Le Nigeria cessera d’importer la barytine du Maroc en octobre prochain

Le gouvernement fédéral nigérian qui se procure chaque année pour environ 300 millions de dollars de barytine du Maroc, affirme que le pays a atteint l'autosuffisance dans la production de ce minerai et n'aura plus besoin de l’importer à partir d'octobre de cette année, rapporte l’agence de presse du Nigéria (NAN).
Le ministre des Mines et du Développement de l'acier, Olamilekan Adegbite, l'a déclaré jeudi à Abuja lors du briefing ministériel hebdomadaire.
Selon le ministre, l'administration dirigée par Buhari fait tout ce qui est en son pouvoir pour moderniser le secteur minier. La barytine sera donc produite localement « selon les normes industrielles internationales et est mesurée par l'American Petroleum Institute (API) », a-t-il précisé.
« Nous sommes maintenant en mesure de produire suffisamment de barytine et nous pouvons maintenant exporter vers des pays comme le Ghana et l'Afrique du Sud, où ils n'ont pas de barytine et où ils font aussi de l'exploration. Au moins, nous sommes plus proches d'eux que le Maroc », a ajouté le responsable nigérian.
Une décision programmée depuis en 2020
Parmi les mesures visant à économiser ses dépenses en devises, le Nigéria réfléchissait depuis deux ans à interdire l’importation de barytine, rapportait la presse locale ajoutant que le pays fait face à une baisse des revenus pétroliers et une réduction de la production de l'OPEP.
Le ministre de l’énergie du Nigéria avait alors déclaré : « Nous avons de la barytine dans tout le pays (à Nasarawa, dans les États de Cross River), alors pourquoi ne pouvons-nous pas produire notre barytine ? Il existe des normes exigées par l'industrie et nous les avons », a-t-il déclaré en juillet 2020.
Le minerai constitué de sulfate de baryum, est principalement utilisé dans l'industrie pétrolière et gazière comme agent alourdissant pour les fluides de forage dans le secteur amont.
Il est ainsi largement utilisé comme agent de pondération pour les fluides de forage dans l'exploration pétrolière et gazière, mais aussi dans l’industrie automobile, l'électronique, le caoutchouc et l'industrie de la céramique et de la peinture en verre, la protection contre les radiations et les applications médicales.
La perte du marché nigérian tombe mal pour le Maroc, troisième producteur mondial qui faisait déjà face à une chute de la demande mondiale en raison de la crise du Covid-19. Le royaume a redoublé d’efforts ces dernières années pour dépasser la barre du million de tonnes produits (plus exactement 1,1 million de tonnes en 2019 contre 2,9 millions et 2,2 millions respectivement pour la Chine et l’Inde), grâce aux investissements d’extension de capacités opérés chez les principaux acteurs au Maroc dans l’extraction et la transformation de la barytine, que sont La Compagnie Marocaine des Barytes et Ado Barite Morocco, filiale du groupe turc Ado Mining.