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08.06.2017 à 17 H 20 • Mis à jour le 08.06.2017 à 17 H 20
Par
Reportage

Al Hoceima: le quartier Sidi El Abed décrété zone exclusive la nuit tombée

Un cordon de la police anti-émeutes à Sidi El Abed. LOUIS WITTER / LE DESK
Désormais, l’accès au quartier où se concentre les manifestations nocturnes depuis l’arrestation de Nasser Zafzafi, leader du Hirak, nécessite la présentation d’une carte d’identité nationale comme preuve de résidence. Autrement, la police refuse le passage aux « intrus », ce qui n’empêche pas des activistes de se faufiler par les ruelles… Ambiance de couvre-feu

De notre envoyé spécial à Al Hoceima


Sidi El Abed, ce quartier populaire perché sur les hauteurs d’Al Hoceima est dorénavant l’épicentre des rassemblements du mouvement protestataire rifain. Après l’interdiction de tout attroupement sur la place Mohammed V et l’arrestation de ses leaders, les sorties nocturnes du Hirak se sont déplacées vers cette zone qui abrite la plupart des maisons des activistes actuellement en détention.


Depuis cinq jours, c’est le même scénario qui se répète chaque soir : de petits groupes de manifestants isolés face à des forces de l’ordre présentes en nombre pour empêcher tout rassemblement.


Le dispositif sécuritaire mis en place à Sidi El Abed vise à interdire l’accès à ce quartier aux non résidents. Il est strictement interdit aux autres habitants d’Al Hoceima de s’y rendre à la nuit tombée. Désormais, l’accès au quartier nécessite la présentation d’une carte d’identité nationale prouvant d’une résidence effective à Sidi El Abed. Autrement, la police en refuse l’accès.


Un filtrage serré, les "intrus" sont refoulés

Tout le long du boulevard Tarik Ibn Ziyad, un dispositif destiné à filtrer les riverains est mis en place chaque soir. Des policiers anti-émeute sont postés à chaque coin de rue, depuis le commissariat central jusqu’à l’entrée du port, les personnes jugées intruses sont refoulées manu-militari. Ces mesures exceptionnelles posent la question de la liberté de circulation sur la voie publique. Pour les autorités locales, Sidi El Abed est une zone exclusive, arguant d’impératifs de sécurité.


Lire aussi : Al Hoceima : la stratégie de l’étouffement et des représailles impose le silence


Malgré ces restrictions, les soirs du 7 et du 8 juin, des groupes de manifestants ont pu toutefois se faufiler à travers ses ruelles. Sans véritables meneurs, des jeunes scandaient « Vaut mieux la mort que l’humiliation ! », avant d’être dispersés sans ménagement par les forces de l’ordre. Des interventions musclées qui ont fait un blessé du côté des manifestants et se sont soldées par l’arrestation d’une personne dont l’identité n’a pas été faite par les ONG présentes. « Nous avons constaté l’arrestation d’un manifestant, nous ne savons pas encore si cette personne a été libérée ou si elle est toujours en garde vue », rapporte Fayçal Oussar, membre de l’antenne locale de l’Association marocaine des droits de l’Homme.


Ces scènes d’accrochages entre les jeunes manifestants sont scrutées à distance par leurs familles cloitrées dans leurs maisons. Des cris d’indignation lancés par les femmes depuis les toits et fenêtres rythment les nuits de Sidi El Abed. La présence policière se dissipe chaque soir à minuit sous les clameurs de victoire des supporters du Hirak qui se donnent rituellement rendez-vous pour le lendemain malgré le recours à la force pour les en dissuader.

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