La réélection de Brahim Ghali à la tête du Front Polisario reportée sur fond de dissensions internes

L’élection d’un secrétaire général du Front Polisario est reportée d’une semaine, a annoncé un porte-parole du mouvement séparatiste soutenu par Alger, quelques heures avant la clôture du 16e Congrès du Front qui, comme nous le rapportions précédemment, s’est ouvert vendredi dernier à Tindouf.
Le conclave des séparatistes organisé à Tindouf a ainsi été prolongé jusqu'à jeudi prochain, ce qui est interprété comme l'expression de l'absence de consensus parmi les plus de 2 300 délégués concernant la réélection de leur chef, Brahim Ghali, 73 ans.
Ce report s'accorde avec l'affaissement du soutien interne accordé à Ghali et la multiplication des dissensions parmi les membres du noyau dur du mouvement séparatiste. Le leader frontiste se présente d'ailleurs sans sérieux challenger à l’élection, après le désistement de Mustapha Bachir Sayed, ministre conseiller de la ‘RASD’ et le seul qui avait été perçu comme « plausible » dans les camps.
Sayed, figure écoutée par la jeunesse séparatiste est l’une des plus importantes voix critiques de l’establishment du Polisario. L’homme reproche notamment à Ghali l’échec, fin 2020, du blocus frontalier à Guerguerat : les Forces armées royales (FAR) ayant chassé les milices du Polisario de la zone et rétablit le trafic sur le corridor menant vers la Mauritanie.
Il n’est d'ailleurs pas le seul à être en désaccord avec le chef. En décembre, le représentant du Front à Bruxelles, Oubi Bouchraya Bachir a déposé sa démission, motivée par des « divergences profondes » avec Brahim Ghali sur « la vision et les méthodes ». Bachir - qui a également occupé plusieurs postes en Afrique du Sud, au Nigéria, à Londres, en Irlande, et à La Haye - a également annoncé qu’il ne briguera pas un autre mandat au sein du secrétariat du Polisario lors de ce congrès.
Reste pour l'instant, un autre candidat officiel à briguer le poste de secrétaire général : Bachir Mustafa. Tout comme Ghali, il s’agit d’un chef historique du mouvement et frère de son fondateur, El Ouali Mustafa. Actuellement, il occupe le poste de conseiller présidentiel.
Les congressistes se sont toutefois accordés unanimement sur la nécessité « d'intensifier » les hostilités contre le Maroc engagées depuis fin 2020 suite à la rupture unilatérale du cessez-le-feu.
La lutte actuelle pour le pouvoir au sein d’une organisation déclinante s'inscrit dans un contexte de mécontentement des nouvelles générations élevées dans les camps algériens en raison du manque de renouvellement interne de la direction du Polisario. Les statuts de l'organisation établissent deux exigences qui empêchent la promotion d'une nouvelle élite de dirigeants : être âgé de plus de 40 ans et bénéficier d'une expérience militaire. Justement, la réforme du statut intérieur est l'une des raisons qui aurait conduit à prolonger le congrès, selon des sources proches du mouvement, citées par la presse espagnole.
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