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01.04.2018 à 04 H 48 • Mis à jour le 01.04.2018 à 04 H 48
Par
Football

Mondial 2026: le Maroc dénonce un coup tordu de la FIFA

Lekjaa (à-d), (FRMF) et Infantino (FIFA). AIC PRESS
Dans une lettre de protestation adressée par le président de la FRMF, Faouzi Lekjaâ, au président de la FIFA, Gianni Infantino, celui-ci dénonce un stratagème de dernière minute fomenté pour exclure la candidature marocaine à l’organisation du Mondial 2026. Il réclame la suspension pure et simple du système de notation qu’il juge biaisé. Les détails

Le président de la FIFA, Gianni Infantino a-t-il monté un véritable stratagème pour écarter la candidature marocaine à l’organisation de la Coupe du monde de 2026 ? C’est en tout cas l’avis de certains milieux footballistiques qui informent que la FIFA a ajouté des changements non divulgués aux critères d'éligibilité quelques heures à peine avant la date limite de remise des bid books du Maroc et du trio nord américain formé par les Etats-Unis, le Mexique et le Canada.


« Le système de notation mis en place pour évaluer les dossiers des deux prétendants a été amendé pour mettre le Maroc hors de la course et permettre à l’United 2026 de demeurer seule en lice », explique une source proche du dossier au Desk.


Selon les informations recueillies par Inside World Football, le Maroc n’a pas été informé des changements de dernière minute intervenus qui favorisent grandement les Américains. Par conséquent, au vu du calendrier très serré, il est techniquement impossible pour le royaume de satisfaire à ces nouvelles exigences avant la visite d’inspection de la « task force » de la FIFA prévue le mois prochain.


Face à cette surprise de taille, la Fédération royale marocaine de football (FRMF) a exprimé toute sa colère à la FIFA à travers un courrier envoyé directement par Faouzi Lekjaâ à Gianni Infantino, dont copie a été adressé aux membres du Conseil de l’instance mondiale du football et à l’équipe en charge de l’évaluation technique du dossier marocain.


La correspondance de protestation, rédigée en langue française, exprime les « inquiétudes du Maroc sur l'équité et la transparence de la procédure d'appel d'offres ». Le document rappelle que la FRMF a des mois durant exprimé des demandes pressantes à la FIFA pour clarifier avec précision la méthodologie du système de notation de la « task force » en termes d'éléments qui devaient être satisfaits par le bid book.


« Vous devez être conscient que cette information était de nature à affecter tout ou partie du contenu du dossier de candidature qui était en train d'être mis en place par la FRMF », a écrit Lekjaâ à Infantino.


« A ma grande surprise, le système de notation ne nous a finalement été transmis que le 14 mars », a-t-il poursuivi, soit à peine 24 heures avant que le Maroc ne remette son dossier et 48 heures avant la date limite imposée par la FIFA.


Ce système de notation rendu public cette semaine et que la FIFA présente comme une rupture significative avec son passé marqué par la corruption, l'infrastructure, dont la moitié concerne les stades, représente désormais 70 % de la notation de l’ensemble des critères. Les 30 % restants sont basés sur les coûts et les revenus envisagés.


Dans un système de notation de 0 à 5 - où 0 signifie « aucune exigence satisfaite / très faible » et 5 « exigences dépassées / excellentes » - une soumission doit atteindre un total de 2, ou « exigences minimales satisfaites / suffisantes » pour être approuvé avant le vote le 13 juin à Moscou.


En outre, les offres doivent obtenir au moins deux notes pour les aspects individuels des stades, des équipes et des installations dédiées aux arbitres, ainsi que pour l'hébergement et les liaisons de transport. Le fait de ne pas obtenir la note 2 par la « task force » signifierait que l’offre « a été évaluée comme à haut risque » représentant ainsi « une défaillance matérielle », selon la FIFA. Dans ce cas, cette dernière déciderait ainsi de disqualifier la candidature trois jours à peine avant le passage au vote.


Lire aussi  : Mondial 2026 : une « task force » décidera du sort du Maroc


Pour avoir une chance probable de surpasser ses compétiteurs américains, le Maroc se doit ainsi de passer le cap de l’évaluation technique en obtenant un score suffisamment élevé pour être formellement autorisé par le Conseil de la FIFA à accéder au vote.


C'est pourquoi les Marocains sont furieux face aux conditions nouvellement imposées qui, selon eux, ne faisaient pas partie des conditions de candidature initiales ratifiées par le Conseil de la FIFA en octobre dernier.


Les nouvelles exigences formulées par la FIFA semblent pour certaines rédhibitoires pour le Maroc. Ce dernier doit garantir que les villes d'accueil comptent au moins 250 000 habitants, que la capacité aéroportuaire soit au minimum de 60 millions de passagers par an, et que la taille des « fan fests » soit imposante. Il est ajouté aussi que le temps de trajet maximal entre l'aéroport et la ville hôte ne doit pas excéder 90 minutes.


Inversement, la FIFA a diminué ses critères de garanties gouvernementales, ce que les Marocains croyaient être un prérequis, ce qui pourrait favoriser le dossier américain


« Le système de notation ajoute plusieurs nouveaux critères techniques qui ne faisaient pas partie de la réglementation originale », a écrit Lekjaâ dans sa missive à Infantino, insistant sur le fait que « ces éléments n'ont jamais été transmis à la FRMF lors de la préparation du bid book ».


Une telle situation remet en question le fait que le fonctionnement de la « task force » sera aussi transparent que voudrait le faire croire Infantino, note Inside World Football.


Lorsque la FIFA a publié les cahiers des charges plus tôt cette semaine, Infantino s'est vanté : « Je défie quiconque de signaler une organisation qui mène un processus d'appel d'offres aussi juste, objectif et transparent que celui que la FIFA mène pour la Coupe du monde 2026 ». Pourtant, il existe un scepticisme considérable quant à la composition du panel d'évaluation qui évaluera et notera les offres, estime Inside World Football. « Aucun de ses membres n'est indépendant, pour la plupart des officiels de la FIFA qui ont été nommés ou approuvés par Infantino lui-même, un scénario qui n'a pas échappé à l'équipe de candidature marocaine qui appelle à une réunion d'urgence pour clarifier les règles », poursuit le site spécialisé.


Dans sa lettre à Infantino, Lekjaâ, qui sera au premier plan de la campagne intensive de lobbying de la candidature du Maroc dans les prochaines semaines, demande au président de la FIFA de respecter personnellement les statuts et de suspendre le système de notation « afin de garantir à la FRMF une procédure juste et équitable ».


« La FRMF ne peut pas accepter que la FIFA puisse introduire des différences substantielles (…) à un stade aussi critique de la procédure », conclut-il.


Lire aussi notre enquête en 5 volets : 

Partie-1 : Mondial 2026 : les Américains ont tenté de passer en force

Partie-2  : Mondial 2026 : une « task force » décidera du sort du Maroc

Partie-3 : Mondial 2026 : des manœuvres pour disqualifier le Maroc ?

Partie-4  : Mondial 2026 : un retour d’ascenseur d’Infantino aux Américains ?

Partie-5 : Mondial 2026 : quand l’Amérique était au cœur de la corruption de la FIFA

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