La Macronie affiche son tropisme marocain, Alger décommande Castex

La visite du Premier ministre français à Alger prévue ce dimanche et convenue pourtant depuis le 21 janvier a été brutalement annulée le 8 avril par La Mouradia à la veille de la tenue du 5ème Comité interministériel de haut niveau (CIHN) France-Algérie.
Si Matignon et l’agence AFP ont justifié le report de cette rencontre pour cause d’épidémie de Covid-19 ne permettant pas aux délégations des deux pays de se retrouver dans des conditions optimales, du côté d’Alger, on a plutôt laissé la presse évoquer le manque de consistance de l’équipée de Jean Castex réduite à quatre ministres et un séjour écourté à une journée.
Le format de la rencontre excluant le chef du Quai d’Orsay, Jean-Yves Le Drian a été particulièrement mis en avant, tout comme l’absence du ministre de la Défense français qui aurait été prévu pour aborder les questions sécuritaires régionales chères aux Algériens : au Sahara Occidental, au Sahel et en Libye.
C’est aussi et surtout, les dernières offrandes faites à Rabat de la part de la Macronie qui ont suscité l’ire d’Alger reconnaît la presse algérienne, qui comme El Watan s’interroge sur l’annonce, le 8 avril, de l’ouverture d’une section de La République en Marche (LREM) à Dakhla, perçue comme une provocation sans compter, le renouvellement du soutien de Paris au Plan d’autonomie marocain au Sahara exprimé de manière ostentatoire par Le Drian dans son tout-récent échange par visioconférence avec Nasser Bourita. Le ministre des Affaires étrangères français n’a d’ailleurs pas tari d’éloges sur l’engagement du Maroc dans la résolution des tensions au Sahel.
Autant de pierres jetées dans le jardin algérien qui ont fini par torpiller la visite de Castex et provoqué un déferlement de critiques de la part de figures politiques proches du président Abdelmadjid Tebboune qualifiant la France d’irréductible « ennemie »…
Emmanuel Macron avait pourtant tenté à plusieurs reprises d’apaiser ces tensions, rappelle L’Obs. Il a notamment opté pour un soutien ouvert à Tebboune, dont l’élection fin 2019 a été massivement rejetée par la population et reste contestée dans la rue. Cette année, il a aussi reconnu l’assassinat du militant indépendantiste algérien Ali Boumendjel et a ouvert des archives françaises autour de la période de la guerre, sur les conseils de l’historien Benjamin Stora.
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