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26.07.2023 à 16 H 36 • Mis à jour le 26.07.2023 à 17 H 17

Violence en milieu scolaire : les données alarmantes du Conseil supérieur de l’Éducation

La violence demeure un phénomène préoccupant dans les écoles marocaines. Telle est la conclusion d’une récente étude menée par le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique et l’UNICEF. Voici les chiffres alarmants d’un fléau qui touche plus du tiers des élèves marocains



En milieu urbain comme rural, dans le public comme dans le privé, la violence touche une large tranche des élèves des différents niveaux scolaires. Elle est exercée par différents acteurs et prend plusieurs formes, avec comme résultat : des difficultés « majeures » entravant l'éducation, la promotion de l'individu et le développement de la société, alerte le Conseil supérieur de l’éducation, de la formation et de la recherche scientifique (CSEFRS).


Dans une récente étude menée en collaboration avec le Fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), le CSEFRS, expose les dimensions de la violence en milieu scolaire, un phénomène qui semble avoir la peau dure, malgré les efforts fournis pour l’éradiquer. L'évaluation, expliquent les auteurs de l’étude comprend « une enquête quantitative menée dans 260 établissements scolaires, avec la participation de 13 884 élèves, représentant les trois cycles de l'enseignement. Elle est complétée par une enquête qualitative menée dans 27 établissements  ».


Violence verbale … une pratique « banalisée » dans les écoles ?

La violence verbale et symbolique, révèle l’étude du CSEFRS, est courante, à tel point qu’elle est considérée par certains d’entre eux, notamment au niveau secondaire, comme une « une pratique quotidienne banalisée ». Le phénomène commence dès le primaire et touche « bon nombre des élèves », souligne-t-on. Plus précisément, un tiers des élèves du primaire et plus de la moitié des élèves du secondaire.


« Âne, ânesse, chauve, cafard, gros, grosse, abruti, paresseux, nègre, moche, paralytique… » semblent être des termes que ces élèves entendent souvent dans leurs établissements scolaires. Environ un élève sur dix au primaire affirme avoir été « souvent  » affublé d’un sobriquet (un surnom méchant ou méprisant et insultant). Par ailleurs, 11,7 % des élèves des établissements primaires ont déclaré avoir été « souvent » mis à l’écart, 11,1 % d’entre eux ont été insultés, alors que 36,3 % ont été victimes de moqueries.  S’agissant des raisons de ces violences, les élèves du primaire victimes des moqueries rapportent qu’« ils en ont fait les frais pour des raisons multiples liées, pour les plus fréquentes d’entre elles, au travail bien fait (9,8 %), à l’aspect physique (8,3 %) ou à leur coiffure (7 %) », explique la même source.


Et le phénomène ne s’atténue pas au secondaire. Bien au contraire, 55,9 % des élèves de ce cycle déclarent avoir été victime de moqueries.  Ceux-ci rapportent aussi avoir été ciblés, dans les établissements ou sur le chemin, par des insultes (12,4 %), affublés d’un sobriquet (12,7 %) et « assez souvent » mis à l’écart (14,8 %). Les garçons de ce cycle, note l’étude, « constituent le gros de la population des victimes à répétition  ». La grande majorité des insultes, moqueries ou humiliations sont en lien avec des traits personnels de la victime, comme l’aspect physique ou encore les capacités physiques et intellectuelles, précise l’étude. Celle-ci souligne aussi d’autres motifs en lien avec les parents, les origines sociales ou régionales et la situation financière.


Plus d’un quart des élèves victimes de violences physiques

Les violences dans le milieu scolaire ne s’arrêtent pas aux moqueries ou insultes. Les élèves se retrouvent même frappés, bousculés et attaqués dans leurs écoles. Selon l’enquête, 25,2 % des élèves du primaires ont été frappés et 28,5 % bousculés, dont 11,1 % déclarent avoir été frappés à quatre reprises ou plus depuis la rentrée scolaire et 10,6 % affirment avoir souvent été bousculés. « Les garçons sont davantage confrontés que les filles à la violence physique de manière répétée  », souligne aussi l’étude.


Et le phénomène prend encore de l’ampleur. 37,4 % des élèves de ce niveau déclarent avoir été bousculés et 25,3 % d’entre eux frappés. La même étude, note que 42,2 % des collégiens ont déclaré avoir été bousculés dans l’intention de leur faire mal et 29,9 % ont été frappés, contre respectivement 28,9 % et 17 % des lycéens. La fréquence de ces abus est plus élevé parmi les garçons que les filles, alors que « les bousculades dangereuses, dont la fréquence est « cinq fois et plus » sont nettement plus fréquentes dans le secteur public urbain (7,7 %) que dans rural (6,2 %) », ajoute la même source.


Les résultats de l’enquête ont aussi montré que 15,2 % des élèves du primaire ont affirmé avoir été harcelés dans leurs établissements scolaires. Parmi les élèves du primaire ayant affirmé avoir été harcelés, 34 % d’entre eux ont indiqué que ce harcèlement avait un caractère sexuel. La proportion des garçons, note l’étude, est plus importante que celle des filles : 37,9 % contre 30,3 % respectivement.


Vol, extorsion et vandalisme … des délits dans les écoles

Vols, extorsion, détérioration des objets d’autrui, voire vandalisme, semblent aussi être des pratiques « fréquentes » et même « banalisées » dans les établissements d’enseignement. Selon l’enquête du CSEFRS, 27,1 % des élèves du primaires se sont fait voler des affaires personnelles et 17,8 % d’entre eux ont même « fréquemment  » été victimes de vols. En plus, pour plus de 14 % d’entre eux, le vol s’est fait sous menace. Aussi, un tiers des élèves s’est dit être victime de détérioration de ses biens, dont 22,3 % « fréquemment ».


Dans les niveaux secondaires, ces types de violence sont encore plus fréquents. Globalement, 54 % des lycéens ont déclaré avoir été victimes de vol de leurs fournitures scolaires, 38,6 % d’entre eux ont subi le vol de leurs objets personnels et 21,5 % de ces élèves du secondaire étaient sujets du vol d’argent, indique l’étude. Les vols d’objets personnels touchent respectivement 38,8 % des collégiens et 38,4 % des lycéens, alors que les détériorations d’objets personnels touchent plus de 38 % des élèves des deux cycles. Les vols de fournitures scolaires sont les plus fréquents et les plus souvent répétés, il s’agit de 57,3 % des collégiens contre 47,8 % des lycéens qui ont affirmé ce constat. Par ailleurs, 24,2 % des collégiens contre 16,6 % des lycéens affirment avoir été victimes de vols d’argent, tandis que 11 % et 7,5 % ont été victimes de racket.


Un autre fait alarmant : 61,7 % des collégiens et 70,3 % des lycéens affirment avoir constaté, plus ou moins fréquemment, des actes de vandalisme perpétrés par les élèves eux-mêmes sur le matériel de l’école.


Cyberviolence, un phénomène de plus en plus prépondérant

L’avènement des nouvelles technologies, ainsi que la généralisation de l’accès à celles-ci ont donné naissance à une nouvelle forme de violence : la cyber violence. Et les établissements scolaires ne sont pas à l’abri. Selon l’étude du CSEFRS, « ce phénomène concerne désormais un nombre non négligeable d’élèves au Maroc  ».  En effet, un élève du primaire sur dix déclare avoir reçu des messages désagréables, méchants ou insultants sur internet ou par téléphone. Les élèves du primaire affirment également, « dans des proportions non négligeables », avoir été victimes de publications non souhaitées les concernant sur les réseaux sociaux (8,3 %) ou d’exclusion d’un groupe en ligne (7,6 %).


Dans les établissement d’enseignement secondaire, cette forme de violence est encore plus répandue. Les résultats de l’enquête révèlent que 22,1 % des élèves du secondaire déclarent avoir subi des injures et/ou des moqueries sur un réseau social au moins une fois. Ces élèves « seront vraisemblablement de plus en plus (victimes de la cyberviolence, ndlr), vu l’accès quasi-généralisé aux TIC », alerte, par ailleurs, le CSEFRS.


Enseignants, principaux auteurs des violences physiques ?

Alors que les élèves, et plus précisément les garçons sont responsables de la majorité des cas des violences verbales (moqueries, insultes, sobriquets …), les enseignants, révèle l’étude, sont les principaux auteurs des violences physiques au sein des établissements scolaires. 24 % des élèves punis dans les collèges et lycées privés indiquent avoir été frappés avec un instrument, contre 32,5 % de leurs camarades dans le secteur public. En outre, 12,7 % des élèves du privé contre 18,7 % du public ont déclaré avoir été giflés ou battus.


Ces violences sont généralement exercées sous forme de punition. Comme le souligne le rapport du CSEFRS, « certains enseignants estiment que la violence est nécessaire pour faire face à la violence des élèves ». Ainsi, malgré l’interdiction formelle du châtiment corporel, ce dernier demeure la troisième forme de punitions la plus répandue, avec environ 28 % des élèves du primaire ayant été frappés avec un instrument (une règle, une baguette, un tuyau, la chicotte, des fils électriques...). Environ 14 % de ceux-ci déclarent aussi s’être fait pincer, tirer les oreilles ou les cheveux et avoir reçu une gifle, une fessée ou un coup de pied.  Au secondaire, 24 % des élèves punis dans les collèges et lycées privés indiquent avoir été frappés avec un instrument, contre 32,5 % de leurs camarades dans le secteur public. En outre, 12,7 % des élèves du privé contre 18,7 % du public ont déclaré avoir été giflés ou battus.


Par ailleurs, un nombre « significatif  » d'élèves a également mentionné des enseignants comme auteurs du harcèlement sexuel. Au primaire, 6,9 % des élèves ont déclaré avoir subi un harcèlement sexuel de la part des enseignants, tandis qu'au secondaire, ce taux est d’environ 24,5 %.


Malgré tout, un climat scolaire « globalement positif »

 « Le climat scolaire est généralement perçu de manière positive par les élèves de tous les niveaux scolaires », soulignent les auteurs de l’étude. Au primaire, les résultats de l’enquête font ressortir que ce sont les modalités positives qui dominent très clairement au primaire puisque 84,4 % et 13,7 % se sentent respectivement, tout à fait bien et plutôt bien dans leur école. Par ailleurs, 70,2 % de ces élèves ont déclaré que l’ambiance à l’école était tout à fait bien, et seuls 2,1 % ont exprimé une mauvaise relation avec leur enseignant.


Néanmoins, cette perception semble se dégrader, au fil de la scolarité, pour atteindre un niveau très bas au secondaire qualifiant. « Les élèves du secondaire, même s’ils expriment en général une attitude favorable du bien-être, ils semblent moins l’apprécier que ceux du primaire  »,  note la même enquête, soulignant qu’ « il semblerait que plus on avance dans le cycle, plus le sentiment de bien-être diminue chez les élèves ».   En effet, au secondaire collégial 53,4 % et 39,2 % des élèves déclarent se sentir respectivement tout à fait bien et plutôt bien dans leurs collèges face à respectivement 28,9 % et 54,6 % de leurs camarades du secondaire qualifiant.  Et ce sont 45,3 % des élèves qui expriment une très bonne relation entre les élèves contre 34,7 % des lycéens, alors que 18,3 % des collégiens contre 31,1 % des lycéens ont révélé que les relations avec les enseignants n’ont pas été très bonnes ou pas bonnes du tout.

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