Media Fail
Brahim Ghali, chef du mouvement séparatiste du Polisario et le faux passeport qui lui est attribué par Le360. MONTAGE ©MOHAMED DRISSI K. / LE DESK
Dans un excès de patriotisme, Le360 publie un faux faux-passeport de Brahim Ghali
En publiant ce qu’il prétend être « le faux passeport algérien » de Brahim Ghali, Le360 démontre une nouvelle fois son affinité pour les fake news, sous couvert de patriotisme d’occasion. Explications
À l'origine
Le site d’information Le360.ma a publié ce jeudi, un article titré : « Image du jour. Le faux passeport algérien du chef du Polisario, Brahim Ghali ». Il s’agit, selon le média semi-officiel, du « fac-similé du faux document de voyage avec lequel Brahim Ghali, alias Mohamed Ben Battouche, a réussi à entrer en territoire espagnol pour se faire soigner du Covid-19 ». L’auteur, enorgueilli du potentiel de viralité du contenu dont il n’indique pas la source, a commenté : « Les autorités algériennes ont beau se défiler, les faits sont têtus ».
Les détails
D’après « le fac-similé » publié par Le360, Brahim Ghali a emprunté l’identité de ‘Mohammed Ben Battouche’, de nationalité algérienne, né en 1946 à Oran. Le « passeport », immatriculé 142589650, aurait été délivré à Oran, le 16 avril 2021 et devrait expirer le 16 avril 2026.
Les faits réels
Or, l'extrait du rapport de la police espagnole remis au juge en charge des plaintes qui visent le chef du Polisario et auquel Le Desk a eu accès, le numéro de passeport consigné sur la fiche d’entrée à l’hôpital Logrońo, est 300502551 et non 142589650 comme le prétend Le360. Le nom d’emprunt est Mohamed Benbatouche et non ‘Mohammed Ben Battouche’, né en 1950, non en 1946.
Rappelons que la presse espagnole avait révélé que Brahim Ghali a été admis à l’hôpital sans aucun document d’identité, accompagné d’un médecin algérien, qui a apporté [à la police, ndlr] un texte, rédigé en français sur lequel figure l’identité algérienne qui s'est révélée fausse. Ce qui avait poussé a police à d’abord conclure que son identité était « inconnue » et que son passeport était de ce fait « non authentifié ». L’identification formelle s’est faite à la demande du juge sur la base d’une analyse comparative avec des photographies parues dans les médias.
D’autres éléments techniques désapprouvent la « révélation » du 360 et montrent bien que le document présenté est une piètre imitation ou contrefaçon. D’abord, depuis 2015, la durée de validité des passeports biométriques algériens est de 10 ans pour les majeurs, et non de cinq ans. La disposition des données sur le passeport ne respecte pas non plus aucune règle iconographique (voir les espaces interlignes), ni l’inscription de l’identité en arabe et en français.
De plus, les données consignées sur la zone optique (les deux lignes de la partie inférieure) sont contradictoires : référence à l’Algérie sur la première ligne (DZA) et au Maroc sur la deuxième (MAR).
Enfin, la photo d’identité (tirée d'un portrait officiel) n’est pas sur fond uni, comme il se fait de manière conventionnelle et la date de terminaison du passeport devant être à J-1...
Le verdict
Rappelons que la presse espagnole avait révélé que Brahim Ghali a été admis à l’hôpital sans aucun document d’identité, accompagné d’un médecin algérien, qui a apporté [à la police, ndlr] un texte, rédigé en français sur lequel figure l’identité algérienne qui s'est révélée fausse. Ce qui avait poussé a police à d’abord conclure que son identité était « inconnue » et que son passeport était de ce fait « non authentifié ». L’identification formelle s’est faite à la demande du juge sur la base d’une analyse comparative avec des photographies parues dans les médias.
D’autres éléments techniques désapprouvent la « révélation » du 360 et montrent bien que le document présenté est une piètre imitation ou contrefaçon. D’abord, depuis 2015, la durée de validité des passeports biométriques algériens est de 10 ans pour les majeurs, et non de cinq ans. La disposition des données sur le passeport ne respecte pas non plus aucune règle iconographique (voir les espaces interlignes), ni l’inscription de l’identité en arabe et en français.
De plus, les données consignées sur la zone optique (les deux lignes de la partie inférieure) sont contradictoires : référence à l’Algérie sur la première ligne (DZA) et au Maroc sur la deuxième (MAR).
Enfin, la photo d’identité (tirée d'un portrait officiel) n’est pas sur fond uni, comme il se fait de manière conventionnelle et la date de terminaison du passeport devant être à J-1...
Le contexte d’effervescence médiatique autour de la crise entre le Maroc et l’Espagne, - déclenchée par l’hospitalisation de Brahim Ghali à Logroño, puis exacerbée par l’avalanche de migrants qui a déferlé sur Sebta – ne doit pas pousser les médias à faire fi des b.a-ba du journalisme. Enfin, Le360 a beau se défiler, les faits sont têtus.
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