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18.03.2024 à 16 H 03 • Mis à jour le 18.03.2024 à 16 H 09 • Temps de lecture : 8 minutes
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n°960.Audio salace et sextorsion : les détails du scandale Mediane-El Mansouri qui tourmente l’Istiqlal

Secoué par un « scandale moral » impliquant Nourredine Mediane, chef de son groupe parlementaire accusé d’avoir proféré des propos obscènes à l’encontre de l’ex-députée Rafia El Mansouri, l’Istiqlal vit les dernières semaines le séparant de son congrès national au rythme de tensions internes. Le lourd silence du parti suscite le malaise dans ses rangs

A quelques semaines de la tenue de son congrès national, le parti de l’Istiqlal est dans la tourmente. Au-delà des conflits et divisions entre les leaders et clans au sein du parti qui s’apprête à renouveler ses instances directives, une nouvelle affaire qui vient d’éclater entre deux figures du parti de la balance « touche directement » à l’image de la formation politique.


A la source de cette affaire actuellement devant la justice : un audio fuité attribué à Nourredine Mediane, président du groupe parlementaire du même parti à la Chambre des représentants, et dans lequel le leader istiqlalien entretient des propos « injurieux » et « diffamatoires  » contre Rafia El Mansouri, vice-présidente du conseil régional de Tanger-Tétouan-Al Hoceima et ex-parlementaire du même parti.


Alors que les circonstances de la fuite de l’enregistrement demeurent inconnues et qu’aucune preuve n’affirme avec certitude que Mediane est l’auteur de l’audio, plusieurs sources soulignent la « ressemblance à sa voix ». Pour sa part, El Mansouri n’a pas tardé à déposer plainte contre son collègue istiqlalien auprès du tribunal de première instance de Tanger.


Injures, accusations d’avortement et sextorsion …

La plainte, dont Le Desk détient copie, porte sur près d’une dizaine de chefs d’accusation, dont « injure, diffamation, menace, chantage, atteinte à la vie privée, abus de pouvoir … » et autres.  Dans le même document, la plaignante se dit avoir été victime d’attaques perpétrées par le président du groupe parlementaire de l’Istiqlal visant « son honneur et sa dignité ». Celle-ci, ajoute le même document, « a été surprise par les propos rapportés par des amis et des collègues du même parti », et selon lesquels Mediane aurait proféré plusieurs injures et insultes la ciblant, et allant jusqu’à l’accuser « d’avoir subi des avortements suite à des relations sexuelles engagées avec lui  ». Ces propos à caractère diffamatoires ont également visé les sœurs d’El Mansouri, que Mediane allègue « s’activent (aux côtés de leur sœur, ndlr) dans la prostitution », note-t-on.


En plus de diffamations et injures, El Mansouri aurait également été victime de sextorsion de la part du leader istiqlalien qui l’aurait menacée de publier sur les réseaux sociaux des vidéos compromettantes qui selon ses dires «  montrent la plaignante dans des positions portant atteinte à la pudeur  », afin de la pousser à démissionner du parti. Dans cette tentative de chasser l’élue istiqlalienne de la formation politique, Mediane aurait même, selon la même source, « abusé de son pouvoir et influence politique pour la virer de l’ensemble des organes et instances du parti », en plus de s’être attaqué à sa position au niveau de la région, en tenant des propos la traitant de « fardeau pour le parti ».


Mediane aurait également réclamé à la plaignante de lui restituer les indemnités qu’elle a perçues dans différents postes de responsabilité qu’elle a occupés auparavant, considérant que « c’est grâce à lui qu’elle a pu accéder à ces postes » et que c’est à lui qu'« elle doit sa carrière politique  ».


El Mansouri « en détresse », la direction du parti pointée du doigt

Contacté par nos soins, Nourredine Mediane a refusé de se prononcer sur la plainte déposée contre lui, ainsi que les faits qui lui sont reprochés, se limitant à dire « que l’affaire est soumise à la justice qui donnera son mot final  ». Jointe également par Le Desk, Rafia El Mansouri s’est à son tour « excusée de ne pas pouvoir parler, son état de santé ne lui permettant pas de s’exprimer ». Une source proche d’elle a fait part de son « indignation face à l’attaque honteuse et inhumaine » dont la vice-présidente de la région de Tanger a été victime.


Selon elle, les attaques et le « harcèlement » qu’a subie la victime ont eu un impact direct sur sa santé psychique et physique qui n’a « pas cessé de se dégrader au cours des derniers jours ». Mansouri, ajoute notre source, « n’arrive même plus à quitter sa chambre ». Les propos diffamatoires à son encontre et qui ont été récemment rendus publics ont «  impacté toute sa famille, qui vit actuellement un stress énorme  ». La détresse dans laquelle est plongée la plaignante est rendue encore « plus atroce », d’autant plus qu’« elle ne comprend même pas les raisons qui ont poussé cet homme à commettre de tels actes à son encontre  », ajoute notre source, écartant catégoriquement l’hypothèse d’un «  règlement de comptes dans le cadre d’une rivalité politique  ». La même source tient à préciser que « toutes les informations qui circulent liant cette affaire à la préparation du congrès national sont fausses ».


Alors que les parties prenantes maintiennent le silence, la direction de l’Istiqlal emprunte la même démarche. Plus de quatre jours après l’éclatement de ce scandale qui, selon notre source « nuit gravement à l’image même du parti » la formation que dirige Nizar Baraka demeure muette. « En plus d’enclencher une poursuite pénale, ce genre d’agissement expose aussi l’auteur à une procédure disciplinaire, après une enquête qui doit être lancée en interne du parti », explique Khalid Trabelssi, un des leaders du parti et président de la ligue des avocats istiqlaliens, tout en notant n'être pas au courant des détails de l’affaire, ni des liens entre les deux parties. Évoquant les dispositions générales du règlement intérieur de son parti, et des « lois régissant les partis en général  », Trabelssi ajoute qu'au vu de la nature des faits reprochés à Mediane, ce dernier pourrait même faire face au gel de sa participation au parti et à ses différentes instances.


Si notre interlocuteur refuse de commenter la position de son parti, indiquant que « le seul qui est habilité à le faire est le secrétaire général », ce silence embarrasse nombre de ses militants, comme nous le confirme notre source proche d'El Mansouri, qui se demande à son tour pourquoi aucune réunion de la direction n’a encore été convoquée. Tandis que plusieurs d'entre eux, cités comme témoins dans la plainte déposée par l’élue istiqlalienne et contactés par nos soins, ont à leur tour préféré ne pas se prononcer sur l’affaire, Yasmina Baddou, une des figures de l’Istiqlal n’a pas hésité à prendre position publiquement sur Instagram. Dans une publication sur plusieurs diapositives, la femme politique et ex-ministre a déclaré sa « solidarité inconditionnelle avec Rafia El Mansouri ».


Pointant du doigt le silence « incompréhensible » de la direction du parti face à une « scandale moral », à un moment où celle-ci « aurait dû se réunir pour prendre les décisions nécessaires et appropriées  », Baddou a aussi demandé « la suspension du chef du groupe parlementaire du parti  ».


La préparation du congrès national, « la grande priorité »

Le mutisme du parti laisse perplexes ses membres mais aussi l’opinion publique, d’autant qu’il s’agit, comme le regrettent plusieurs sources istiqlaliennes interrogées par Le Desk, d’une « atteinte honteuse aux droits de la femme, dans un contexte où le pays s’apprête à moderniser sa Moudawana  ». Dans ce sens, une autre source ajoute : « c’est désolant que la direction d’un parti d’une telle stature se cache dans des moments pareils ». Sollicité à maintes reprises par nos soins, le secrétaire général du parti, Nizar Baraka est resté injoignable, à l’instar d’autres membres du bureau exécutif du parti et de la présidence de l’organisation de la Femme Istiqlalienne.


Une situation fortement critiquée par plusieurs que d'aucuns tentent d'expliquer par le contexte de l'éclatement de l'affaire. Le parti, qui prépare le renouvellement de ses instances, « fonctionne sous forme de comités et de commissions, alors que le bureau exécutif ne se charge que des affaires courantes », justifie au Desk un membre du comité préparatoire du congrès national de l’Istiqlal prévu pour fin avril.


« Actuellement, on peut considérer que tous les organes du parti sont suspendus ou carrément dissous en attente de leur renouvellement lors du congrès. Le président du comité préparatoire est le maître à bord et chacune des commissions travaille sur une thématique précise en préparation de cet événement », étaye-t-il, soulignant que l’achèvement et la réussite du prochain congrès constitue « la grande et première priorité de toutes les composantes du parti pour le moment  ».


Entreprendre une procédure disciplinaire à l’encontre d’un membre, estime notre interlocuteur, s’avère aussi une tâche « compliquée, étant donné que les statuts et le règlement intérieur du parti sont eux-mêmes en cours de révision ». Dans ce sens, bien qu’indiquant qu’aucune action ni réunion concernant l’affaire d’El Mansouri- Mediane n'est à l'ordre du jour, insiste que « tout cela n’aura aucun impact sur le parti et ne nuira nullement à l’image d’un parti historique, qui a su dépasser des crises bien plus profondes ».


Ainsi, à en croire l’homme politique, ce ne serait qu’après le congrès national que la direction de l’Istiqlal tournerait son attention à cette affaire, jugée comme étant « une attaque envers toutes les femmes et leurs droits ». « Nous sommes actuellement dans un contexte où il y a plusieurs priorités et la tenue du congrès est en tête de ces priorités. Une fois nous passerons cette étape, la direction du parti prendra certainement les mesures qui s’avéreront nécessaires  », conclut-il.

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