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04.03.2017 à 09 H 22 • Mis à jour le 04.03.2017 à 09 H 22 • Temps de lecture : 5 minutes
Par et

Pop culture Banksy signe un hôtel en Cisjordanie, miroir de l’hérésie israélienne

L'artiste de rue britannique mondialement connu a révélé le 3 mars à Bethléem sa nouvelle création dans les Territoires palestiniens occupés : un hôtel jouxtant le mur de séparation érigé par Israël. Visite guidée

Hotel Walled-Off est à l'image de l'oeuvre de Banksy transfigurant la réalité avec poésie et une fausse naïveté : les chambres donnent directement sur le mur, un des emblèmes d'un conflit vieux de presque 70 ans.


Hotel Walled-Off s'inscrit aussi dans une actualité qui fait la part belle aux murs de séparation.


Bienvenue au Walled-Off Hotel, ou l'hôtel coupé par le mur ! Histoire de donner le ton, c'est un singe habillé en groom qui se charge d'accueillir le client... / AFP PHOTO / Thomas COEX


L'établissement offre la pire vue que l'on puisse avoir d'un hôtel, a affirmé Bansky dans un communiqué. Walled-Off joue sur le nom d'une chaîne d'hôtels de luxe (Waldorf)  et walled off, ( coupé par le mur) en anglais.


L'établissement, bâti du côté palestinien, se vante de proposer la pire vue que l'on puisse avoir d'un hôtel. De fait, il se situe à quelques mètres seulement de l'imposant mur de séparation qui jouxte la ville de Bethléem. / AFP PHOTO / Thomas COEX


Dans un ancien immeuble résidentiel situé à quelques mètres du mur et vidé de ses occupants, Banksy a reconstitué avec son équipe un hôtel à l'intérieur un peu suranné, s'amusant à détourner des motifs célèbres pour la décoration.


L'intérieur est parsemé d'œuvres portant la patte de Banksy, qui s'est chargé de l'aménagement de sept chambres. Deux autres ont été décorées par des artistes canadiens et palestiniens. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Sur les neuf chambres, sept ont été décorées par Banksy lui-même, tandis que les deux autres l'ont été par des artistes canadiens et palestiniens


L'hôtel, qui n'est pas seulement un projet artistique, ouvrira à compter du 20 mars. Ses tarifs démarrent à 30 dollars la nuit. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Au-dessus d'un des lits, un soldat israélien et un manifestant palestinien se livrent à une bataille d'oreillers. Dans la suite présidentielle, un jacuzzi est alimenté par un ballon d'eau ressemblant à ceux installés sur les maisons de nombreux Palestiniens.


Dans la suite présidentielle, un ballon d'eau comme ceux que l'on voit sur les maisons de nombreuses habitations de la région. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Le directeur de l'hôtel Wissam Salsaa insiste toutefois sur le fait qu'il ne s'agit pas d'un simple projet artistique, mais d'un véritable hôtel avec des chambres à louer à partir du 20 mars à 30 dollars la nuit pour les plus abordables.


Banksy, dont ni l'identité ni le visage ne sont connus, n'était pas présent, laissant d'autres parler pour lui.


Les conflits, le mur et les Territoires palestiniens sont une source d'inspiration pour Banksy, rendu célèbre par ses peintures anonymes au pochoir dans l'espace public.


Une grande partie de la ville de Bethléem vit à l'ombre du mur.


Comme tout établissement international qui se respecte, le Walled-Off Hotel proposes des pendules avec différents fuseaux horaires. Mais qui ne sont pas correctement réglées. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Israël a commencé en 2002 la construction de cette barrière, composée à cet endroit de blocs de béton de plusieurs mètres de haut, pour se protéger des incursions de Cisjordanie occupée en pleine vague d'attentats palestiniens au cours de la deuxième Intifada. Achevée aux deux tiers, la barrière alternant tronçons en béton et clôtures, doit atteindre à terme environ 712 km, selon l'ONU.


Au-dessus du lit, un cœur sinistre avec un pansement. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Empiétant à 85 % en Cisjordanie, elle est pour les Palestiniens l'un des symboles les plus honnis de l'occupation israélienne.


Du côté palestinien, le mur est à la fois un lieu de protestation habituel et un terrain d'expression politico-artistique. Les fresques qui le recouvrent par endroits en font une attraction.


Les chambres de l'établissement offrent un véritable parcours initiatique dans la complexité du conflit à travers la puissance de l'art/ AFP PHOTO / THOMAS COEX.


Banksy s'était déjà rendu à Bethléem en 2007, laissant derrière lui un certain nombre de graffitis, dont une fillette en robe fouillant au corps un soldat les bras en l'air, son fusil posé à côté de lui.


Accompagné d'une quinzaine d'autres artistes, il avait séjourné en secret dans la ville où est né Jésus selon la tradition chrétienne, et avait exposé ses oeuvres dans une galerie éphémère installée sur la place principale, face à l'église de la Nativité.


Une fausse télé détourne la chaîne CNN. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Les profits avaient été reversés à des oeuvres charitables pour les enfants et les hôpitaux palestiniens.


Certaines de ses peintures avaient atteint des centaines de milliers de dollars aux enchères.


En 2005, il avait peint neuf pochoirs sur le mur. Il avait alors affirmé que le mur, appelé « barrière de sécurité » par Israël et « mur de l'Apartheid » par les Palestiniens, était illégal. Le mur « est la destination touristique ultime pour les graffeurs », disait-il.


Le style léopard à l'honneur dans un des salons. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Ses pochoirs - dont une échelle posée sur le mur, une petite fille emportée par des ballons et une fenêtre s'ouvrant sur un paisible paysage montagneux - voulaient mettre en évidence l'impact du mur sur la vie des Palestiniens 


Pour mener à bien son projet, Banksy a rénové un ancien immeuble résidentiel. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


En 2015, il serait entré secrètement par un tunnel dans la bande de Gaza recluse pour peindre trois oeuvres sur les murs de l'enclave palestinienne dévastée l'année précédente par une nouvelle guerre avec Israël.


À trois semaines de l'ouverture, le personnel est déjà au complet. / AFP PHOTO / THOMAS COEX


Banksy, qui entretient le plus grand mystère sur son identité, a commencé à se faire connaître en 2003 à Londres par ses graffitis subversifs - gardes royaux en train d'uriner sur un mur, policiers échangeant un baiser passionné.

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