
C’était probablement le premier défi du plan de réhabilitation. Il a fallu deux ans pour refaire tout le réseau d’assainissement, de l’eau potable, l’électricité, la téléphonie et l’éclairage public avec l’installation de 1 440 points lumineux et 75 lampadaires sur poteaux. Par ailleurs, les murs et les antiques portes de la médina qui ceinturent les 40 hectares de la médina, comme El Bab Lekbir, Bab Rha, Bab Marrakech et El Bab Jdid, ont été restaurés. De son côté, le comité de pilotage a exhumé les plans des anciens lieux de culte, ceux de la première poste de la ville, des anciens consulats… pour répertorier les édifices historiques tombés dans l’oubli et les restaurer à l’identique.Première étape de cette réhabilitation à pas forcés, les infrastructures de base et l'hygiène des quartiers. Ici une rue passante repavée et ravalée. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK

Dar Al-Ittihad (Maison de l'Union) est le premier lieu qui a servi de quartier général casablancais aux premiers résidents généraux, dont principalement le Maréchal Hubert Lyautey, concepteur de la ville moderne. A l'indépendance, Mohammed V l'a offert à l’UMT pour en faire son premier siège. Au fil des années, il est devenu un lieu de formation des cadres du syndicat. Ayant l’allure de forteresse, ses murs ont été abattus pour les remplacer par des grilles pour rendre le lieu et son splendide jardin, accessible à la vue des passants. Une façon de sensibiliser les habitants pour qu’ils s’approprient l’espace où ils vivent. Enfin, le comité de pilotage a obtenu de l’UMT que l'édifice accueille également des activités culturelles.


Construit en 1902, l’ancien consulat d’Allemagne se trouvant sur la place de Belgique a été réhabilité et sert actuellement de locaux pour une école. A proximité, se trouvaient les consulats de Belgique et d’Espagne, devenus depuis des habitations. Située au cœur du centre-ville, la médina souffre d’une grande pression démographique, devenue au fil des années, le point de chute des personnes arrivant à Casablanca suite aux vagues successives d'exode rural. Résultat : les maisons unifamiliales ont été fractionnées pour être louées à la découpe, parfois pièce par pièce. Pire, certains marchands de sommeil louent des lits à des prix parfois dépassant les 1 000 dirhams par mois. L’explosion de la demande a poussé certains propriétaires véreux à surélever illégalement des maisons souvent en ruine, provoquant plusieurs écroulements et faisant nombre de victimes. Pour le moment, toutes les maisons menaçant ruine ont été répertoriées, mais le relogement des habitants pose encore un grand problème.


C’est l’un des plus grands acquis de ce projet à savoir la reconstruction du Centre de santé 9-Juillet qui n’était qu’un modeste dispensaire. Il disposera d'unités de médecine générale, de santé "mère-enfant", de médecine dentaire, d'ophtalmologie et de diagnostic des maladies rénales. Il n’attend que son inauguration par le roi. L’autre grand acquis pour les jeunes c’est la Maison de la culture de la médina. A l’origine, l’édifice était une église espagnole bâtie sur un lopin de terre offert par le sultan Moulay Hassan 1er au roi Alphonse XII à la fin du 19ème siècle. Pendant des années, elle s'est transformée en squat avant d’être rénovée à l’identique. Au final, le lieu a été cédé par l’ambassade d'Espagne à la ville de Casablanca. C’est également l’une des réussites de la réhabilitation puisque ce centre social dispose d’une salle de spectacle, de sport et d’apprentissage et initiation à plusieurs métiers. Ce centre a été pensé pour que les jeunes de la médina puissent s’y marier pour un prix accessible et pour que les enfants y pratiquent du sport. Seul bémol, la gestion de ce centre est partagée entre quatre ministères au lieu de le confier à une association avec un cahier des charges précis et moins de bureaucratie. Le mausolée de Sidi Allal El Karouani a toujours été au cœur de la spiritualité dans la médina. Au début du siècle, les voyageurs de passage dans la région de Casablanca, installaient des tentes dans un espace à côté du mausolée et profitaient de quelques jours de repos pour se recueillir auprès de la tombe du saint-homme. Malheureusement, la transformation de la Skala en lieu touristique a grignoté beaucoup d’espace au point de cacher le mausolée. Par ailleurs, la médina regorge de plusieurs tombeaux de saints et de saintes, comme celui de Lalla Taja, sans oublier des lieux occupés par différents courants soufis comme les zaouïas qadiria et darkaouia. Jusqu'à aujourd’hui, des veillées spirituelles se tiennent dans ces zaouïas particulièrement durant le mois du ramadan et lors des fêtes religieuses. Avant l'édification du Casablanca européen, une forte communauté israélite habitait la médina et disposait de ses lieux de culte. Parmi eux, la synagogue Ettedghi qui a été restaurée de fond en comble. En plus de rendre visible la synagogue de l’extérieur en démolissant le mur qui l’entoure, la synagogue a été restaurée. Elle devra servir d’annexe au musée du judaïsme marocain de Casablanca. Arsat Zerktouni est l’unique espace vert de la médina qui, de l'humble avis de Tangi, n’a pas été bien pensé puisque son aménagement ne prend pas en considération le fait de réserver des lieux pour les activités sportives ainsi que des espaces aménagés pour les personnes du troisième âge. Constituant la façade maritime de la médina, cet espace est à un jet de pierre de la nouvelle marina et du pôle des affaires en construction. D’ici peu, deux mondes vont devoir coexister : l’aménagement du port de Casablanca qui accueillera des navires de croisière, aura des retombées certaines sur la médina désormais englobée dans le circuit touristique de la ville, et le quartier des affaires en construction qui va générer de l'emploi aux habitants souffrant de chômage. Tout cela dépendra du bouclage dans les temps et dans les normes de ce plan qui fera de nouveau de la médina le cœur de Casablanca. Le centre social dispose d’une salle de spectacle, de sport et d’apprentissage et initiation à plusieurs métiers. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK
Le mausolée de Sidi Allal El Karouani en travaux. Un haut-lieu de spiritualité bientôt rendu au public. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK
La synagogue Ettedghi. Son mur d'enceinte qui l'étouffait a été abattu pour en faire une annexe du musée juif de Casablanca. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK
Le jardin de la médina, Arsat Zerktouni. La placette a été repavée pour servir de lieu de jonction avec la marina, nouveau lieu de loisirs et d'affaires de Casablanca. MOHAMED DRISSI KAMILI / LE DESK
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