8 décembre, une exposition montée en marge de la signature du Pacte onusien sur les migrations, se tient au Comptoir des mines de Marrakech. Thème de l’événement qui devrait durer jusqu’au 9 février : Mare Nostrum, autrement dit la Méditerranée par laquelle passent et périssent plusieurs milliers de migrants chaque année. « Nous avons souhaité, à notre façon, aborder la délicate question de l'espace méditerranéen à travers le projet Mare Nostrum », explique Hicham Daoudi, véritable maître de cérémonie de l’exposition et patron des lieux où se tient la manifestation.
Ainsi, au sein de l’exposition, chaque artiste est invité à « aborder sans concertation des situations mêlant droits universels, l’Histoire, les contraintes physiques, les bagages et le naufrage », précise Hicham Daoudi, en préface du catalogue accompagnant l’exposition. Les présents pour l’événement sont notamment Mustapha Akrim, Mariam Abouzid Souali, Youness Atbane, Mahi Binebine, Hassan Bourkia, Simohammed Fettaka et Khalil Nemmaoui.
Clou du rendez-vous artistique, l’œuvre monumentale de la jeune Mariam Abouzid Souali. Native de Targuist et ayant grandi à Tétouan, l’artiste s’était précédemment fait remarquer avec son jeu d'échec géant et qui explorait déjà les relations entre pays du nord et du sud de la Méditerranée. Pour Mare Nostrum, Mariam Abouzid Souali a réalisé une toile peinte sur châssis, atteignant les dimensions avantageuses de 4,91 sur 7,16 mètres et qui fait directement allusion à la célèbre œuvre du français Théodore Géricault, Le Radeau de la Méduse aux mêmes dimensions que celle de la Rifaine.
Les deux œuvres représentent toutes les deux une scène de naufrage tragique captant les derniers moments de vie des passagers d'une embarcation de fortune qui chavire au gré des vagues. De l'œuvre de Géricault, Abouzid Souali s'en inspire allégrement, tout en ajoutant quelques touches contemporaines, à l'image des téléphones et des cassettes qui volent et des naufragés que l’on devine maghrébins et subsahariens.
Parmi les autres œuvres exposées, deux clichés de l’artiste-photographe Khalil Nemmaoui, représentant chacun un moment de la migration secrète et clandestine, à l’image d’un bateau en décomposition ou encore de plusieurs personnes d’origine subsahariennes transportant en catimini des équipements et se dirigeant vers la mer.

Au rendez-vous également, le travail de Mustapha Akrim, ayant choisi de dresser un écriteau où est indiqué en arabe un article de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme barré en rouge.

Une installation de Hassan Bourkia est également là pour rappeler les inconnus ont un nom, comme l’indique l’intitulé de l'œuvre de l'artiste. Représentés, des cages, des valises et des photographies, symboles de traces humaines de ceux ayant décidé de défier la Méditerranée.
Invité de surprise de dernière minute, Mahi Binebine qui a choisi de participer à l’événement avec deux de ses sculptures en bronze. La première, Le Migrant, un corps prolongé d’une valise, et la seconde, un corps enchaîné et coincé entre deux rives.
A lire dans le catalogue sobre et élégant, les textes des critiques Alexandre Colliex et Olivier Rachet et des journalistes Reda Zaireg et Soufiane Sbiti, convoqués tour à tour pour commenter les œuvres exposées.
Mare Nostrum, Exposition collective.
Mustapha Akrim , Mariam Abouzid Souali , Youness Atbane, Mahi Binebine, Hassan Bourkia, Simohammed Fettaka et Khalil Nemmaoui
Galerie Le Comptoir des Mines de Marrakech
Du 10 décembre 2018 au 9 Février 2019
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