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23.06.2016 à 20 H 16 • Mis à jour le 24.07.2016 à 22 H 47 • Temps de lecture : 5 minutes
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Rencontre Natasha Atlas avoue son addiction aux « pancakes carrés » du Maroc

Belgo-marocaine, anglo-orientale, la danseuse orientale aux chansons lascives dépasse en réalité ces clichés. On retiendra malgré tout qu’elle adore le msemen.

Sur scène ou ailleurs, Natasha Atlas ressemble à une femme prête à passer la moitié de sa journée à négocier le prix d’un pyjama dans une qisariya. Malgré ses origines multiples, sa gandoura bariolée, ses sabots confortables, ses bijoux imposants et ses cheveux montés en chignon négligé, la font passer pour la marocaine next door. On l’a découvert en 1998 grâce à sa chanson « Mon amie la rose  qu’elle a chanté de manière tellement lascive qu’on se souvient d’elle comme étant un cliché de danseuse orientale aux ambitions de chanteuse. Quand nous l’avons rencontrée, quelques heures avant son concert au Théâtre Mohammed V à Rabat dans le cadre du festival Mawazine, nous avons été honteusement surpris de découvrir une femme extrêmement brillante et très politisée.


Sur scène au théâtre Mohammed V de Rabat durant Mawazine. Courtesy YOUNESS HAMIDDINE

 

Quel est l’aspect le plus marocain de votre personnalité ?

Je dirai mon côté convivial. Quand j’avais dix ans, à Bruxelles, je me rendais dans les mariages marocains et ce dont je me rappelle le plus, ce sont toutes ces personnes qui voulaient juste passer un bon moment et danser. Et puis le rythme marocain est addictif et j’aime bien sa touche africaine. Oh ! Et aussi les pancakes carrés, j’adore ça ! Comment on les appelle déjà ?

.
Msemmen.

Voilà ! Merci.


Quand le public marocain vous a découvert, vous vous présentiez comme étant une artiste belge d’origine marocaine. Maintenant vous dites que vous êtes anglaise originaire du Moyen-Orient. Mais vous venez d’où au juste ?


Quand je vivais en Belgique (à Schaerbeek, la commune la plus marocaine de Bruxelles, ndlr), à l’époque où je faisais encore partie du groupe Transglobal Underground, j’étais submergée d’influences marocaines et même si j’adorais la musique, j’étais incapable d’apprendre la darija  l’arabe égyptien était plus facile pour moi. Mon grand-père est né en Alexandrie, ce qui fait que j’ai vraiment des racines égyptiennes. Mais quand je me suis penchée sur la généalogie de ma famille, j’ai découvert que j’ai des ancêtres marocains. Et même si je suis née en Belgique, j’ai grandi en Angleterre et j’ai vécu en Egypte. Donc, si je dois définir mes origines, il est plus logique pour moi de dire que je suis anglo-égyptienne.


Un bon nombre de vos chansons ont été utilisées comme bande son dans des films. Est-ce que vous faîtes exprès de composer des chansons qui sont adaptables au cinéma ?


Oui, car quand un réalisateur est intéressé par la musique d’un artiste, ce qui arrive souvent c’est qu’il lui demande d’allonger ou d’écourter la chanson de quelques minutes, de manière à ce que des parties bien spécifiques d’une chanson mettent en exergue les scènes choisies. Donc quand on est une musicienne qui aime entendre ses chansons dans des films, il est obligatoire de rester flexible dès les premiers stades de l’élaboration d’une chanson.


Lequel des films dans lesquels on entend votre musique est votre préféré ?


Il y a un film en particulier même s’il n’est pas très connu, The truth about Charlie , pour lequel j’ai chanté Zitherbell que j’ai écrite avec Andrew Cronshaw. J’ai également improvisé quelques vocalises dans le film Hulk , c’était très intéressant parce que le réalisateur voulait que je chante spontanément en regardant les scènes.


Vous êtes également très engagée politiquement, si bien qu’à un moment de votre carrière vous vous êtes autoproclamée « Bande de Gaza humaine ». Est-ce dû à vos origines multiples ?


Mes origines font partie des raisons pour lesquelles je suis très engagée politiquement. J’ai grandi au sein d’influences ethniques multiples, je pense que cela m’a rendue consciente que les différences et les problèmes sont créés par les personnes et cela me rend plus à même d’être affectée par ce qui se passe dans le monde.


Autre chose que le public marocain ignore de vous, c’est que vous êtes une fervente partisane du mouvement Zeitgeist. Qu’est-ce que vous avez pensé de toutes ces théories de complot quand vous avez regardé le documentaire éponyme pour la première fois ?


J’ai perdu ma mère en 2006, et j’ai regardé le premier documentaire en 2008. La première chose à laquelle j’ai pensé c’est ma mère, parce que ce mouvement parlait de choses qu’elle répétait depuis que j’avais sept ans  elle a toujours pensé que le capitalisme est notre principal problème car il divise le monde en créant des pénuries et, conséquemment, des personnes tellement voraces qu’elles se fichent du bien-être de la planète ou celui de leur prochain. Ma mère parlait constamment de cela. Après, je suis devenue fascinée par Peter Joseph (le réalisateur des documentaires et fondateur du mouvement, ndlr) qui est devenu par la suite un ami.


Ce mouvement remet en question la véracité des faits relatifs aux attentats du 11 septembre 2001. Vous n’avez jamais caché votre engagement, mais n’avez-vous pas eu peur que les médias vous ridiculisent comme ils ont fait à d’autres célébrités ?


Peut-être que ce n’était pas très intelligent de ma part d’avoir exprimée ouvertement ce que je pensais. Mais il faut avouer aussi que Peter Joseph pose les bonnes questions et c’est ce qui m’importe le plus.


Parlons maintenant d’Israël. Un jour vous boycottez, l’autre vous ne boycottez pas… Quelle est votre position actuelle là-dessus ?


La première fois que je suis partie en Israël c’était dans le cadre d’un projet que j’avais fait en collaboration avec un conservatoire de musique de la place, j’ai fait un concert pour lever des fonds pour l’établissement. Je voulais en profiter pour sensibiliser les Israéliens par rapport à la situation des Palestiniens et c’était beaucoup plus difficile que je ne l’imaginais. Ce qui se passe là-bas, c’est que les Israéliens subissent un isolement et un lavage de cerveau tels qu’il est très difficile de percer la bulle dans laquelle ils vivent. Je ne sais pas si je vais y retourner, parce que la situation a empiré depuis, mais pour l’instant je suis heureuse d’avoir touché les deux parties, israéliennes et palestinienne, à travers mes concerts.

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