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21.01.2025 à 18 H 17 • Mis à jour le 21.01.2025 à 18 H 19

Hydrocarbures : des écarts de prix qui persistent et des marges qui repartent à la hausse

Le Conseil de la concurrence a publié le 20 janvier son troisième reporting au titre de l’année 2024 sur les engagements pris par les pétroliers dans le cadre de l’affaire sur les pratiques anti-concurrentielles sur le marché des hydrocarbures. Voici ce qu’il en ressort



Le Conseil de la concurrence poursuit son monitoring du secteur des hydrocarbures. L’institution présidée par Ahmed Rahhou vient de rendre public son reporting du 3ème trimestre de 2024, relatif au suivi des engagements pris par les neuf sociétés qui contrôlent le marché de distribution en gros du gasoil et d'essence dans le cadre des accords transactionnels conclus en 2023.


Pour le deuxième semestre consécutif, les données du rapport font ressortir une baisse des prix aussi bien à l’international qu’au niveau national. Cependant, si les coût d’achat, les prix de cession aux stations-service et ceux de vente à la pompe ont tous suivi le trend baissier des cotations internationales, l’évolution des variations de ceux-ci montre que les baisses n’ont pas entièrement été répercutées sur les prix de vente à la pompe, avec des écarts qui ont persisté.


Des baisses de prix qui ne touchent pas le consommateur final

« Durant le 3ème trimestre de l’année 2024, le marché a été caractérisé par des tendances baissières des trois variables, à savoir les cotations CIF (Cost, Insurance, and Freight, ou Coût, assurance et fret, ndlr) internationales, les coûts d’achat et les prix de cession ». Toutefois, quelques différences des niveaux de variation ont été enregistrées.  Si la variation des cotations par rapport aux coûts d’achat a enregistré une baisse quasi-identique dans le cas du gasoil, la diminution a été « un peu plus importante » dans le cas de l’essence, avec un écart 0,36 DH/L.


En ce qui concerne l’évolution des prix de cession aux stations-service, la moyenne des variations relevée au 3ème trimestre de l’année 2024 est de -0,72 DH/L pour l’essence, un niveau de baisse quasi-similaire à celui constaté sur les coûts d’achat (0,69 DH/L). Quant au gasoil, les prix de cession ont baissé de 0,42 DH/L, moins de 27 centimes que la baisse des coûts d’achat (0,69 DH/L).


Pourtant, ces baisses n’ont pas été entièrement répercutées sur les prix d’achat par le consommateur final. Comme le souligne le Conseil présidé par Ahmed Rahhou, l’analyse des données du 3ème trimestre de l’année 2024, indique que « cette période s’est caractérisée par des tendances de variations baissières des cotations CIF relativement plus importantes par rapport aux prix de vente à la pompe, aussi bien pour le gasoil que pour l’essence  ».


En effet, pour le gasoil, alors que la somme des variations des cotations CIF de toutes les quinzaines de ce trimestre a enregistré une baisse de 0,68 dirhams par litre (DH/L), le prix de vente TTC à la pompe a enregistré une diminution d’environ 0,48 DH/L. Pareillement pour l’essence, la cotation CIF moyenne trimestrielle a baissé de 1,05 DH/L alors que le prix de vente à la pompe n’a affiché qu’une baisse de 0,74 DH/L.


Des marges relativement élevées

Les neuf sociétés concernées par le reporting ont réalisé, au cours du troisième trimestre de l’année dernière, une marge brute moyenne de 1,46 DH/L pour gasoil et 2 DH/L pour l’essence, indique le conseil de la concurrence. « Les marges brutes moyennes pondérées du 3ème trimestre de l’année 2024, dégagées sur la vente du gasoil, fluctuent entre un minimum de 1,35 DH/L et un maximum de 1,59 DH/L. Quant à l’essence, les niveaux de marges brutes demeurent relativement élevés de près de 0,54 DH/L par rapport à celles du gasoil et ont variés entre un minimum de 1,86 DH/L et un maximum de 2,11 DH/L » détaille la même source.


Évolution des marges brutes moyennes réalisées par les sociétés concernées par le reporting du Conseil de la concurrence au troisième trimestre 2024. Infographie: Mohammed Mhannaoui.


Ces marges, souligne le rapport, sont relativement élevées à celles relevées au cours des précédentes périodes de l’année. En effet, les marges réalisées par les pétroliers suivis ont connu des baisses depuis le début de 2024, passant, pour le gasoil, de 1,46 DH/L au premier trimestre de l’année précédente à 1,21 DH/L au deuxième trimestre. De même, pour l’essence, la marge moyenne a baissé de 2,07 DH/L au cours des trois premiers mois de 2024 à 1,79 le trimestre suivant.


Cette tendance a cependant été inversée au cours du troisième trimestre de 2024, marqué par une hausse de celles-ci. « À titre de comparaison, les niveaux de marges brutes dégagées en ce 3ème trimestre de l’année 2024 sont relativement au-dessus des niveaux relevés au 2ème trimestre (1,21 DH/L pour le gasoil et 1,79 DH/L pour l’essence), mais demeurent dans les mêmes proportions de tout le 1er semestre de l’année 2024 (1,34 DH/L pour le gasoil et 1,93 DH/L pour l’essence)  », note le Conseil de la concurrence.


Un oligopole qui se maintient

S’agissant de l’évolution du secteur, le troisième trimestre a été caractérisé par une hausse de 10,8 % en glissement du volume des importations, qui ont atteint 1,7 millions de tonnes (MT). En revanche, en raison du recul des cours mondiaux des carburants, la valeur de ces importations a baissé de 9,75 % par rapport au 3ème trimestre de 2023, à 12,9 milliards de dirhams (MMDH). Le gasoil a représenté 88 % du volume et de la valeur de ces importations.


Alors que le marché est resté clos face aux nouveaux entrants, avec le même nombre d’acteurs que les précédents semestres, l'oligopole des neuf sociétés faisant objet du monitoring du conseil de la concurrence se maintient.  Celles-ci sont en effet responsables de 84 % des importations d’hydrocarbures. Leurs importations combinées ont connu une hausse d’environ 5,1 % en volume au 3ème trimestre de l’année 2024, passant de 1,36 MT en 2023 à près de 1,43 MT. En valeur, les importations ont atteint près de 10,89 MMDH, contre environ 12,66 MMDH en glissement annuel, soit une baisse d’environ 14 %. Les mêmes pétroliers dominent également la partie du stockage, avec une capacité combinée de près de 1,27 MT, soit 81,7 % de la capacité totale disponible au Maroc, qui s’élèvait à fin septembre à 1,56 MT.


Sur le segment de la distribution, « le marché n’a connu l’entrée d’aucun nouvel opérateur » au cours du 3ème trimestre de 2024, alors qu’aucun nouvel agrément de reprise en raffinerie des produits pétroliers n’a été délivré, indique la même source. Ainsi, sur les 2,33 milliards de litres d’essence et de gasoil vendus au total, les neuf sociétés ont accaparé plus de 1,9 milliard de litres. Celles-ci ont ainsi réalisé au cours du même trimestre un chiffre d’affaires de 20,16 MMDH.


Le mainmise de ces pétroliers ne s’arrête pas là. Sur les 3 478 stations-service, que compte le royaume (31 nouvelles stations ouvertes au troisième trimestre de 2024), les neuf sociétés concernées disposent de 2 520 stations. Bien qu’en baisse de 23 stations par rapport aux 2 543 stations-service relevé un trimestre auparavant, ce chiffre représente 72,5 % du réseau national.

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