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08.07.2024 à 11 H 09 • Mis à jour le 08.07.2024 à 11 H 19
Par
Conjoncture

L’économie nationale retrouve son rythme de croissance au deuxième trimestre

Le Haut-Commissaire au Plan (HCP), Ahmed Lahlimi Alami, Crédit: MAP
Impulsée par la hausse de la demande intérieure et soutenue par l’amélioration des activités non-agricoles, l’économie nationale a réalisé une croissance de 2,9% au deuxième trimestre 2024. Au cours du prochain semestre, la croissance devrait atteindre 3,2%, selon le HCP

Après un début d’année au ralenti, l’économie nationale retrouve son rythme habituel de croissance. Dans sa note de conjoncture publiée ce 8 juillet, le Haut-Commissariat au Plan (HCP) relève une progression annuelle du Produit intérieur brut (PIB) de 2,9 % au cours du deuxième trimestre de 2024. Cette amélioration par rapport aux 2,5 % enregistrés un semestre auparavant est due principalement à une « amélioration plus soutenue » de la demande intérieure, mais alimentée également par la performance des activités des secteurs secondaire et tertiaire.


« Le début d’année avait été caractérisé par un sensible ralentissement des industries manufacturières qui avait installé l’activité hors agriculture dans son ensemble dans un sentier de croissance modérée. Toutefois, la relance de la production des autres filières secondaires et l’affermissement des services marchands au deuxième trimestre 2024 aurait de nouveau placé la croissance de l’activité hors agriculture à des rythmes comparables à sa dynamique d’avant la crise Covid, à savoir +3,7 % », étaye la même source.


Rechute des activités primaires

L’agriculture nationale demeure en proie des conditions climatiques défavorables. Selon le HCP, la valeur ajoutée agricole s’est infléchie de 4,9 % au deuxième trimestre de l’année en cours, au lieu d’une hausse de 1,5 % enregistrée il y a une année. Ce recule, explique-t-on, reflète la « volatilité accrue qui avait affecté les récoltes des céréales, des légumineuses et des fourrages et amputé le potentiel de croissance agricole depuis 2019  ».  En chiffres, les dégradations des récoltes céréalières ressortent à 44,4 % pour le blé et à 51 % pour l’orge, tandis que le repli de la production de fruits et légumes en raison du manque pluviométrique a concerné plusieurs régions, dont celles de l’Oriental, d’Al Haouz et Tadla. L’essentiel de l’offre locale aurait été assuré par trois régions à savoir celles de Sais, d’Al Gharb et du Nord. Face à ces conditions, la hausse des prix est restée « contenue », grâce à « un recours plus intensifié aux importations », avec un dédoublement des importations en orge de l’huile de table et une hausse de 1,6 % des achats du sucre sur les deux mois d’avril et mai 2024.


Les activités de l’élevage, bien qu’ayant fait preuve d’une résilience, grâce aux mesures de soutien étatiques et à l’effet des pluies tardives, demeurent en contraction. L’effectif du cheptel toujours en recul, cela s’est traduit en une hausse des prix de la viande rouge et une hausse de plus que le double des importations des animaux vivants au cours des mêmes deux mois. Le secteur avicole quant à lui connu une amélioration, avec une progression de 4 % de l’effectif avicole destiné à l’abattage, au lieu d’un recul de 14,9 % une année plus tôt.


« Embellie » des activités non-agricoles

Le manque au niveau de la valeur ajoutée agricole a cependant été pallié par la performance des activités secondaires et tertiaires. Selon le HCP, la valeur ajoutée des industries extractives aurait progressé de 15,6 % au deuxième trimestre 2024, en variation annuelle. « Cette embellie, dopée par une nette progression des ventes extérieures des minerais non métalliques, aurait été, également, soutenue par une relance de la demande des industries locales de transformation, tandis que les fondamentaux de la demande agricole en fertilisants demeurent solides au niveau mondial, grâce à des conditions de production favorables attendues dans plusieurs régions du monde, suite au passage d'El Niño à La Nina en 2024 », explique-t-on. Un autre facteur favorable à cette dynamique a été la baisse des prix des fertilisants incitant à un usage plus renforcé au niveau mondial.


Les activités de construction, ont à leur tour confirmé leur reprise tirée par la dynamique des travaux publics, affichant une hausse de 3 % au deuxième trimestre 2024, après +2,5 % au premier trimestre, ajoute la même note.  L’activité du bâtiment s’est particulièrement améliorée, avec une reprise de la production du logement et une hausse de 20 % des ventes de ciment, favorisée par le « la poursuite de mise en œuvre du programme d’aide au logement et du redressement des crédits destinés aux promoteurs immobiliers  ». De même, les industries manufacturières ont retrouvé un rythme de croissance « plus soutenu », intégrant en partie un effet de base favorable. Leur valeur ajoutée a ainsi augmenté de 3,5 %, au lieu de +2,1 % au premier trimestre. Les filières de la chimie et des industries liées à la construction, ainsi que les ventes extérieures de la métallurgie et la fabrication d’articles électroniques et optiques ont été les principaux moteurs de cette accélération, au moment où l’industrie de l’automobile a continué à subir les difficultés d’approvisionnement en intrants et de faible dynamique de la demande sur le marché européen.


Pour leur part, les branches tertiaires ont profité de la relance de la demande intérieure, ajoute le HCP qui les anticipations des grossistes de commandes en hausse de 11,8 points. Pareillement, l’activité des services liés aux entreprises a été « bien orientée », affichant une hausse de 3,9 % au deuxième trimestre 2024, en ligne avec l’amélioration de la production industrielle. Ce constat concerne également les activités du transport et de l’hébergement qui ont gagné « plus de vigueur » au cours de la même période.


Sur fond du recul de l’inflation, renforcement de la consommation

Après les flambées des prix à la consommation enregistrées en 2023, l’année 2024 a été marquée par des records à la baisse de l’inflation. Celle-ci, a poursuivi son reflux au cours du deuxième trimestre de 2024, reculant de près de la moitié par rapport au premier trimestre, s’établissant à 0,7 % au lieu de 1,2 % le trimestre précédent et de 6,8 % l’année dernière, rappelle la même source, soulignant que ce repli a été le résultat de la baisse de 0,5 % des prix des produits alimentaires, malgré une hausse de 1,5 % de ceux des produits non-alimentaire, principalement due à l’augmentation de l'inflation énergétique de 4,2 %, liée à l'ajustement des prix du gaz et des carburants.  L'inflation sous-jacente s’est à son tour repliée, passant de 2,5 % à 2,2 %, en raison de la diminution des prix des produits alimentaires et manufacturés.


Le recul de l’inflation a ainsi encouragé la consommation, qui a été le principal moteur de la croissance enregistrée au cours des trois derniers mois. La demande intérieure, ayant maintenu sa vigueur, a en effet contribué de 3,9 points à cette amélioration de l’économie nationale, au lieu d’une contribution nulle une année auparavant. La hausse a concerné aussi bien la consommation des administrations publiques, en hausse de 3,7 %, que des ménages, en amélioration de 3,1 %, en raison d’« un rattrapage partiel du pouvoir d’achat ». Cette dynamique devrait se maintenir au cours du troisième trimestre de 2024, alors que l'inflation devrait rester quasi-stable, atteignant environ 0,8 %, prévoit le HCP.


En parallèle, les dépenses d’investissement ont poursuivi leur évolution « modérée » avec une variation annuelle de 4,4 %, après une expansion de 16,6 % à fin 2023. « Cette modération traduit un attentisme marqué de la part des industriels dont les investissements en biens d’équipement orientés pour l’augmentation des capacités productives se seraient améliorés, induisant une hausse de 7,2 % des importations des machines et autres appareils », détaille le HCP.  Les investissements destinés à l’innovation et à la digitalisation se sont cependant ralentis, alors que le renchérissement du coût des crédits aurait poussé les entreprises privées à s’orienter principalement vers des projets d’équipement de long terme, alors que leur besoin de financement pour les investissements de court terme et la gestion des stocks serait resté limité. Globalement, l’encours total des crédits accordés aux sociétés non financières privées a connu une baisse de 1,2 % à fin mai 2024, par rapport à la même période de 2023.


Creusement du déficit commercial

Si la demande domestique a été le moteur de la croissance au cours des trois précédents mois, celle extérieure a affiché une contribution toujours négative de -0,9 point, après être ressortie à -1,1 point un trimestre auparavant. Cela a été le résultat de la hausse de 11,6 % du volume des importations nationales de biens et services et de 10,9 % de celui des exportations. Ainsi, l’amélioration de 6,4 % de la valeur des exportations, conjuguée à une hausse de 11,8 % de celle des importations a donné lieu à un creusement du déficit de la balance commerciale, engendrant un recul du taux de couverture de 2,9 points par rapport à la même période de 2023, pour atteindre 59,8 %.


Sur un autre plan, la masse monétaire aurait, légèrement, ralenti au deuxième trimestre 2024, affichant un accroissement de 4,3 %, après une augmentation de 4,4 % un trimestre auparavant, tandis que le besoin de la liquidité des banques serait resté important, bien qu’en légère atténuation, à la suite du ralentissement de la circulation fiduciaire. Les avoirs officiels de réserve se seraient accélérés de 7,9 % et les créances nettes sur l’administration centrale auraient poursuivi leur augmentation, traduisant une hausse de l’endettement monétaire du Trésor de 0,6 %. Les créances sur l’économie auraient, quant à elles de nouveau ralenti, alors que leur encours aurait augmenté au deuxième trimestre 2024 de 4,9 %, en glissement annuel, après +6,2 % enregistré un trimestre plus tôt. Avec l’allégement par Bank Al-Maghrib de sa politique monétaire, les taux d’intérêt sur le marché interbancaire se seraient stabilisés au niveau du taux directeur, marquant un recul d’un point de base de leur niveau moyen en variation annuelle.


Sur le marché de change, le dirham se serait apprécié de 1,6 % et 0,5 % respectivement vis-à-vis de l’euro et du dollar américain. Parallèlement, le marché des actions a maintenu son évolution positive, bien qu’à un rythme moins soutenu. L’indice MASI a progressé de 14,9 %, en glissement annuel, après une hausse de 25,2 % un trimestre auparavant. La capitalisation boursière s’est ainsi appréciée de 15,7 %.


Une croissance à 3,2 % au troisième trimestre

 « L’amélioration de l’économie nationale se poursuivrait au troisième trimestre 2024, dans un contexte international plus favorable », prévoit le HCP, qui s’attend à un rétablissement progressif de l’économie mondiale sur fond d’allégement des politiques monétaires et de recul de l’inflation, avec une reprise des principales économies mondiales.  A son tour, l’économie nationale devrait afficher une croissance de 3,2 % au cours des prochains mois.


Selon le HCP, en dépit d’une accélération légère de rythme de croissance des exportations nationales de biens et services, comme les importations, la contribution de la demande extérieure nette resterait négative, amputant 1,3 point à la croissance nationale.    Ainsi, celle-ci continuerait à reposer principalement sur la dynamique entretenue de la demande domestique, qui progresserait de 3,2 %. La consommation intérieure serait appuyée par les gains de pouvoir d’achat, grâce à une décélération à 0,8 % de l’inflation, au lieu de +4,9 % au cours de la même période de l’année passée, et à la hausse de leur revenu nominal en raison de l’augmentation généralisée des salaires des fonctionnaires et le maintien des transferts publics en faveur des familles pauvres.  Les dépenses d’investissement retrouveraient, également, un rythme de progression plus soutenu, avec une hausse de 5,9 % de la formation brute du capital.


Par ailleurs, alors que la dynamique des activités agricoles devrait rester limitée, les activités des autres secteurs devraient poursuivre leur croissance. La production manufacturière s’accélérerait ainsi de 4,7 %, soutenue par un redressement des exportations du textile, du matériel électrique et de l’automobile, alors que l’embellie des industries extractives se poursuivrait en parallèle à une reprise des activités tertiaires connaitraient, tirées par les branches du tourisme, du transport et des services rendus aux entreprises. Dans l’ensemble, la valeur ajoutée de l’activité hors agriculture afficherait une amélioration de 3,9 %, en variation annuelle.

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