L’Algérie réduit son approvisionnement en gaz à l’Espagne de 25 %

L'Algérie a réduit son approvisionnement gazier envers l'Espagne par le gazoduc MedGaz de 25 % selon les dernières données quotidiennes de l'entreprise énergétique espagnole, Enagás.
Depuis le 1er mai dernier, 234 GWh/jour sont passés par le gazoduc, alors que 312 GWh/jour ont été enregistrés le 14 mars, date à laquelle Pedro Sánchez a annoncé le changement de position de l'Espagne sur le Sahara à travers une lettre envoyée au roi Mohammed VI.
Depuis, l'Algérie cherche à sanctionner Madrid. Suite à l'annonce de l'Espagne d'inverser le gazoduc Maghreb-Europe (GME) pour approvisionner le royaume, l'Algérie avait interdit à l'Espagne de revendre son gaz au Maroc, menaçant de suspendre son approvisionnement via le gazoduc MedGaz, mais également ses exportations de gaz naturel liquéfié (GNL). Une menace qui cache aussi la grande difficulté du pays à honorer ses engagements, l'essentiel de sa capacité de production en baisse tendancielle depuis des années étant dédiée à ses besoins de consommation interne. D'ailleurs, depuis peu et suite à des coupures récurrentes de MedGaz, les Etats-Unis sont passés devant l'Algérie pour devenir les premiers fournisseurs de gaz de l'Espagne.
Des contrats dans les limbes ?
Les préparatifs de l'inversion du flux gazier sont finalisés. Enagás a effectué des premiers tests de flux inversés qui ont été concluants. Mais pour l'instant, les informations demeurent contradictoires sur la conclusion de contrats par l'Office national de l'électricité et de l'eau potable (ONEE) qui cherche à alimenter ses centrales électriques de Tahaddart et Ain Beni Mathar qui tournaient grâce au gaz transitant par le GME et coupé unilatéralement par Alger fin octobre. Quelques fournisseurs de GNL auraient répondu à une consultation restreinte pour fournir du GNL tels que Qatargas, Repsol ou encore ACNOC.
Cette réduction de gaz en défaveur de l'Espagne pourrait trouver son origine au-delà d'une simple rancœur. Comme nous le rapportions, un cabinet de conseil réputé proche d'Alger avait émis une théorie, celle que l'Algérie gagnerait bien plus à rompre ses contrats gaziers avec l'Espagne. En effet, Alger évite le marché spot depuis 2005 et préfère les contrats à long terme.
Cependant depuis la flambée des prix du gaz, résultat des sanctions contre la Russie, le pays de Abdelmadjid Tebboune n'en a pas tiré profit. Le marché spot permet de vendre le gaz et de recevoir le paiement presque simultanément, ce qui n'est pas le cas des contrats à long terme. Aussi Alger aurait tout à gagner, du moins en termes financiers, à couper le gaz à l'Espagne pour le vendre au jour le jour sur les marchés internationaux.
Dernière pression sur Madrid, selon nos sources, l'Algérie aurait exigé d'obtenir le contenu des contrats que Rabat devrait conclure avec des fournisseurs internationaux de GNL devant être regazéifié en Espagne et transféré au Maroc.
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