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22.02.2019 à 13 H 03 • Mis à jour le 22.02.2019 à 13 H 03 • Temps de lecture : 4 minutes
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Expo «Poésies africaines», ce continent spleenien qu’on ne veut pas voir

Le Comptoir des Mines Galerie en association avec la seconde édition de la Foire d’Art Contemporain Africain 1-54 propose dans ses différents espaces, un ensemble d’expositions et de projets artistiques qui abordent les champs poétiques de la « mélancolie » ou du spleen de l’artiste africain, à partir du Maroc…

Tout n’est pas beau. Très souvent, quand on parle du continent africain, et sur la base d’essentialisation, on présente l’Afrique comme lieu de joie de vivre, de jovialité et de plaisirs. Le côté spleenien est rapidement effacé, en raison de considérations présentées comme objectives. « Ne pas montrer le mauvais côté, ne parler que du bon, ça fait vendre », pourrait lancer n’importe quel publicitaire de la place. L’exotisme des lieux nous pousse à oublier qu’une terre est avant tout un terrain où se meuvent histoires personnelles et collectives.


L’exposition Poésies africaines, menée par Hicham Daoudi, est justement là pour faire entendre un autre son de cloche. Le continent africain n’est pas seulement un condensé de bonne humeur, il est aussi terre de souffrances et de douleurs. Entre les murs du Comptoir des mines de Marrakech où se tient l’exposition organisée en partenariat avec la seconde édition de la Foire d'Art contemporain Africain 1-54, on la sent cette mélancolie. Présente au dédale de chaque œuvre exposée, elle est justement là pour nous rappeler ce que nous refusons de voir, l’héritage peu reluisant du colonialisme ou des torts passés, afin de mieux s’en défaire.


LARBI CHERKAOUI Rissala - Message, 2018 Installation Touches de claviers sur bois Edition 1/3 + EA 101 x 169 cm


Fait inédit, l’exposition permet aussi un dialogue intergénérationnel. À l’ancienne génération, représentée par des figures comme Mohammed Kacimi, on a trouvé pour compagnie la toute nouvelle, dont les fiers représentant peuvent tout aussi bien être Mustapha Akrim que Youness Atbane. Comme aux côtés des œuvres de Hassan Bourkia, on peut retrouver Simohammed Fettaka.


SIMOHAMMED FETTAKA Afrique, 2019 Peau de mouton teintée, découpée et collée sur panneau 345 x 203 cm


Ainsi, nombreux ont été sont ceux qui se sont pressés de découvrir ce nouveau regard sur nos anciennes souffrances. Pris au dépourvu, et alors que les visiteurs s’attendaient probablement à une envolée poétique, parsemée de béatitude, ils ont finalement eu droit à une dose de spleen.


MOHAMED AREJDAL Anatomie d’un voyageur, 2019 Installation murale Résine, fils de cuivre et fixateurs d'Hofmann 230 x 180 x 40 cm


Devenues incontournables, les photos de Khalil Nemmaoui sont là, dans le cadre de son projet Air Twelve Land où, mises en scène, des antiques R 12 affrontent la solitude dans un terrain dénué de présence humaine. Pourtant, comme le précise la critique d'art Salimata Diop dans le catalogue de l'exposition, c’est « la voiture devient sujet, l'artiste en peint le portrait, et c'est son histoire et le temps passé qui lui confèrent son immense valeur ». Comme un parfum de mélancolie lorsque, contemplant les différentes voitures, on en est à ressentir comme une forme de sympathie pour ces objets oubliés, d'un autre temps pas si lointain, et qui sont maintenant relégués au statut d'épaves vers lesquelles l'homme ne s'est finalement pas suffisamment attendri.


KHALIL NEMMAOUI Sans titre #11, 2018 Série Air Twelve Land Edition 1/3 + 1EA Tirage pigmentaire contrecollé sur dibond sous diasec 150 x 200 cm


Autre scène, autre ressenti. Dans l’univers de Youness Atbane, ce sont des questions qui sont posées, à l’image du retour des œuvres africaines exposées en Europe vers leur continent d’origine. Une installation de légos est là pour pointer la problématique, d’actualité et actuellement débattue au sein des milieux d’art africains et européens. Dans une note de présentation, l’artiste le précise d’ailleurs sans grande ambiguïté : « J’ai voulu réaliser une installation composée de 54 figurines de Légo en céramique posée sur un plateau pour représenter la carte de l’Afrique, les statues orientés vers le sud semblent prêtes à amorcer leur retour vers leurs terres d’origine », explique-t-il. Intitulée Musée abandonné, l’installation profite de l’occasion pour mettre la lumière sur cette volonté de « rapatriement » des œuvres d’art des pays d’Afrique subsaharienne, longtemps remise en cause par les musées européens.


YOUNESS ATBANE The Abandoned Museum (Untitled Africa), Maroc, 2019 54 + 5 Figurines de 19 cm de hauteur en céramique Edition 1/3 + 2 EA


Autant d'artistes venus converser, du 21 février au 22 avril, dans les lieux restaurés du Comptoir des mines. Avec cette remarquable prouesse du maître des lieux, Hicham Daoudi, de réussir à chaque fois à faire revivre les locaux de l’exposition d’une manière différente. Pour cette fois-ci, il a été question de l’Afrique. Et pour le dire clairement, le traitement du sujet s’est avéré bien inédit.


« Poésies africaines »

Du 21 février au 22 avril 2019

Mohamed Kacimi, Mustapha Akrim, Mohamed Arejdal, Youness Atbane, Hassan Bourkia, Larbi Cherkaoui, Simohammed Fettaka


Comptoir des mines Galerie

Angle rue de la liberté et rue de Yougoslavie,

Guéliz, Marrakech

Tel : +212 6 88 14 60 74

FB : Comptoir des mines galerie

Instagram : cm_galerie

www.comptoirdesminesgalerie.com

Lundi : 15h00 à 19h00

Du mardi au Samedi : 10h00 – 13h00 et 15h00 – 19h00

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