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20.07.2016 à 15 H 36 • Mis à jour le 25.07.2016 à 03 H 03
Par
Politique

La guerre larvée entre Benkirane et El Omari, théâtre de fin de législature

Ilyas El Omari, SG du PAM accueillant en sa qualité de Président de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, le prince Moulay Rachid lors de l’inauguration de la MedCop22, le 16 juillet 2016 à Tanger. MAP
L’absence du Chef du gouvernement à la MedCop22 de Tanger a fait les choux gras de la presse ce matin. Un épisode supplémentaire de la bataille d’image que se livrent les deux futures têtes d’affiche du scrutin d’octobre.

A trois mois du scrutin législatif, au sein des écuries partisanes, on parle si peu des programmes électoraux, la torpeur estivale faisant rallonge à celle du ramadan. Mais l’ambiance caniculaire est cependant animée en coulisses par la rivalité de plus en plus piquante qu’entretiennent le Chef du gouvernement et son challenger désigné au sein du PAM, Ilyas El Omari.


De son fief du nord, le remuant rifain démontre jour après jour un appétit insatiable à se mettre sous les feux de la rampe. Son objectif est sur toutes les lèvres : se tailler un costume d’homme d’Etat avant la grande bataille d’octobre. Avant-hier à Tanger, il était, dans l’ombre du prince Moulay Rachid, le maître de cérémonie de la MedCop22, répétition grandeur nature de la grand-messe écologique que le Maroc prépare pour l’automne à Marrakech. Un événement qui a vu la participation de centaines de personnalités et d’invités de marque du royaume. Pourtant, le Chef du gouvernement l’a boudé, faisant ce matin les choux gras de la presse quotidienne.


Akhbar Al Yaoum, dont on connaît les affinités avec le PJD, minimise l’absence de Benkirane, justifiée par sa présence aux funérailles du fils de Abdelouahed El Ansari, l'un des hommes forts de l’Istiqlal et bâtonnier du barreau de Meknès. Une sollicitude dont on devine en toile de fond la préférence accordée à son nouvel allié politique, avec qui il partage le sentiment que l’Etat profond joue des coudes pour baliser le terrain au PAM. Interrogé, le Chef du gouvernement s'étonne même que « l’on en fasse toute une histoire », avant d’affirmer, narquois : « Je pense tout de même avoir la possibilité de refuser ou non une invitation. »

 

Benkirane, fin tacticien d’image

Benkirane reconnaît, non sans malice, avoir été invité, mais « quatre jours avant l’événement », estimant que « sa présence pourrait être mal interprétée et que cela pourrait aussi donner lieu à un amalgame politique dont les deux partis n'ont pas besoin ». En clair, il ne semble pas avoir goûté à un carton reçu à la veille de l’événement et s’est abstenu de jouer les seconds rôles. Pour lui, la présence de cadors du PJD, comme Aziz Rabbah, le ministre des Transports, d’El Bachir Abdellaoui, le maire de Tanger et de Mohammed Belkayed, maire de Marrakech, suffisent à nier tout boycott. En fin tacticien d’image, il laisse ainsi entendre qu’en terme de casting, ses poulains suffisent pour sa représentation loin de Rabat.


Et pour enfoncer le clou, en se gardant bien de froisser le Palais, il avoue qu’il n’a pas été informé de la présence du prince Moulay Rachid, ni que l’on allait donner lecture d’une lettre royale. « Si le roi m’avait demandé d'y assister, j’y aurais assisté sans aucun doute, alors que dans ce cas, il s’agit juste d’une invitation d’un président d'une région », a-t-il ajouté, renvoyant El Omari à son statut de subalterne.


Ilyas El Omari n’a sans doute pas prié le Chef du gouvernement, préférant de son côté maîtriser son sujet pour décocher ensuite quelques flèches assassines. Pour preuve, Akhir Sâa, titre phare de sa galaxie médiatique, le canarde copieusement dans son édition de ce matin, titrant sur la « préférence du Chef du gouvernement à se présenter aux funérailles du fils de Abdelouahed El Ansari, en compagnie de Nabil Benabdallah et de Mustapha Ramid, que d'assister à un événement sous le haut patronage du roi et sous la présidence du prince, qui a connu de surcroît, la lecture d’une lettre royale. » Un statut de dissident que lui accole aussi Assabah, l’accusant d’avoir « privilégié ses calculs politiques », énumérant lui aussi, la liste des sacrilèges commis à l’endroit de la monarchie.


Le jeu de l'évitement calculé

Même son cloche du côté d’Al Ahdate Al Maghribya, le quotidien proche du Renseignement extérieur, qui accuse Benkirane de « mêler son combat politique avec le PAM aux activités officielles de l'Etat. ». Al Akhbar de Rachid Nini va plus loin et fait même raccourci pour le pilonner, parlant « d’un fait sans précédent » : « le Chef du gouvernement boycotte la lettre royale de la MedCop. »

 

Il faut dire que ce n’est pas la première fois que Benkirane joue l’évitement calculé avec ses adversaires politiques. Début juin, invité au meeting parlementaire des régions organisé par la Chambre des conseillers, il avait refusé d’y prendre part. Selon des sources parlementaires proches du PJD consultées à l’époque par Le Desk, le conclave avait été considéré au sein du parti comme étant organisé par la formation rivale d’Ilyas El Omari « pour promouvoir sa vision de la régionalisation (…) la présidence de la Chambre des conseillers présidée par le pamiste Hakim Benchamach n’étant qu’une façade ». Benkirane et ses ministres l’avaient alors formellement boycotté, refusant même de prononcer le discours d’ouverture pourtant prévu par le programme publié sur le site du Parlement.

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