Au Soudan, un leader sanguinaire et ambitieux menace la révolution

Khartoum (Soudan), envoyée spéciale.- Dans la nuit noire de Khartoum dépourvue dans sa quasi-globalité d’éclairage public, on manque de trébucher sur eux si, l’espace d’un instant, l’attention n’est plus rivée sur les trottoirs défoncés. Abrités généralement sous les arbres qui bordent les routes de la capitale soudanaise, ils ont installé des paillasses, des réchauds pour faire du thé, des cordes à linge pour faire sécher leurs treillis, et aligné avec soin leurs bottines fourrées avec leurs chaussettes sales au pied de leurs lance-roquettes montés sur des pick-up imposants.
Dans la pénombre, leurs visages juvéniles sont éclairés par la faible lumière de leurs téléphones portables. À la faveur du coup d’État mené contre l’ancien président Omar el-Béchir le 11 avril dernier, les Rapid Support Forces (RSF, al-Quwat al-Da’m al-Sari’ en arabe) sont entrées dans la capitale.
Lourdement armés, reconnaissables de jour à leur plaque d’immatriculation rouge et verte et leurs bérets rouges, ces hommes occupent depuis plusieurs semaines les points stratégiques de la ville : les abords du sit-in où la contestation ne faiblit pas, les pelouses extérieures du palais présidentiel où se tiennent les négociations dans le but de former un gouvernement de transition, et devant les ambassades des pays alliés.
Aussi visibles que l’armée régulière, si ce n’est plus, ces soldats ne répondent pourtant qu’aux ordres d’un seul homme : Mohamed Hamdan Daglo, plus connu sous le nom de « Hemedti », l’un des hommes les plus redoutés du Soudan. Désormais aussi le plus puissant.

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