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16.03.2017 à 19 H 20 • Mis à jour le 16.03.2017 à 19 H 20
Par
Maghreb

Le gouvernement algérien admet enfin que la crise est là

Le premier ministre Abdelmalek Sellal lors d’une session parlementaire en 2012. FAROUK BATICHE / AFP
Alger ne le dit pas clairement mais cet aveu s’est exprimé, mercredi 15 mars, à travers deux décisions majeures annoncées par Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat et du Commerce qui fait aussi depuis quelques mois office de Premier ministre-bis

Pour la première fois depuis le début de la chute des prix du pétrole à l’été 2014, le gouvernement algérien admet enfin que la crise est là. Il ne le dit pas clairement mais cet aveu s’est exprimé, mercredi 15 mars, à travers deux décisions majeures annoncées par Abdelmadjid Tebboune, ministre de l’Habitat et du Commerce qui fait aussi depuis quelques mois office de Premier ministre-bis.


La première concerne le secteur de l’Habitat. Le gouvernement a décidé de mettre fin aux programmes de logements LPP et AADL, un des symboles de la politique sociale de l’État depuis maintenant plus de 15 ans. « À l’heure actuelle, nous sommes tenus de terminer les travaux de construction de 450 000 logements. Et toute évocation de l’ouverture d’une nouvelle formule (AADL III) relève de la démagogie », a révélé Abdelmadjid Tebboune.


Absence de grands projets d'équipement

Mais le gel des projets ne concernera pas que le logement. Dans la Loi de finances 2017, les grands projets d’équipement sont quasiment absents. Ni grands centres hospitalo-universitaires, ni nouveaux programmes de logements, ni autoroutes… Il y a cinq mois, quand TSA révélait le document, le même ministre Tebboune démentait toute restriction, affirmant que les logements publics étaient financés par les banques…


Autre mesure qui illustre la gravité de la situation : soumettre toutes les importations à des licences. Autrement dit, l’État réinstaure un contrôle sur le commerce extérieur. C’est la première fois depuis la signature des accords avec le FMI en 1994 qu’une mesure aussi radicale est prise en matière de commerce extérieur. Elle illustre l’ampleur du choc produit par la baisse des prix du pétrole.


La mesure s’accompagne d’une décision non-assumée : depuis le début de l’année, le gouvernement retarde sciemment la délivrance des licences d’importation pour gagner du temps. Le mois de mars touche à sa fin et toutes les importations sont bloquées. Résultat : les pénuries pointent et l’inflation atteint des sommets.


Un modèle proche de celui du Venezuela

Ces décisions ont de quoi inquiéter. Certes, tous les pays pétroliers ont pris des mesures d’austérité pour faire face à la crise. Mais, hormis le Venezuela, aucun autre pays pétrolier n’a pris des mesures similaires en matière de commerce extérieur. On connaît la situation qui prévaut aujourd’hui au Venezuela dont le modèle économique, fait de subventions et de dépenses publiques, est proche de celui de l’Algérie.



Pourtant, en théorie, rien ne justifie de telles décisions radicales. Les réserves de change sont à un niveau élevé – 100 milliards de dollars, l’équivalent de plus de 26 mois d’importations au rythme de 2016 – et les prix du pétrole se maintiennent depuis décembre au-dessus des 50 dollars, prix de référence pour la loi de Finances.


Pourquoi alors le gouvernement a pris ces décisions ? Une seule chose peut expliquer ce qui ressemble à s’y méprendre à de la panique : depuis le début de la crise, le gouvernement n’a mené aucune réforme sérieuse, capable de réduire la dépendance de l’Algérie aux hydrocarbures. Le gouvernement a produit beaucoup de discours. Il a inventé des chiffres sur les investissements étrangers et des données erronées sur la « résilience » de l’économie. Il vient d’être rattrapé par la réalité.

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