
Photo Achraf Baznani, le photographe-voyou qui veut terroriser la presse
C’est l’histoire d’un photographe au comportement psychotique qui veut bâtir sa réputation d’artiste sur le plagiat, le mensonge et aujourd’hui la menace caractérisée contre la presse qui dénonce ses forfaits.
En septembre dernier, la journaliste Nouhad Fathi avait dévoilé dans nos colonnes que le travail d’Achraf Baznani était le fruit d’un plagiat éhonté d’un artiste canadien du nom de Joël Robison.
L’article avait été largement diffusé sur les réseaux sociaux, repris par d’autres médias, mais surtout partagé par un nombre impressionnant de professionnels de la photographie dans le monde, tous choqués par le culot du Marocain à vouloir sans gêne s’approprier le travail d’un autre avec autant de prétention et de morgue.

Résultat, tous les comptes Facebook qui ont partagé l’article en question ont été suspendus, y compris celui du Desk et celui de sa directrice générale, une action menée par Baznani auprès du réseau social en ameutant une foule d’internautes manipulés et acquis à sa cause.

Le « photographe » marrakchi s’est défendu par la suite en donnant des interviews à des médias complaisants à son égard parmi ceux les plus susceptibles de désavouer Le Desk. Il avait aussi transmis un droit de réponse au Desk sous forme de complainte, mais qui ne répondait pas aux interrogations légitimes sur son évident plagiat, prétendant que le dénoncer était tout simplement un acte « de haine ». Le Desk avait logiquement refusé de publier sa diatribe ne comportant aucune réponse concrète et valable.
Sans se justifier sur les preuves accumulées contre lui par Le Desk, Baznani y a insisté sur l’originalité de ses réalisations, des inspirations qu’il prétend avoir puisées dans les œuvres de Peter Hande, Rob Letterman et Tim Burton , mais aussi dans les propositions des 120 000 facebookers qui le suivent (sic !) . « Je ne pense pas que mon succès soit venu par hasard car les prix que j'ai obtenus étaient pour des œuvres originales dont les idées étaient sans précédent dans l'Histoire » a-t-il écrit dans son mail où la fanfaronnade le dispute au déni le plus invraisemblable.
Selon lui, le fait que son travail ait été publié dans le National Geographic Magazine est « la meilleure preuve de la particularité de (ses) idées ». Les prix, par lesquels il a été récompensé affirme-t-il, ne lui ont été décernés qu’après la tenue d’un « comité spécialisé dans le domaine de la photographie » composé de « grands docteurs » dont l’intégrité « ne peut être remise en question ». Il nie bien entendu avoir nui à la réputation de Joel Robison et esquivé les réponses de la journaliste qui l’a contacté, sous prétexte qu’il était pris par son exposition au palais présidentiel à Abidjan.

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Achraf Baznani a également accordé quelques interviews dont lesquelles il a repris les éléments de son droit de réponse. Au site Barlamane, qui lui a offert une tribune aussi complaisante qu'aggressive et insultante, il a affirmé que l’article du Desk est « un coup monté dans le but de lui nuire, écrit par des journalistes amateurs et corrompus ayant une dent contre les politiciens et les artistes marocains ». Et aux questions tout aussi mielleuses et conciliantes de Morocco World News, il a répondu que les « allégations » du Desk sont « tellement graves qu’elles méritent une poursuite judiciaire ».
Egocentrique, passablement agité et imbu de sa petite personne, Baznani aime insister sur le fait qu’un journaliste n’a aucune légitimité pour le contacter, à moins qu’il ait un diplôme en histoire de l’art. Il ne serait pas inutile de rappeler que ce plagiaire, lui-même, n’est passé par aucune école d’art, ni assisté à un seul cours de photographie digne de ce nom pour avancer un tel stupide argument.
Contrairement à ce qu’il a déclaré dans ses interviews, Achraf Baznani n’a pas été appelé par nos soins, mais a été contacté par écrit sur sa page Facebook. La première prise de contact a été établie le 16 août, les questions ont été envoyées le 24 août au lendemain duquel il s’est excusé de ne pas pouvoir répondre en raison de son déplacement en Côte d’Ivoire – son exposition s’est tenue du 25 au 27 août au palais présidentiel à Abidjan – et il a été relancé le 29 août. A cause de son mutisme, l’article n’a été publié sur notre site que le 11 septembre. Autant dire qu’il a eu largement le temps de répondre pour peu qu’il l’ait voulu. Ceci pour la précision chronologique, quant aux prix et distinctions, il serait utile de s’attarder sur son modus operandi pour comprendre comment il est arrivé à les obtenir et à s’en targuer de la sorte.
D’abord, sur la liste des récompenses précédemment publiée sur son site web – elle a été supprimée depuis -, deux prix n’existent que virtuellement et n’apparaissent véritablement que sur sa propre page Wikipedia et certains sites obscurs perdus au fin fond de la Toile. B2Zone et Golden Orchid Grand Prize seraient pour ainsi dire que le pur produit de son imagination farfelue ou d'une énième manigance dont il a le secret. Il affirme également avoir décroché l’International Prize Colosseo cette année, mais aucune photo de lui dans une cérémonie de remise dudit prix à Rome n’existe pour confirmer ce qu’il prétend. De quoi épaissir le doute sur la réalité de ces événements éphémères.
En guise de preuve pour sa distinction au Colosseo, il a posé devant un mur ocre rappelant les demeures de Marrakech, ville de sa résidence, en tenant une boîte en velours bleu sur laquelle a été collée une photo du Colisée de Rome et quelques phrases qui la ferait passer pour une récompense de grande valeur alors qu'il ne s'agit tout au plus que de breloques distribuées par des magazines italiens de seconde zone qui ne répondent d'ailleurs pas aux sollicitations des médias qui les interrogent comme l'a fait Le Desk sur le cas Baznani . Les seuls prix qu’il a effectivement décrochés sont ceux du Park Art Fair International et le concours d’un webzine qui s’appelle Notindoor Photography. Ces deux prix sont mineurs pour ne pas dire totalement insignifiants. Le premier récompense les artistes qui acceptent d’accrocher leurs œuvres dans un parking de voitures à Triberg, une ville allemande de moins de 6 000 habitants, et la seconde est dotée d’une enveloppe de 300 dollars et d’un an de souscription gratuite au logiciel Photoshop CC. Du pur marketing commercial en somme.
Quant à sa visibilité sur les moteurs de recherche, Achraf Baznani envoie tout simplement des communiqués de presse à des sites de communication hébergés dans des contrées lointaines, comme le sultanat de Brunei, ou à des sites de promotion gratuite de communiqués, comme prfree.org. Sur des sites participatifs où, de toutes manières, n’importe quel artiste est invité à promouvoir à titre gracieux son travail, il ne tarit pas d’éloges … sur sa propre personne, et n’oublie pas de commenter - bien seul - ses propres articles.
En sus de Hebernews dont Le Desk a déjà évoqué l'usage dans son premier article, il a, créé un blog parmi un chapelet d'autres pages contrefaites sur Internet, où il se rend justice contre un plagiat dont il accuse en retour... Joel Robison. Un comble. Les véritables sites qui parlent de lui, sont des agrégateurs d’articles clickbait et de listicles, dont on connaît le peu de méticulosité à vérifier le contenu des contributions externes qui leur sont soumises online, à l’instar de Ufunk, ou des petits sites localisés aux Etats-Unis dont les initiateurs sont juste contents de publier du contenu exotique pour élargir leur lectorat à l’étranger, notamment en Afrique.
Dans sa rhétorique défensive, Achraf Baznani aime mettre en exergue les magazines et les galeries qui ont exposé son travail, et omet d’évoquer ceux qui l’ont rejeté après avoir découvert sa supercherie.
Contactée par Le Desk, Nathalie Locatelli, fondatrice de la galerie 127 à Marrakech, nous a racontés ses déboires avec Baznani. Surprise par sa démarche d’artiste « surdoué avec une dimension artistique attachante », elle l’a joint l’année dernière dans le but d’exposer son travail. « On s’est rencontré et on a constitué l’exposition. Comme à tous les artistes, je lui ai demandé s’il pouvait signer un contrat dont l’une des clauses stipule qu’il atteste et garantit qu’il est le seul propriétaire des droits de ses photographies et qu’il est bel et bien l’auteur de ses œuvres », se souvient la galeriste. La veille du vernissage, elle a partagé l’événement sur Facebook et certains de ses contacts ont tout de suite noté les similitudes avec le travail de Joel Robison.
« J’avais déjà tiré les images et imprimé les cartons d’invitation que j’ai envoyés à toutes les ambassades du monde. Je lui ai demandé des explications il a d’abord fait semblant de ne pas comprendre de quoi je parle et il a évoqué l’inspiration, alors que c’est clairement du plagiat ». Locatelli, dont on ne peut soupçonner l'extrême rigueur professionnelle et la rectitude, a décidé de rompre le contrat après une perte de plus de 3 000 euros qu’il est contractuellement obligé de rembourser. Une poursuite judiciaire a été envisagée, mais elle n’a pas eu lieu pour la simple raison que Baznani ne lui a pas fourni sa véritable adresse. « J’ai fait mon enquête, et j’ai appris qu’il était instituteur, travaillant entre Boujdour et Laayoune », a-t-elle affirmé.
Fait aussi bizarre qu'étonnant, en 2007, le site d’information Hespress avait publié un article sur un certain Achraf Baznani de Boujdour, qui harcelait la rédaction dans l’espoir de vendre des informations dangereuses sur le Prince Moulay Rachid, le philosophe et intellectuel de renom Mehdi El Mandjra, une usine d’armement à Ben Guérir, la bague du roi, le réseau des espions marocains officiant au sein de l’armée algérienne, ainsi que des vidéos montrant des soldats marocains en train de violer des jeunes femmes kosovares. Surréaliste et inquiétant.
A l’international, Halation Magazine, une publication artistique américaine basée en Floride, a refusé de promouvoir le travail d’Achraf Baznani après qu’il ait envoyé sa candidature à la rédaction. « Nous avons contacté Baznani pour lui demander des explications quant aux allégations que nous avons lues à son propos. Il a, sans hésitation, insisté sur le fait qu’il était le seul créateur de ses œuvres, malgré l’existence des preuves empilés contre lui. Nous lui avons expliqué que nous ne publierons pas le travail qu’il a présenté et cela s’est arrêté là », a relaté au Desk Daydon Cyrile de Halation Magazine.
Quant à son exposition chronophage à Abidjan, point culminant de sa carrière de faussaire, il ne l’aurait pas eu s’il n’avait pas capitalisé sur les efforts de Nathalie Locatelli. « J’ai appris qu’il courrait toutes les ambassades auxquelles j’ai envoyé des cartons d’invitation pour qu’on sache qu’il est un artiste marocain intéressant », nous a-t-elle confié. Juste avant Abidjan, il avait exposé à la galerie de la Fondation Mohammed VI à Rabat. Après plusieurs jours de relance, l’institution n’a pas donné suite à nos demandes d’explications. Ceci dit, une source de la scène artistique rbatie nous a assuré que la fondation ne dispose pas de commissaire d’exposition et que la sélection des artistes se fait en interne sans la moindre vérification scientifique. On comprend mieux aujourd’hui leur gêne à répondre aux enquêtes du Desk sur cet insondable manipulateur.
Dans une attitude victimaire, Achraf Baznani persiste dans sa volonté d’en découdre avec Le Desk qu’il accuse follement de saper le travail des artistes marocains, africains et arabes. Evidemment, une simple consultation des pages culturelles de notre site prouve que cet énergumène sombre dans le délire paranoïaque. Si son travail était original, nous serions les premiers à l’encourager. Ce qu’a fait Baznani, ce n’est pas seulement du plagiat, il a tenté de salir la réputation d’un autre artiste dans le but de s’approprier le succès et, par la même occasion, salir celle de ses « confrères » marocains puisque Joel Robison est un photographe connu et que cette histoire a fait tâche à l’international.


L’histoire du photographe-voyou qui insulte à longueur de posts sur Facebook les promoteurs et les journalistes du Desk de « mercenaires », de « putes », de « chiens » et de « proxénètes » aurait pu s’en arrêter là, mais fort de son armée électronique « recrutée » sur Facebook et de l’incompréhensible soutien de magazines comme La Dépêche fondée par Ilyas El Omari et de VH appartenant au groupe de presse de la famille Lahlou, il continue à remuer ciel et terre pour faire oublier son parcours de contrefacteur.

Dernière offensive en date, Baznani cherche par tous les moyens à faire retirer du Desk les images compromettantes prouvant que ses « œuvres » sont loin d’être originales comme il le prétend à cors et à cris. Pour ce faire, il a bombardé de mails menaçants la société informatique OVH qui héberge Le Desk faisant valoir le fait que ses « photographies » sont protégées par le… copyright ! Manœuvre pour le moins crapuleuse quand on sait que celles-ci représentent la preuve de son propre plagiat.

Dans un message grandiloquant rédigé en anglais et adressé le 14 décembre 2016 à la rédaction du Desk avec copie à OVH, Baznani réclame même une compensation de 10 000 dollars ! Une missive dont il a, comme pour tout ce qu’il entreprend, caviardé le contenu, allant jusqu’à faire référence à des procédures légales prévues par la réglementation fédérale des Etats-Unis…
Face à cette situation insensée et pitoyable, Le Desk a décidé de porter l’affaire devant la justice.
Nota Bene : L'essentiel des éléments de cette contre-enquête a été obtenu, compilé et rédigé par la journaliste Nouhad Fathi.