Maroc-Espagne : un commerce florissant et des investissements déséquilibrés
Les échanges économiques entre l’Espagne et le Maroc ne cessent de se renforcer, atteignant des niveaux records en 2024. Tandis que le commerce bilatéral affiche une croissance dynamique, avec une diversification des exportations espagnoles et une place prépondérante du Maroc dans les échanges ibériques, les investissements restent marqués par un déséquilibre. Détails

Durant les trois dernières années, les échanges commerciaux entre l’Espagne et le Maroc ont atteint leur apogée, le poids des échanges commerciaux avec Rabat ayant augmenté de manière exponentielle, avait relevé en début d’année le Secrétariat d'État espagnol au Commerce.
Les données issues d’Eurostat, de l'Agence nationale de l'administration fiscale en Espagne ainsi que de l’Office des Changes du Maroc appuient cette tendance avec une augmentation des exportations et importations entre les deux pays. Toutefois, si l’Espagne s’impose comme un acteur clé au Maroc, les capitaux marocains en Espagne demeurent plus modestes. Une dynamique qui pourrait évoluer dans les années à venir, dans un contexte où les relations économiques sont de plus en plus étroites entre les deux voisins.
Un commerce bilatéral en constante progression
En 2024, les exportations espagnoles vers le Maroc ont atteint un record de 12,859 milliards d’euros (MM €), contre 7,352 MM € en 2020, marquant une croissance continue, notamment après le ralentissement dû à la pandémie de COVID-19. Cette progression a été soutenue par une diversification des exportations espagnoles vers le Maroc, dominées par les combustibles (18 %), les appareils mécaniques (12 %), les véhicules (11 %), les appareils électriques (9 %) et les plastiques (6 %).
De son côté, le Maroc a également renforcé ses exportations vers l’Espagne, avec des importations espagnoles en provenance du Maroc atteignant 9,834 MM € en 2024. Les produits marocains les plus exportés vers l’Espagne sont moins diversifiées que les produits espagnols vers le Maroc et restent concentrés dans les appareils électriques (30 %), les vêtements non tricotés (15 %), les véhicules (12 %), ainsi que les produits de la mer (9 %) et les fruits (6 %).
Dans cette dynamique d’échanges, l’ouverture progressive des douanes commerciales entre le Maroc et les enclaves espagnoles de Ceuta et Melilla marque une étape importante. La première exportation commerciale de Melilla vers le Maroc depuis la fermeture des douanes commerciales de l'enclave en août 2018, a eu lieu en janvier dernier. L’opération impliquait une camionnette avec des produits ménagers.
Le 21 février 2024, Ceuta a reçu sa première importation en provenance du Maroc : un camion chargé de poisson destiné à l'entreprise importatrice Pescadería Younes. Cette étape représente la consolidation du bureau des douanes commerciales, qui avait déjà commencé ses opérations dix jours plus tôt, avec l'exportation de batteries de voitures de Ceuta vers le royaume. Le passage de marchandises à Ceuta suit les traces de Melilla, où une opération similaire a été réalisée le 19 février après une tentative avortée.
Déséquilibre dans les relations d’investissement
la forte croissance des échanges bilatéraux positionne aujourd’hui le Maroc comme un client et un fournisseur prioritaire pour l’Espagne. En effet, en 2024, le pays est devenu le septième client mondial de l’Espagne et le premier en Afrique, représentant 61 % des ventes espagnoles vers le continent. Par ailleurs, le Maroc est également le premier fournisseur africain de l’Espagne, avec 47 % des importations espagnoles en provenance d’Afrique du Nord.
L’Espagne est un acteur clé dans le domaine des investissements étrangers au Maroc. En 2022, le stock des investissements espagnols au Maroc s’élevait à 1,9 milliard d’euros (MM €), faisant du Royaume la 29e destination mondiale des capitaux espagnols et la principale en Afrique. Ces investissements sont relativement diversifiés, couvrant des secteurs stratégiques tels que l’assurance, la construction, la fabrication de produits non métalliques, le papier et les boissons. Notons que ces flux d’investissements ont également un impact significatif sur l’emploi au Maroc, avec 27 655 postes créés grâce aux entreprises espagnoles présentes sur le territoire.
Toutefois, les investissements marocains en Espagne sont plus modestes. En comparaison avec les investissements espagnols, ils restent limités, avec un stock évalué à 152 millions d’euros (M €) en 2022. Le Maroc est ainsi le 62e investisseur mondial en Espagne et le 5e investisseur africain, derrière l’Afrique du Sud, l’Algérie, la Libye et l’Égypte. Les investissements marocains en Espagne restent concentrés dans des secteurs restreints, principalement les services financiers, le commerce et l’immobilier.
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