Union africaine : le Maroc siègera bien aux côtés de la RASD
L’Union africaine vient d’annoncer que le Maroc a officiellement déposé ce jeudi à Addis Abéba sa demande d’adhésion à l’organisation continentale. Une demande confirmée à New York par le conseiller royal Taieb Fassi-Fihri à la présidente de la Commission de l’UA, Nkosazana Dlamini Zuma, en marge de la 71e session de l’Assemblée générale de l’ONU.
« Accusant réception du document, la présidente a affirmé à l’émissaire que la procédure normale sera suivie, notamment en informant officiellement les États membres conformément aux dispositions de l’Acte constitutif de l’Union africaine. Le Royaume du Maroc sera officiellement informé des conclusions de la procédure », indique un communiqué de l’UA.
Une majorité simple (28 Etats membres) est suffisante pour que cette demande soit acceptée, une formalité au vu des soutiens reçus par le royaume à l’issue du 27e sommet de l’UA tenu à Kigali en juillet dernier. La décision pourrait être entérinée à l’occasion du prochain sommet d’Addis-Abéba en janvier prochain, qui verra également l’élection du remplaçant de la Sud-africaine Nkosazana Dlamini Zuma, fervente supporter du Polisario, à la tête de la Commission de l’UA.
Pas d'exclusion de la RASD en perspective
Pour autant, la demande marocaine d’adhésion n’est assortie d’aucune conditionnalité visant à geler ou exclure la RASD de l’UA. L’acte constitutif de l’Union africaine ne prévoit la suspension d’un Etat membre qu’en cas de coup d’état. Le royaume aurait donc besoin au minimum d’une majorité des 2/3 (36 Etats membres) pour réformer les statuts de l’UA et y inclure une mesure spécifique à la RASD.
Mais même une telle mesure devrait être motivée légalement, estime le think tank ISS Africa, qui ajoute que sur le plan politique, l’absence de consensus – au vu de la forte opposition de l’Algérie et de l’Afrique du sud, deux poids lourds du continent – serait « très dangereux » et risquerait d’amplifier les divisions au sein de l’organisation, qui a besoin au contraire d’unifier ses positions pour peser davantage sur la scène internationale.
La décision de plusieurs pays africains de geler leur reconnaissance de la RASD doit par ailleurs être comprise à la fois comme une volonté de développer les relations bilatérales avec le Maroc et de participer à la relance du processus de négociations, à travers une position plus balancée, mais pas forcement comme une reconnaissance de la souveraineté marocaine du territoire, le droit à l’autodétermination étant un principe auquel les pays africains restent majoritairement attachés.
Certains pays signataires de la « motion de Kigali », qui demandait le retour du Maroc au sein de l’UA et la suspension de la RASD, ont depuis reçu des émissaires du Polisario, comme le Cap-Vert et le Ghana, sans que le contenu des échanges n’ait été rendu public. La vaste offensive diplomatique du Maroc à l’échelle du continent ne fait que commencer…