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22.11.2021 à 11 H 53 • Mis à jour le 22.11.2021 à 11 H 53 • Temps de lecture : 3 minutes
Par
International

L’Égypte accusée de détourner l’aide militaire française pour cibler les trafiquants

Une enquête du média d’investigation français Disclose, publiée ce dimanche, affirme que l’Égypte utiliserait des renseignements français pour cibler des trafiquants à la frontière égypto-libyenne, contrairement à la lutte antiterroriste initialement prévue.


Selon Disclose, la mission de renseignement française, portant le nom de « Sirli », a débuté en février 2016 au profit de l’Égypte et au nom de la lutte contre le terrorisme. Elle aurait été détournée par l’Etat égyptien qui se servirait des informations collectées pour effectuer des frappes aériennes sur des véhicules de contrebandiers présumés.


« En principe, la mission (…) consiste à scruter le désert occidental pour y détecter d’éventuelles menaces terroristes venues de Libye », à l’aide d’un avion léger de surveillance et de reconnaissance (ALSR) loué à la Direction du renseignement militaire (DRM), affirme le média en ligne.


« Théoriquement, les données recueillies devraient faire l’objet de recoupements afin d’évaluer la réalité de la menace et l’identité des suspects. Mais très vite, les membres de l’équipe comprennent que les renseignements fournis aux Égyptiens sont utilisés pour tuer des civils soupçonnés de contrebande. Une dérive dont ils vont alerter leur hiérarchie à intervalles réguliers ». En vain, malgré plusieurs bavures sur le terrain, rapporte Disclose, qui avance en outre que « les forces françaises auraient été impliquées dans au moins 19 bombardements contre des civils, entre 2016 et 2018  ».


La France informée, pas de réaction de Paris

La DRM et l’armée de l’air se seraient alors inquiétés des dérives de l’opération, comme en témoigne une note transmise à la présidence française le 23 novembre 2017, citée par le média d’investigation : « Par manque de moyens de surveillance, l’identification des pick-up ne peut être effectuée sans autre élément d’appréciation que le survol initial dont ils ont fait l’objet. Aussi, l’identification de certains véhicules et les frappes d’interdiction qui en découlent pourraient être soumises à caution ».


Une autre note, en date du 22 janvier 2019, cette fois-ci à l’attention de la ministre des Armées Florence Parly avant une visite officielle en Égypte avec le président français Emmanuel Macron, signale « des cas avérés de destruction d’objectifs détectés par l’aéronef » français, et estime « important de rappeler au partenaire que l’ALSR n’est pas un outil de ciblage ». Pourtant, aucun accord ne sera signé et la mission ne sera pas remise en cause selon Disclose, qui affirme également que « l’armée française est toujours déployée dans le désert égyptien ».


Une enquête ouverte par la France

Suite à ces révélations, le ministère français des Armées a réagit dimanche soir : « L’Egypte est un partenaire de la France avec lequel – comme avec beaucoup d’autres pays – nous entretenons des relations dans le domaine du renseignement et de la lutte antiterroriste (…) au service de la sécurité régionale et de la protection des Français. Pour des raisons évidentes de sécurité et d’efficacité, nous ne communiquerons pas davantage sur la nature des dispositifs de coopération mis en œuvre dans ce domaine ». Le ministère a également assuré que Florence Parly, ministre française des Armées, avait « demandé qu’une enquête soit déclenchée sur les informations diffusées par Disclose ».


Malgré la volonté affichée de Paris de recentrer ses exportations d’armements vers l’Europe, l’Egypte fait partie des principaux destinataires d’équipements militaires français. Ces ventes se sont considérablement renforcées avec l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah al-Sissi en 2014, essentiellement entre 2014 et 2016 à la faveur de la vente de chasseurs Rafale, d’une frégate, de quatre corvettes et de deux porte-hélicoptères Mistral.


Le président Sissi a été reçu en décembre 2020 par Emmanuel Macron, qui lui a remis la grand-croix de la Légion d’honneur, la plus haute distinction honorifique française. Cette décision, dans un pays accusé par les ONG de bafouer les droits humains et d’utiliser des armements contre des civils, avait suscité des réactions outrées sur les réseaux sociaux, alors que l’Egypte est un pays clé de nombreux dossiers de la région.

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