Sahara: Christopher Ross jette l’éponge avant la fin de son mandat
« Christopher Ross jette l’éponge. Il ne veut plus continuer à jouer le médiateur dans le conflit du Sahara occidental entre deux adversaires, le Maroc et le Front Polisario, qui ne négocient plus depuis cinq ans », révèle le journaliste espagnol Ignacio Cembrero dans un article publié ce dimanche 5 mars sur le site algérien TSA.
#Maroc-#Polisario : Christopher Ross, médiateur de l' #ONU, jette l'éponge.https://t.co/ksaJyEw8TE #Sahara #Algérie #Espagne
&mdash Ignacio Cembrero (@icembrero) March 5, 2017
Le mandat de l’Envoyé spécial du Secrétaire général des Nations Unies expire fin mars, mais selon des sources diplomatiques citées par TSA, l’Américain refuse de rempiler sachant par ailleurs que sa mission était compromise. L’annonce prématurée est donc censée donner du champ à Antonio Guterres pour lui trouver un remplaçant avant fin avril, date de la prochaine réunion du Conseil de sécurité dédiée au dossier du Sahara Occidental.
Le Maroc rétif à toute candidature américaine
Echaudé par ce qu’elle considère comme un alignement « de neutralité passive » aux positions du Département d’Etat, la diplomatie marocaine a depuis longtemps fait savoir sa préférence pour un médiateur qui ne serait pas américain.
Le Maroc avait déjà peu goûté aux initiatives de son prédécesseur James Baker, auteur de deux plans de paix qui ont fini par être remisés. Baker avait lui aussi jeté l’éponge à la grande satisfaction du Maroc. A l’époque, la sortie de Mohamed Benaïssa, alors ministre des Affaires étrangères avait fait jaser dans les chancelleries lorsqu’il avait associé ce renoncement à « la ténacité de la diplomatie marocaine ».
« Ross ne travaille déjà plus à l’ONU à New York, et il a informé sa petite équipe de sa décision. Il ne cache pas en privé que c’est le blocage du processus de paix par le Maroc qui l’incite à renoncer à sa tâche, même s’il n’épargne pas non plus le Polisario dans les critiques qu’il formule », explique TSA.
Remplaçant en septembre 2008 du nééerlandais Peter Van Walsum, accusé quant à lui de tropisme marocain par le Polisario après sa déclaration jugée fort peu diplomatique qualifiant l’option de l’indépendance du Sahara occidental non viable au profit de l’offre marocaine d’autonomie posée sur la table dès 2007, Ross avait été fraîchement accueilli par Rabat compte tenu de son passage par Alger en tant qu’ambassadeur américain.
Le Maroc avait auparavant applaudi des deux mains lorsque face au Conseil de sécurité réuni à huis clos, Van Walsum, était sorti de sa réserve, le 21 avril 2008, en affirmant que l'indépendance du territoire n'était pas, à ses yeux, « un objectif atteignable ». Dans son discours, le prédécesseur de Ross affirmait avoir conclu, dès janvier 2006, qu'en l'absence de « pression sur le Maroc pour qu'il abandonne sa revendication de souveraineté », un « Sahara occidental indépendant n'était pas une proposition réaliste ».
Un désaveu et des critiques acerbes de Rabat
En 2012, et après de longs mois de tiraillements, le Maroc avait publiquement désavoué Ross et exigé, sans l’obtenir, son remplacement. Si Ban Ki-moon avait gardé la face en le maintenant à son poste, il était cependant banni de toute visite à Laâyoune.
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Le Maroc a alors systématiquement mis à mal sa mission. TSA rappelle dans ce sens un fameux câble diplomatique (divulgué par le compte Chris Coleman), datant de 2014 de Omar Hilale, aujourd’hui représentant du Maroc à l’ONU, qui préconisait pas moins que « d’isoler Ross, l’affaiblir et le pousser dans ses derniers retranchements au sujet de son agenda caché sur le Sahara ».
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