Manque pluviométrique et hausse des températures: les impacts visibles de la sécheresse sur le Maroc

L’impact des épisodes de sécheresse sévères et prolongés qui sévissent au Maroc depuis près de six années, est devenu visible de loin. En plus du recul des niveaux de retenus d’eau et les impacts économique, qui se traduisent notamment par une production agricole de plus en plus faible, le changement climatique et la sécheresse qui s’en suit sont en effet en train de défigurer des zones entières. C’est ce que montre une récente photo de la région de Casablanca, prise par le satellite Copernicus Sentinel depuis l’espace.
Dans son rapport Sécheresse en Méditerranée, l'Observatoire européen de la sécheresse (EDO) dirigé par le Centre commun de recherche (JRC) relevant de la Commission européenne revient sur les effets du manque pluviométrique et de la hausse des températures. L’image prise, indiquent les auteurs du rapport, démontre « les effets des épisodes de sécheresse qui « ont affecté l'Europe depuis plus de deux ans et l'Afrique du Nord depuis six ans, causant des pénuries d'eau et entravant la croissance de la végétation ». Si cette crise hydrique menace toute la zone méditerranéenne, « la situation a été encore plus grave et prolongée au Maroc, en Algérie et en Tunisie ».
#Climate change has turned #Morocco into a scorched land. Little will grow here anymore without irrigation, and even then, the water table is disappearing. #Spain, #Italy, and #Greece are all being hugely affected by drought, but Morocco is on the front line of desertification. pic.twitter.com/8Fh4nlRyAQ
&mdash Peter Dynes (@PGDynes) February 20, 2024
Des températures longues et supérieures à la moyenne, des vagues de chaleur et des précipitations insuffisantes ont entraîné des conditions de sécheresse sévères dans la région méditerranéenne, faisant en sorte qu’ « en plein hiver, la sécheresse en cours a déjà des impacts critiques », alerte l’EDO, soulignant que les conditions de sécheresse sont encore plus aiguës cette année.
Cette situation, déjà critique en hiver, risque de s’empirer davantage, alors que les prévisions saisonnières prédisent un printemps plus chaud sur les deux rives de la méditerranée, amplifiant davantage les conséquence sur ses pays. « À mesure que la gravité de la sécheresse devrait persister, les inquiétudes augmentent quant à ses impacts sur l'agriculture, les écosystèmes, la disponibilité en eau potable et la production d'énergie », indique-t-on.
L'impact sur l'agriculture marocaine
Au Maroc plus précisément, six années consécutives de sécheresse ont entraîné un niveau d'eau très bas dans les réservoirs, avec un remplissage moyen des barrages d'environ 23 %, poussant les autorités à mettre en place une batterie de restrictions et de mesures d’économie d’eau. L’impact le plus poignant cependant serait souffert par l’agriculture, alors que des cultures sont interdites dans certaines zones et restrictions sont imposées sur l’irrigation dans d’autres, alerte le rapport.
Pour évaluer l’impact sur l’agriculture, les chercheurs de l’EDO se sont basé sur l'indicateur combiné de sécheresse (CDI) qui calcule sur la base des précipitations, de l'humidité du sol et stress végétal pour évaluer la sécheresse agricole. La conclusion : « la situation était toujours alarmante à la fin de janvier », sans indicateur d’une prochaine amélioration. Le déficit pluviométrique et les températures record en janvier 2024 ont affecté les cultures d'hiver et les arbres fruitiers entraînant une croissance réduite dans les pays méditerranéens.
Les prévisions pointant vers des sécheresses « plus fréquentes et plus graves » à l’échelle internationale et le bassin méditerranéen étant l'une des régions où l'on s'attend à une forte réduction des précipitations, la situation ne devrait pas de sitôt s’améliorer, estime la même source. Ces experts, soulignent ainsi la nécessité de stratégies d'adaptation pour réduire les effets de la sécheresse. Selon eux, les investissements dans les systèmes d'alerte précoce de la sécheresse, l’augmentation de l'efficacité des technologies de l'eau, l’adoption des cultures plus résistantes à la sécheresse et l'amélioration de l'accès aux ressources en eau sont « cruciaux pour améliorer la préparation et la résilience communautaires ».
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