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25.06.2024 à 14 H 32 • Mis à jour le 25.06.2024 à 16 H 04 • Temps de lecture : 8 minutes
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n°979.Baisse du taux directeur à 2,75% : l’argumentaire de Bank Al Maghrib

Le Conseil de Bank Al Maghrib réuni ce 25 juin, a opté pour une baisse du taux directeur de 25 pb fixé désormais à 2,75 %. Cette décision intervient au vu de l’amélioration de la conjoncture économique nationale et mondiale. Sur le plan international, le conseil note la relative résilience de l’activité économique et la baisse des pressions inflationnistes qui devrait se poursuivre

Après le maintien du taux directeur à 3 % pour la quatrième fois consécutive en mars dernier, le conseil d’administration de Bank Al Maghrib (BAM), réuni ce 25 juin, a opté pour une baisse de 25 points lors de cette réunion. Ainsi, le taux directeur est désormais fixé à 2,75 %.


Cette décision intervient au vu de l’amélioration de la conjoncture économique nationale et mondiale. Sur le plan international, le conseil note la relative résilience de l’activité économique et la baisse des pressions inflationnistes qui devrait se poursuivre, bien qu’à un rythme moins rapide que prévu en mars dernier, explique-t-on dans un communiqué.


Sur le plan national, les comptes nationaux annuels publiés par le HCP au titre de 2023 indiquent, comparativement aux données trimestrielles relatives à la même année, un rythme plus rapide des activités non agricoles ainsi qu’une nette amélioration de la consommation des ménages, fait savoir BAM. « En prenant en compte les indicateurs infra-annuels disponibles, ces informations laissent présager une trajectoire relativement plus élevée pour la croissance non agricole qui devrait être soutenue à moyen terme particulièrement par l’élan attendu de l’investissement public et privé », ajoute la même source.


Maîtrise de l'inflation interne

Un autre facteur important expliquant cette décision est la maîtrise de l’inflation interne. « Après des taux de 6,6 % en 2022 et de 6,1 % en 2023, elle est revenue à des taux faibles ces derniers mois, principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatil. Sa composante sous-jacente, qui traduit la tendance fondamentale des prix, est ressortie à 2,1 % en moyenne sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau d’ici fin 2025 », indique BAM dans son communiqué.


Dans ce sens, la même source souligne le « bon ancrage des anticipations d’inflation telles qu’elles ressortent de l’enquête trimestrielle de Bank Al-Maghrib auprès des experts du secteur financier », notant que celles-ci ont connu un recul significatif, revenant au deuxième trimestre de l’année à 2,7 % pour l’horizon de 8 trimestres et à 2,8 % pour celui de 12 trimestres.


Ces évolutions indiquent ainsi, selon BAM, que les mesures arrêtées au cours des précédentes réunion, ainsi que les actions publiques menées en parallèle, ont eu un impact positif permettant un allégement de la politique monétaire. « Le resserrement calibré de la politique monétaire, le suivi régulier de la transmission de ses décisions, ainsi que les mesures mises en place par le gouvernement pour soutenir le pouvoir d’achat des ménages et certaines activités économiques ont permis des progrès très notables en matière de retour de l’inflation à des niveaux 2 en ligne avec l’objectif de stabilité des prix et de préservation de la reprise post-covid de l’activité économique », étaye le même source.


Malgré cette baisse du taux directeur, le conseil de BAM, souligne-t-on, continuera de suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et de l’inflation aussi bien au niveau national qu’international. Dans ce cadre, BAM note notamment la persistance d'incertitudes au niveau mondial.  « Ces perspectives restent toutefois entourées d’un niveau élevé d’incertitudes, en lien notamment avec la persistance des tensions géopolitiques et des conflits en Ukraine et au Moyen-Orient  », note-t-on.

Une conjoncture économique plus favorable que prévu

Ces incertitudes n'écartent cependant pas une amélioration de la conjoncture tant au niveau local qu'international. Les prévisions de BAM ressortent au contraires optimistes à cet égard. L'institution dirigée par Abdellatif Jouahri prévoit en effet la poursuite de la décélération de l'inflation à moyen terme pour se situer au niveau mondial de de 4,7 % en 2023 à 3,5 % en 2024 puis à 3,1 % en 2025. Le recul de l'inflation serait principalement dû à la baisse des cours mondiaux des matières premières. Ces baisses concernerait principalement les denrées internationales. « Après la contraction de 13,7 % observée en 2023, l’indice FAO devrait diminuer de 4,6 % en 2024, avant de marquer une progression de 4,3 % en 2025  », indique le communiqué de BAM.


En parallèle, pour ce qui est du phosphate et ses dérivés d’origine marocaine, le prix du DAP reculerait, selon les projections de la Commodities Research Unit, de 591 dollars la tonne en 2023 à 564 dollars en 2024, en lien notamment avec le repli du coût des intrants, mais devrait se situer en 2025 à des niveaux proches de ceux enregistrés en 2023. Quant au phosphate brut, la baisse des prix devrait se poursuivre revenant de 271 dollars la tonne en 2023 à 230 dollars en 2024, puis à 212 dollars en 2025.  En revanche, soutenu par l’accroissement de la demande mondiale et la prolongation des réductions de production de l’OPEP+, le cours du pétrole devrait s’inscrire en légère hausse, passant de 82,2 dollars le baril de Brent en moyenne en 2023 à 84,7 dollars en 2024 puis à 86 dollars en 2025.


Sur fond de recul de l'inflation mondiale, la croissance de l'économie mondiale devrait connaitre une décélération moins rapide que prévu en mars dernier, ajoute BAM. Cette amélioration serait attribuable à l'accélération de la croissance dans les principales économies mondiales, notamment aux Etats-Unis dont le PIB augmenterait de 2,1 % cette année puis de 1,4 % en 2025, et celle européenne qui connaîtrait une accélération bien que restant faible et passerait de 0,5 % en 2023 à 0,9 % en 2024 puis à 1,8 % en 2025. L’économie chinoise continuerait de pâtir de différentes difficultés, mais sa croissance atteindrait l’objectif de 5 % cette année grâce en partie au renforcement de la demande extérieure, avant de décélérer à 4,8 % en 2025. L’économie indienne, quant à elle, devrait en revanche rester vigoureuse à moyen terme, avec une progression du PIB de 6,8 % en 2024 et de 6,6 % en 2025.


Au niveau national, la croissance économique devrait revenir à 2,8 % en 2024 avant de s’accélérer à 4,5 % en 2025. Celle-ci, rappelle BAM, avait connu une accélération de 1,5 % en 2022 à 3,4 % en 2023, résultat d’une amélioration de 3,5 %, après 3,4 %, de la valeur ajoutée non agricole, et d’un léger redressement de 1,4 %, après une contraction de 11,3 %, de celle agricole.  A moyen terme, la croissance continuera à être tirée par les activités non agricoles, qui devraient se raffermir à des rythmes de 3,8 % en 2024 et de 4,1 % en 2025, à la faveur notamment des différents chantiers lancés et programmés, de la poursuite de la dynamique des activités liées au tourisme et de la consolidation de la consommation des ménages en relation avec le repli de l’inflation et les revalorisations salariales.


En revanche, les activités agricoles auraient une contribution limitée à cette croissance, alors que la production du secteur primaire reste tributaire des conditions climatiques. Selon BAM, la valeur ajoutée agricole reculerait de 6,9 % en 2024, au vu notamment d'une faible récolte céréalière estimée par le département de l'Agriculture à 31,2 millions de quintaux. La valeur ajoutée agricole devrait ebondir de 8,6 % en 2025 sous l’hypothèse d’un retour à une récolte céréalière moyenne de 55 millions de quintaux.


A son tour, l'inflation domestique devrait de maintenir à des taux limités. Après des taux de 6,6 % en 2022 et de 6,1 % en 2023, celle-ci est revenue à des niveaux bas ces derniers mois, principalement tirée par l’atténuation des pressions d’origine externe et la baisse des prix des produits alimentaires à prix volatils. Tenant compte de ces réalisations et de la reprise du processus de décompensation, elle devrait terminer l’année en cours sur un taux moyen de 1,5 % et s’élever en 2025 à 2,7 %. Sa composante sous-jacente, qui traduit la tendance fondamentale des prix, est ressortie à 2,1 % en moyenne sur les cinq premiers mois de l’année et devrait rester proche de ce niveau d’ici fin 2025, estime BAM.


Amélioration des finances publiques

Pour ce qui est des conditions monétaires, le besoin de liquidité bancaire devrait s’atténuer légèrement, revenant de 111,4 milliards à fin 2023 à 109,8 milliards de dirhams à fin 2024, avant de se creuser à 133,6 milliards à fin 2025, tiré principalement par l’expansion prévue de la monnaie fiduciaire.  Selon BAM, la progression du crédit au secteur non financier devrait s’accélérer de 2,7 % en 2023 à 4,4 % en 2024 et à 5,2 % en 2025. S’agissant du taux de change effectif réel, considérant le différentiel d’inflation avec les principaux partenaires et concurrents commerciaux et sa hausse en termes nominaux, il devrait poursuivre sa légère appréciation à des taux de 0,5 % en 2024 et de 0,2 % en 2025 après 0,8 % en 2023, prévoit la même source.


Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de 2024 fait ressortir une amélioration de 10,8 % des recettes ordinaires portée par l’augmentation des rentrées fiscales. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 1,2 %, tirées par celles au titre des biens et services, alors que les charges de compensation et les dépenses d’investissement se sont inscrites en baisse. Au regard de ces réalisations, de l’ouverture de crédits supplémentaires au titre du budget général d’un montant de 14 milliards de dirhams, dont près de la moitié consacrée aux revalorisations salariales décidées dans le cadre du dialogue social, ainsi que de l’actualisation de ses projections macroéconomiques, Bank Al-Maghrib table sur une stabilité du déficit budgétaire à 4,4 % du PIB cette année et son allègement à 4,1 % en 2025.

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