Le wali de Marrakech invalide la candidature du salafiste Hammad Kabbadj, candidat du PJD
La candidature du salafiste Hammad Kabbadj candidat du PJD à Marrakech-Guéliz a été invalidée par le wali de Marrakech Abdelfattah Labjioui, comme l'a annoncé ce matin Kabbadj lui-même sur sa page Facebook.
Le wali a justifié sa décision dans un courrier adressé au concerné rappelant que suite à une enquête administrative, il a été constaté que le candidat aux législatives d’octobre a exprimé à maintes reprises « des positions contraires aux principes de base de la démocratie », et a tenu en public « des propos extrémistes incitant à la discrimination, à la haine et la violence dans la société ». Le salafiste, rallié au PJD, avait notamment diffusé des messages sur les réseaux sociaux appelant à la violence contre les Juifs.
صح عن النبي صلى الله عليه وسلم أن المسلمين سيقاتلون يهود ويهزموهم لدرجة أن اليهودي يهرب ويختبئ .. فيقول له الحجر : ها هو خلفي؛ اقتله
&mdash ذ. حماد القباج (@KabbadjM) October 13, 2015
En réponse, Kabbadj a publié très tôt ce matin sur sa page Facebook une lettre ouverte au roi Mohammed VI dans laquelle il considère que son invalidation est « une injustice ». Il y a réaffirmé « son attachement aux constantes du royaume » et espère une intervention royale en sa faveur.
Un refus de recourir à la justice
Contre toute attente, Kabbadj a affirmé ne pas vouloir saisir la justice pour contester la décision du ministère de l’Intérieur, justifiant sa démarche par le fait que « ceux qui ont donné de fausses informations au wali de Marrakech feront de même devant la justice ». Une attitude qui pose cependant la question du déni des institutions par un candidat qui se présente comme candidat à des élections, mais qui reflète en réalité une culture de la salafiya traditionnelle dont Kabbadj ne s'est manifestement pas départi.
Figure très controversée en raison de ses déclarations, Hammad Kabbadj est depuis l’annonce de sa candidature sous les couleurs du PJD dans la circonscription de Marrakech-Guéliz l’objet d’un feu roulant de critiques, parfois montées en épingle, faisant état d'un sentiment d'inquiétude d’acteurs de la société civile alimenté par des articles de presse résolument à charge. Pourtant, lorsque Kabbadj avait fait campagne en faveur de la nouvelle Constitution de 2011 aux côtés du cheikh salafiste Mohamed Ben Abderrahman Al Maghraoui, aucune voix ne s'était élevée pour pointer son radicalisme...
Son cas, largement médiatisé à l’international, a occasionné par ailleurs une gène perceptible des représentants de l’Etat faisant la promotion de « l’islam tolérant prôné au Maroc » sur la base du discours royal du 20 août. Exemple parmi d’autres, celui de la télévision belge qui a récemment demandé au ministre en charge des Marocains résidents à l’étranger, Anis Birou, de commenter une vidéo de Kabbadj appelant « à l’extermination des juifs » et pour laquelle il est resté quasiment sans voix.
Le PJD évoque un abus de pouvoir
Auprès du PJD, la défense de Kabbadj se déporte sur le terrain politique, évoquant encore une fois le « tahakoum », et faisant valoir que leur candidat « s’est amendé » et que « ses prises de positions critiquables ne sont désormais plus d’actualité ». Ce que ses détracteurs mettent en doute, jugeant « opportunistes et peu sincères » ses récentes déclarations faites à la presse, notamment dans l’interview qu’il a accordée à L’Economiste.
« Le PJD estime que la décision du wali est un abus de pouvoir dans une tentative de se substituer à la justice pour condamner un citoyen innocent » a déclaré au Desk, Ibrahim Bouhanch, membre du bureau provincial du PJD à Marrakech et responsable des candidatures du parti dans la région. Pour lui, « la procédure d’invalidation ne prévoit pas qu’une autorité administrative puisse considérer de tels arguments pour faire barrage à un candidat (…) C’est faire fi du rôle du législateur en la matière ».
Selon les sources du Desk, le secrétariat du PJD s'est réuni hier dans l'urgence pour statuer sur le cas de leur candidat déchu. Un communiqué du parti de la lampe sera diffusé dans quelques heures en réponse à cette destitution.
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