Le Qatar a dix jours pour fermer Al Jazeera et rompre ses liens avec l’Iran

L'Arabie saoudite et d'autres pays arabes qui ont rompu leurs liens diplomatiques avec le Qatar ont émis une liste abrégée de conditions jeudi pour mettre fin à la crise, en insistant sur le fait que leur voisin du Golfe ferme la chaine de télévision satellitaire Al Jazeera, réduise à sa plus simple expression ses liens diplomatiques avec l'Iran, et évacue la base militaire turque établie sur son sol .
Dans une liste de 13 points - présentée aux Qataris par le Koweït, qui aide à la médiation -, les pays exigent également que le Qatar rompe tous ses liens avec les Frères musulmans et avec d'autres groupes, dont le Hezbollah, Al Qaida et l’organisation de l'Etat islamique. L’agence de presse AP affirme dans ce sens avoir obtenu une copie de la liste en arabe de l'un des pays concernés par le différend.
#السعودية ودول اخرى تطلب من #قطر إغلاق القاعدة التركية وقناة الجزيرة وقطع العلاقات الدبلوماسية مع ايران - اسوشييتد برس pic.twitter.com/tenTO86V83
&mdash Zaid Benjamin (@zaidbenjamin) June 23, 2017
L'Arabie saoudite, l'Égypte, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont rompu leurs liens avec le Qatar ce mois-ci au sujet des allégations selon lesquelles ce pays du Golfe finançait le terrorisme , une accusation dont le président Donald Trump a fait écho. Ces pays ont maintenant donné au Qatar 10 jours pour se conformer à toutes les demandes, y compris le paiement d'une somme non spécifiée en compensation.
Parmi les points cités par la liste, le Qatar doit refuser de naturaliser les citoyens des quatre pays et d'expulser ceux actuellement au Qatar, dans ce que les pays requérants décrivent comme « un effort pour empêcher le Qatar de s'ingérer dans leurs affaires intérieures ».
Ils exigent également que le Qatar livre toutes les personnes recherchées par ces quatre pays pour des faits terrorisme, la cessation immédiate de financement d’entités extrémistes désignées comme groupes terroristes par les Etats-Unis, et de fournir des informations détaillées sur les montants des financements accordés aux groupes d’opposition en Arabie Saoudite et dans d'autres pays.
Le gouvernement du Qatar n'a pas encore officiellement réagi à cet ultimatum. Les États-Unis non plus. Plus tôt cette semaine, le secrétaire d'État Rex Tillerson a insisté sur le fait que les voisins du Qatar fournissent une liste de demandes « raisonnables et susceptibles d'être mises en action ».
Les liens avec la république islamique d'Iran en ligne de mire
Bien que les voisins du Qatar aient concentré leurs griefs sur le soutien présumé du Qatar à l'extrémisme, ils ont également exprimé de fortes inquiétudes au sujet des relations du Qatar avec l'Iran, pays dirigé par les chiites et ennemi régional juré pour l'Arabie saoudite et d'autres pays dirigés par les sunnites.
Les dispositions concernant l'Iran listées dans le document indiquent que le Qatar doit mettre un terme à sa présence diplomatique en Iran, expulser du Qatar les membres de la Garde révolutionnaire d'élite d'Iran et n’entretenir avec avec l'Iran que des échanges qui respectent scrupuleusement les sanctions américaines. Dans le cadre de l'accord nucléaire de 2015, les sanctions liées à l'Iran ont été assouplies, mais d'autres demeurent en vigueur.
Les demandes concernant Al Jazeera, indiquent que le Qatar doit également fermer toutes ses antennes à l’international. Cela signifierait vraisemblablement que le Qatar devrait aussi baisser le rideau d'Al Jazeera English. Les voisins du Qatar accusent Al Jazeera de fomenter les troubles dans la région et de soutenir les Frères musulmans.
Si le Qatar accepte de se conformer à l’ultimatum, celui-ci sera vérifié une fois par mois pour la première année, puis une fois par trimestre la deuxième année après son entrée en vigueur. Enfin, pour les dix ans à venir, le Qatar sera ainsi surveillé chaque année pour vérifier sa mise en conformité permanente à ces dispositions.