
Auctions Petite histoire du « couple », vendu par Fouad Filali à Moulay Hafid Elalamy
Entre autres révélations des Panama papers sur Fouad Filali, il y a cette vente en octobre 2009 d’une sculpture monumentale de Jacques Zwobada conclue pour 95 000 euros à travers la société offshore Bacha Management Ltd domiciliée aux Iles Vierges Britanniques. Son heureux acquéreur n’est autre que son vieil ami, Moulay Hafid Elalamy, aujourd’hui ministre de l’Industrie.

L’œuvre, un bronze vert nuancé de près de deux mètres de haut, pesant 262 kg, est de Jacques Zwobada, né à Neuilly le 6 août 1900. Sa famille était d’origine slave par son père, entrepreneur de peinture, parisienne et picarde par sa mère.
Les Zwobada étaient installés en France depuis le 18ème siècle. Enfance et adolescence bourgeoises à Neuilly, études au lycée Pasteur, sa passion pour le dessin s’éveille dès ses 17 ans. Il reçoit peu après le choc de Rodin dont la sculpture le marquera toute sa vie.
Tournant dans sa carrière, en 1929, il est Premier prix, avec le sculpteur René Letourneur, du concours international pour le monument de Bolivar à Quito en Equateur. Zwobada et Letourneur mettront quatre ans à exécuter cette oeuvre colossale à sa grandeur réelle dans les ateliers qu’ils ont installés à Fontenay-aux-Roses.
Une glorification de l’amour éternel
Les deux hommes sont désormais amis et inséparables. Cependant, en 1948, Jacques Zwobada épouse Antonia Fiermonte, artiste italienne ayant fui l’Italie mussolinienne, qui vient de divorcer de René Letourneur. Antonia et René ont eu fille, Anne … la mère de Fouad Filali.
La passion amoureuse de Zwobada pour Antonia se traduira dans son œuvre par la glorification du corps de la femme aimée. Le couple, réalisé en 1956, en est l’une des ultimes expressions artistiques.
Antonia meurt le 3 avril de la même année. Zwobada décide de lui élever dans le cimetière de Mentana, près de Rome, un monument funéraire que dessinera son ami l’architecte Paul Herbé, où il voudrait réunir l’essentiel de ses sculptures. Ce projet qui ne sera que partiellement réalisé, est toujours en cours d’achèvement. Zwobada meurt à Paris le 6 septembre 1967. Il est enterré près d’Antonia dans le monument qu'il avait voulu pour sa tendre épouse...
DISCLAIMER. A noter que la cote de Jacques Zwobada indique le peu d’appétence du public pour son œuvre. Le prix que les amateurs sont prêts à attacher à ses créations, dans le cas d’espèce ses sculptures, demeure assez bas. Au marteau, s’agissant des trois seules créations de ce genre adjugées par Artcurial, Cornette de St-Cyr et Briest, le prix n’a jamais atteint les 8 000 euros pour une estimation plafond de 12 000 euros.
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