CAN 2023 : Haller, merci et à la prochaine !
C’était écrit. Pour que l’histoire de cette fabuleuse CAN soit parfaite à raconter, plus tard, à nos petits enfants au coin du feu, il fallait que cette étonnante équipe de Côte d’Ivoire finisse par la remporter, chez elle, dans un bruit et une fureur qui marqueront ses supporters pour longtemps.
Ce qu’elle a fait brillamment hier soir face des Nigérians timorés, qui, pour la la première fois dans la compétition, ont installé le bus devant leurs cages, en comptant sur les exploits individuels d’un Oshimen ou d’un Lookman. Et aussi sur un miracle divin constamment répété.
Il a d’ailleurs eu lieu à la 38ème minute, quand, sur un ballon relativement anodin dans la surface ivoirienne, Troost-Ekong s’est élevé plus haut que son défenseur pour mettre un coup de boule en cloche dans la lucarne opposée, qui allait plonger tout un stade, voire un pays, dans la déprime.
Tout un pays, sauf ses joueurs.
Pas après ce début de match maîtrisé.
Pas après ce qu’ils avaient traversé jusque-là.
Pas après leur parcours dans cette CAN atypique, où suite à leur qualification miraculeuse pour les 8èmes de finale, ils avaient tout à tour été menés par le Sénégal dès les premières minutes du match, puis par le Mali en quarts, avant de revenir, chaque fois, dans le match, puis de l’emporter.
Mieux, rien ne pouvait arriver à ces Elephants qui avaient vu leur coach français Jean-Louis Gasset démissionner après la sévère déculottée 4-0 face à la Guinée Equatoriale en phase de groupe, qui les avait condamnés à finir 3ème avec 3 points, confiant ainsi leur destin et leur qualification au tour suivant entre les mains d’équipes tierces, notamment le Maroc.
Il aura fallu la nomination d’un entraîneur intérimaire, l’ancien international et assistant de Gasset, Emerse Faé, et surtout, un alignement d’astres improbable pour que la machine reparte comme en 40.
Ça a commencé par une faute de main improbable du gardien Ghanéen Ofori à la 94ème minute de leur match face au Mozambique, qui débouchera sur un corner, puis un but (score finale 2-2) qui les éliminera et balisera un peu plus le chemin ivoirien vers le tour suivant.
Il se poursuivra et sera définitivement acté avec la victoire marocaine face à la Zambie, qui les remettra sur les rails d’une victoire annoncée, et dont ils manifesteront la gratitude jusqu’aux festivités du titre pendant lesquels les joueurs brandiront ce drapeau rouge et à l’étoile verte, d’un pays, le Maroc, qui les a maintenus en vie dans la compétition.
Ensuite, le Sénégal, le Mali, puis la République Démocratique du Congo, comme une évidence.
Alors, quand le Nigéria ouvre le score dans cette finale qui devait marquer le climax et l’apogée d’une épopée fantastique, la Cote d’Ivoire n’a pas faibli. Elle a même été portée par de vieux briscards courageux, le capitaine Serge Aurier (31 ans), Max-Alain Gradel (36 ans), seuls rescapés du titre de 2015 sous Hervé Renard, mais aussi l’inusable et fortement décrié Franck Kessié qui va remettre le jeu son équipe sur un but de la tête à la 62ème minute. Le Nigéria continue de défendre comme un mort de faim, n’ayant pas grand-chose à proposer dans le jeu, lâché par un Lookman qui a perdu de sa superbe des tours précédents, et surtout par Oshimen trop occupé et dispersé à se disputer avec ses adversaires pour véritablement jouer au foot. Contrairement au jeune Simon Adingra (22 ans), ailier de Brighton en PL anglaise, qui fait ce soir-là le match de sa vie, et accessoirement la misère à Ola Aina et Semi Ajayi sur son aile gauche.
Malgré tout ça, il semblait manquer quelque chose pour que la soirée soit définitivement belle, et qu’elle entre dans l’histoire et les cœurs de la Côte d’Ivoire. Il manquait ce second but, certes, mais qui devait venir d’un homme en particulier, pour boucler la boucle.
Et cet homme, c’est Sebastien Haller, 29 ans, joueur du Borussia Dortmund, en Bundesliga.
Haller, un héros de plus…
Diagnostiqué d’un cancer des testicules à l’été 2022. Revenu sur les terrains sept mois plus tard. Il a peu joué en 2023, remis sur le banc de touche par son entraîneur, malgré quelques pions plantés après son retour.
Il avait fait de sa CAN son rêve et sa priorité, qu’une vilaine blessure à la cheville en décembre dernier allait briser. Gasset, qui a eu le nez creux, l’a quand même emmené avec lui, certain de l’apport essentiel de son protégé. Qui ne disputera pas les matchs de poules. Fera son retour dès les 8èmes en tant remplaçant face au Sénégal, puis les quarts face au Mali. Sera enfin titulaire contre le Congo où il marque l’unique but de la victoire qui propulse la Côte d’Ivoire en finale de sa CAN. Cimente davantage son statut de chouchou du pays. Et devait devenir celui qui ramènerait le titre à la maison. Ce qu’il fera. Brillamment. D’une nouvelle volée « zlatanesque » à la 81ème. Qui l’installera définitivement dans la légende de son pays, dans un jardin restreint que seuls peu de joueurs avant lui ont leur place.
Parce que le Nigéria ne reviendra pas ce soir-là. Il avait capitulé. Cette flamboyante Coupe d’Afrique des Nations 2023, dans l’esprit, le jeu, les buts, l’arbitrage, les célébrations, devait décidemment rester dans son pays. Car c’était écrit…
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