Interconnexion Maroc-UK : Xlinks acte son retrait du processus de négociation avec Londres

Le groupe britannique Xlinks a annoncé, dans une déclaration rendue publique à Londres le 1er juillet, le retrait formel de sa demande d’autorisation soumise en novembre 2024 auprès du Planning Inspectorate britannique, chargé de l’instruction des projets d’infrastructures majeures. Ce retrait fait suite à la décision du Department for Energy Security and Net Zero (DESNZ), annoncée le 26 juin, de ne pas poursuivre la négociation d’un « contrat pour différence » (CfD) pour soutenir le projet.
Dans une lettre adressée aux autorités de planification, Xlinks explique que cette décision du gouvernement britannique modifie les conditions de développement du projet et rend nécessaire une révision majeure de l’approche envisagée jusqu’à présent. « Xlinks accélère désormais les plans pour une approche alternative de livraison du projet », précise la lettre, ajoutant que celle-ci pourrait impliquer des modifications substantielles nécessitant une nouvelle phase de concertation, de révision du design et d’évaluation des impacts. Dans ce contexte, le groupe estime qu’il « ne serait pas judicieux de poursuivre l’examen du dossier à ce stade ».
Ce changement de cap survient alors même que le projet, désigné en 2023 comme « d’importance nationale » par le gouvernement britannique, était présenté par ses promoteurs comme un levier stratégique pour diversifier les sources d’approvisionnement du Royaume-Uni, tout en renforçant la sécurité énergétique et en réduisant les coûts de gros de l’électricité.
Dans un communiqué diffusé dans la foulée, Sir Dave Lewis, président exécutif de Xlinks, n’a pas caché sa « profonde déception ». « Nous sommes extrêmement surpris que le gouvernement britannique se détourne d’une opportunité permettant de libérer une valeur substantielle comme celle qu’un projet d’énergie renouvelable de grande ampleur pourrait offrir », avait-il déclaré. Selon lui, le projet n’aurait nécessité aucun investissement initial de l’État et proposait un prix CfD « particulièrement compétitif ». Il aurait permis de baisser de plus de 9 % les prix de gros de l’électricité dès la première année, de réduire de 10 % les émissions du secteur énergétique britannique et de couvrir jusqu’à 8 % des besoins nationaux en électricité.
Xlinks affirme en outre que le projet avait déjà mobilisé plus de 100 millions de livres d’investissements de la part d’acteurs majeurs du secteur, et que les bailleurs potentiels se pressaient pour financer la phase de construction.
Tout en rappelant le soutien actif du Maroc, présenté comme un « leader mondial des énergies renouvelables » ayant su créer un environnement propice à la coopération internationale, Xlinks dit vouloir « libérer le potentiel du projet d’une manière différente », sans pour autant préciser quelle nouvelle stratégie sera adoptée.
Le retrait de la demande d’autorisation ne signifie donc pas l’abandon pur et simple du projet. Xlinks laisse entendre qu’il pourrait revenir avec une version révisée ou chercher d’autres mécanismes de financement et de contractualisation, dans un contexte où le Royaume-Uni tente de revoir à la baisse ses engagements budgétaires en matière de transition énergétique.
Mais cette décision constitue un sérieux coup d’arrêt pour ce qui était jusqu’ici présenté comme l’un des projets les plus ambitieux au monde en matière d’interconnexion énergétique, mêlant 3 800 km de câbles sous-marins HVDC, des centrales solaires et éoliennes implantées au Maroc et une capacité d’exportation de 3,6 GW vers le Royaume-Uni.
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