
Abdelouafi Laftit, ministre de l’Intérieur. AIC PRESS
L’Intérieur dément agir via les réseaux sociaux, des indices disent le contraire
Dans un communiqué diffusé via l’agence officielle MAP, le département de Abdelouafi Laftit constate la diffusion sur les applications de messagerie de type WhatsApp et sur les réseaux sociaux « d’informations erronées qui lui sont attribuées » et dément en être à l’origine. Et pourtant…
À l'origine
Le ministère de l'Intérieur affirme que « son interaction avec les différentes questions relevant de ses compétences s'effectue à travers les communiqués diffusés sur les canaux officiels qui leur sont réservés ».
Dans un communiqué, transmis mercredi à la MAP, le ministère précise que « la diffusion de ces communiqués ne s'opère, en aucun cas, à travers les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée ».
« Le ministère, qui constate la diffusion sur les applications de messagerie instantanée, les smartphones et les réseaux sociaux d'informations erronées qui lui sont attribuées, exhorte les citoyens à faire preuve de vigilance face aux informations attribuées à des parties officielles et véhiculées via les nouvelles technologies de la communication », ajoute le communiqué relayé par l’agence MAP.
Les détails
Dans un communiqué, transmis mercredi à la MAP, le ministère précise que « la diffusion de ces communiqués ne s'opère, en aucun cas, à travers les réseaux sociaux et les applications de messagerie instantanée ».
« Le ministère, qui constate la diffusion sur les applications de messagerie instantanée, les smartphones et les réseaux sociaux d'informations erronées qui lui sont attribuées, exhorte les citoyens à faire preuve de vigilance face aux informations attribuées à des parties officielles et véhiculées via les nouvelles technologies de la communication », ajoute le communiqué relayé par l’agence MAP.
Depuis l’arrestation de Nasser Zafzafi, des « robots » ont émergé notamment sur Twitter. Il se trouve pourtant que ces faux comptes sont pour certains d’entre eux les mêmes qui avaient servi à d’autres actions sur Internet attribuées à la propagande d’Etat.
Peut-on imaginer que les faux comptes Twitter qui ont servi par exemple à vendre l’image du Maroc à l’occasion de la COP 22 et aujourd’hui, après avoir été subitement réactivés, à charger le hirak ne soient pas diligentés par une officine étatique ? Difficile à croire le contraire.
Exemple de faux compte activé pour porter atteinte au père de Zafzafi. La même thématique a été servie par la presse proche des milieux sécuritaires
Ce n’est donc pas une nouveauté, mais c’est la première fois depuis leur première utilisation en 2013 dans le sillage de l’affaire Galvan que le ministère de l’Intérieur affirme officiellement n’en être pas à l’origine. Il n’avait pas réagi de la sorte à l’époque, ni lorsque la même technique a été utilisée dans le contexte de la mort de Mouhcine Fikri.
Fait remarquable, jamais jusqu’à très récemment ces messages ne s’identifiaient eux-mêmes comme provenant d’une source gouvernementale et encore moins du ministère de l’Intérieur. Mais depuis qu’ils ont été encore une fois très vite repérés sur la Toile, les comptes anonymes ont cessé de publier leurs messages. Et c’est à ce moment précis que d’autres messages, étonnamment explicites, ont fleuri, notamment sur WhatsApp déclarant être émis par l’Intérieur.
Un exemple de messages particulièrement alarmistes se déclarant du ministère de l'Intérieur émis quelques temps à peine avant le démenti...
Leurs commanditaires ont-ils (enfin) réalisé que ces pratiques étaient contre-productives ? Ont-ils alors décidé de saborder l'opération en faisant directement référence au ministère de l’intérieur pour mieux justifier par la suite un démenti qui n’a pas tardé à tomber ?
Les faits réels
Peut-on imaginer que les faux comptes Twitter qui ont servi par exemple à vendre l’image du Maroc à l’occasion de la COP 22 et aujourd’hui, après avoir été subitement réactivés, à charger le hirak ne soient pas diligentés par une officine étatique ? Difficile à croire le contraire.

Ce n’est donc pas une nouveauté, mais c’est la première fois depuis leur première utilisation en 2013 dans le sillage de l’affaire Galvan que le ministère de l’Intérieur affirme officiellement n’en être pas à l’origine. Il n’avait pas réagi de la sorte à l’époque, ni lorsque la même technique a été utilisée dans le contexte de la mort de Mouhcine Fikri.
Fait remarquable, jamais jusqu’à très récemment ces messages ne s’identifiaient eux-mêmes comme provenant d’une source gouvernementale et encore moins du ministère de l’Intérieur. Mais depuis qu’ils ont été encore une fois très vite repérés sur la Toile, les comptes anonymes ont cessé de publier leurs messages. Et c’est à ce moment précis que d’autres messages, étonnamment explicites, ont fleuri, notamment sur WhatsApp déclarant être émis par l’Intérieur.

Leurs commanditaires ont-ils (enfin) réalisé que ces pratiques étaient contre-productives ? Ont-ils alors décidé de saborder l'opération en faisant directement référence au ministère de l’intérieur pour mieux justifier par la suite un démenti qui n’a pas tardé à tomber ?
Difficile dans ces conditions particulièrement opaques d’atteindre totalement la vérité. Mais un grand nombre d’éléments formant faisceau d’indices sont là pour prendre le démenti pour ce qu’il est certainement en réalité : une démarcation des pratiques bel et bien utilisées à un moment ou un autre.
Il se peut aussi que certains messages aient pu être diffusés hors du contrôle de ceux qui ont fait de cet usage une arme massive de dé-crédibilisation. Lorsqu’on ouvre la boite de Pandore, la bête qui en surgit est souvent difficile à maîtriser…
Ce qui est par contre établi c’est que les médias qui sont les porte-voix d’attaques répétées contre tout ce qui déplait à l’Etat sont mis systématiquement à contribution pour relayer ce que diffusent ces « robots » anonymes et vice-versa. On ne peut imaginer, pour ne prendre que le cas le plus caricatural, que le site Telexpresse puisse s’adonner à cela sans qu’il en ait reçu commandite.
Autre indice qui a la solidité d’une preuve accablante, le témoignage de la mère de Nasser Zafzafi qui, lors d’une interview face caméra recueillie par le site H24Infos explique que lors de l’arrestation de son fils, le domicile familial a été perquisitionné et qu’une clé USB a été saisie. Or, c’est cette clé, affirme-t-elle, qui contenait les fameuses photographies de Zafzafi, dont celles prises en bateau et qui ont émergé sur les réseaux sociaux avec les commentaires anonymes que l’on sait.
Comment le département de Abdelouafi Laftit peut-il alors expliquer aujourd’hui à l’opinion publique que le contenu d’une pièce potentiellement à conviction saisie par la police dans le cadre d’une enquête judiciaire ait pu être éventé de la sorte en violation manifeste du secret de l'instruction en cours ?
Le verdict
Il se peut aussi que certains messages aient pu être diffusés hors du contrôle de ceux qui ont fait de cet usage une arme massive de dé-crédibilisation. Lorsqu’on ouvre la boite de Pandore, la bête qui en surgit est souvent difficile à maîtriser…
Ce qui est par contre établi c’est que les médias qui sont les porte-voix d’attaques répétées contre tout ce qui déplait à l’Etat sont mis systématiquement à contribution pour relayer ce que diffusent ces « robots » anonymes et vice-versa. On ne peut imaginer, pour ne prendre que le cas le plus caricatural, que le site Telexpresse puisse s’adonner à cela sans qu’il en ait reçu commandite.
Autre indice qui a la solidité d’une preuve accablante, le témoignage de la mère de Nasser Zafzafi qui, lors d’une interview face caméra recueillie par le site H24Infos explique que lors de l’arrestation de son fils, le domicile familial a été perquisitionné et qu’une clé USB a été saisie. Or, c’est cette clé, affirme-t-elle, qui contenait les fameuses photographies de Zafzafi, dont celles prises en bateau et qui ont émergé sur les réseaux sociaux avec les commentaires anonymes que l’on sait.
Comment le département de Abdelouafi Laftit peut-il alors expliquer aujourd’hui à l’opinion publique que le contenu d’une pièce potentiellement à conviction saisie par la police dans le cadre d’une enquête judiciaire ait pu être éventé de la sorte en violation manifeste du secret de l'instruction en cours ?
Par son communiqué, le ministère de l’Intérieur dément toute implication dans la spirale détestable des messages anonymes qui envahissent les réseaux sociaux à chaque poussée de fièvre contestataire. Soit. Mais les suspicions demeurent cependant fondées sur l’utilisation par certaines parties du pouvoir sécuritaire de ces méthodes. Des parlementaires ont requis des explications plus détaillées, Laftit fait la sourde oreille aux élus. Dans un Etat où les institutions électives et la Justice sont indépendantes du pouvoir exécutif, des enquêtes auraient été diligentées pour démêler le vrai du faux. Un simple communiqué ministériel rédigé en des termes généraux ne suffit pas. Il épaissit davantage le mystère et autorise tous les doutes.
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