
Expo L’exposition « Miroir Collectif » fait dialoguer les artistes au-delà des âges
Comment des figures de générations différentes sont arrivées à communiquer, à partager la même expérience artistique sans même se rencontrer ? C'est à cette question que tente de répondre l'exposition « Miroir Collectif », lancée depuis le 20 juin et qui durera jusqu'au 1er septembre, au musée de Bank al-Maghrib à Rabat en partenariat avec le Comptoir des mines de Marrakech.

Dans un agencement minutieux, l'exposition donne lieu à une rencontre atypique entre des générations d'artistes, n'ayant pour la plupart pas pu se connaître de leur vivant, mais pourtant ayant travaillé sur les mêmes thématiques. Quatre en ressortent : l'identité, le territoire, l'héritage culturel et la condition humaine. Trois thèmes travaillés et retravaillés par les artistes marocains qui, tout en étant les miroirs de leur époque, prouvent que le Maroc est intimement lié à ces thèmes et, souvent, causes.


Pour certains artistes « s'ils avaient été vivants et contemporains, ils auraient travaillé ensemble », nous glisse Hicham Daoudi, chef d'orchestre de ce projet ambitieux et de grande envergure. « La majorité des œuvres exposées ont été faites par ces artistes alors qu’ils avaient entre 30 et 40 ans, mais à des époques différentes », ajoute-t-il.

Sur place, un Kacimi communique aisément avec un Mustapha Akrim à titre d’exemple. Pourtant, des décennies les séparent tout en ne les empêchant pas de se réunir le temps d’une exposition, avec leurs œuvres respectives disposées côte à côte…

D’autres artistes, contemporains pour certains sont également présents. La majestueuse fresque de Mariam Abouzid Souali, extraite de l’exposition Mare Nostrum, vient se dresser au-dessus d’une réalisation de Mustapha Akrim. Des photos de Khalil Nemmaoui sont aussi là pour aborder la question de la migration et de la condition humaine. Celle-ci étant également traitée par Mounir Fatmi dans une réalisation évoquant l’endoctrinement religieux.



Autant de contemporains qui viennent bousculer les pionniers de l’art contemporain, Jilali Gharbaoui ou encore Ahmed Cherkaoui, et qui n’hésitent pas à aborder les mêmes thèmes que leurs prédécesseurs, comme pour rappeler les préoccupations permanentes d’un Maroc qui ne cesse d’être au centre des problématiques mondiales.
En filigrane de l’entreprise qu’est celle de « Miroir collectif », la volonté de prouver – une fois n’est pas coutume -, que l’art marocain ne fait qu’un, nonobstant les différences d’âge et d’époque. Ce même art arrive à trouver des thèmes de prédilection, bien loin que celles qu’on voudrait trop souvent lui accoler et qui pourraient servir quelques ambitions folkloriques. Au Maroc, ça serait se tromper de ne pas dire que l’art n’est pas une affaire sérieuse. Condition humaine, identité, territoire, l’art se révèle être plus engagé que jamais, n’hésitant pas à faire appel à l’audace pour porter des causes.
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