Pêche illégale: une ONG révèle l’utilisation persistante de filets dérivants au large du Maroc
La Environmental Justice Foundation (EJF) vient de publier une nouvelle enquête, dans laquelle elle décrit l'utilisation persistante de filets dérivants illégaux par des navires marocains, dans la mer d'Alboran. « Cette pêche aveugle et destructrice constitue une menace sérieuse pour la faune sauvage vulnérable et viole de nombreuses lois sur la pêche », affirme l'ONG.
La mer d'Alboran représente pourtant un lieu essentiel pour la biodiversité méditerranéenne, où vivent certaines « des espèces marines les plus vulnérables de la planète », explique EFJ. L'espadon particulièrement, en voie de disparition, subit cette pêche illégale. La demande européenne en est la principale raison selon Jesus Urios Culiañez, chargé de campagne pour les océans à l’EJF. « En 2022, le Maroc s'est classé au quatrième rang des fournisseurs de produits de la pêche de l'UE », rappelle l'organisation. L'Espagne représente 79 % des exportations marocaines d'espadon, avant de le réexporter dans l'UE, notamment l'Italie. Mais d'autres espèces sont piégées dans ces filets, comme les baleines, les tortues de mers et des requins, qui sont des espèces menacées.
Une fois étendus sur des kilomètres, ces filets capturent de nombreuses espèces sur leur passage. Quand ils sont abandonnés ou perdus, ces filets en nylon polluent et tuent la biodiversité marine. À l’échelle internationale, régionale et marocaine, des lois interdisent l’utilisation de ces filets dérivants. Le Maroc a pris la décision de les interdire en 2010.
Pourtant, l'enquête de l'EJF révèle que cette pratique se poursuit et qu'elle serait même en augmentation, notamment après l'observation de la présence de filets dans les parts marocains, et des navires actifs dans les eaux marocaines et espagnoles. Initialement, les gros bateaux industriels utilisaient cette technique, mais aujourd'hui ce sont davantage des petits bateaux en bois, qui ne subissent aucun contrôle. Pourtant, des efforts mondiaux mis en place pour interdire ces filets dérivants ont commencé depuis les années 1990.
L'utilisation de ces filets illégaux aurait plus que doublé, « passant de 370 navires en 2004 à 846 en 2024. Cela menace la riche biodiversité marine de la mer d’Alboran et pourrait compromettre les efforts plus vastes de sauvegarde de la biodiversité et des pêcheries méditerranéennes, notamment ceux du Maroc », indique Steve Trent, PDG et fondateur de l’EJF. L'ONG demande alors une surveillance accrue du royaume sur ces activités illégales, et une aide pour les pêcheurs dans l'abandon des filets dérivants d'ici fin 2025, avec l'aide de l'UE. EJF requiert aussi une plus grande inspection des importations des produits de la pêche, de la part de l'UE et de ses États membres, notamment l'Espagne et l'Italie.
Dans cette enquête, l'ONG partage aussi le besoin des pêcheurs marocains à un soutien gouvernemental pour passer à de nouvelles alternatives aux filets dérivants. Accompagnés de la société civile, ils appellent aussi au dialogue direct avec les autorités, pour exprimer « leurs préoccupations et de partager des informations essentielles pour faciliter la transition vers l’abandon de la pêche au filet dérivant », conclut EJF.
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