Interconnexion électrique Maroc-France : trois scénarios aussi ambitieux qu’incertains

Les ambitions de coopération énergétique entre Rabat et Paris prennent une nouvelle dimension à travers la confection par RTE, le gestionnaire du réseau de transport français RTE, d’un rapport d’analyse sur la faisabilité d’une liaison électrique directe entre le Maroc (lire nos révélations).

Ce document confidentiel de 88 pages, daté du 23 mai, s’inscrit dans le prolongement de plusieurs événements préparatoires, notamment les premières discussions initiées par les porteurs de projets marocains et européens dès 2022, ainsi que les travaux prospectifs inscrits dans le Plan de développement du réseau sur dix ans (TYNDP 2024), publié par ENTSO-E, le réseau européen des gestionnaires de réseaux de transport d’électricité. Il met en lumière les opportunités d’une telle interconnexion, mais aussi ses nombreuses limites techniques, économiques et systémiques.

Le Maroc est déjà relié à l’Espagne par deux câbles de 400 kV en courant alternatif, d’une capacité cumulée de 1 400 MW, rendus célèbres récemment en raison du black out qui a éteint la péninsule ibérique. Mais l’interconnexion avec la France irait plus loin, tant sur le plan technologique - un câble sous-marin à courant continu (HVDC) d’une puissance pouvant atteindre 2 000 MW - que sur le plan stratégique : sécurisation des approvisionnements, exportation des excédents renouvelables marocains, renforcement du maillage méditerranéen.