«Le meurtre de Jamal Khashoggi est un crime d’Etat»

Le 2 octobre 2018, le journaliste saoudien Jamal Khashoggi entrait dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul sans jamais en ressortir. Depuis, après de nombreuses dénégations saoudiennes, sa mort a finalement été reconnue par les autorités. Pas leur responsabilité.
Pendant six mois, Agnès Callamard a enquêté sur les circonstances de ce meurtre. Publié mercredi 19 juin, son rapport pointe la responsabilité de l’État saoudien dans la mort du journaliste et demande une enquête supplémentaire pour déterminer le rôle exact du prince héritier, Mohammed ben Salmane.
Comment avez-vous travaillé sur cette enquête ?
Agnès Callamard : Il s’agit d’une mission inhabituelle parce qu’elle a duré six mois. Je me suis rendue deux fois en Turquie, trois fois à Washington, aussi à Paris, à Londres, à Berlin… Malheureusement, je n’ai pas pu aller en Arabie saoudite. Je me suis entretenue avec 120 personnes. J’ai décidé de les citer uniquement de manière anonyme, afin de les protéger, donc une grande partie de mes sources ne sont pas mentionnées. Elles ont été très coopératives, officiels turcs compris. La seule limite que j’ai rencontrée concernait les informations touchant à des sujets sensibles, car elles étaient fondées sur le travail des services de renseignement. Et en général, les agences de renseignement rechignent à coopérer.
Justement, comment travaille-t-on avec des données issues des renseignements ? Il s’agit d’un matériau sensible…

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