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07.11.2017 à 14 H 45 • Mis à jour le 07.11.2017 à 14 H 45 • Temps de lecture : 3 minutes
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n°232.Avec ses satellites espions, le Maroc prend l’avantage sur l’Espagne et l’Algérie

La raison d’être stratégique des deux satellites marocains qui seront opérationnels en 2018 : observer les mouvements du Polisario, scruter les enclaves espagnoles de Ceuta, Melilla, les iles Jaâfarines, le rocher d'Alboran et les pitons de Lavandes et Vélez de la Gomera, revendiqués par le Maroc, mais aussi évaluer la puissance de feu de l’Algérie, estime Juan Pons, analyste des affaires spatiales et de la défense

Le premier satellite espion marocain est prêt à être envoyé dans l'espace. Baptisé "Mohammed VI-A" en l'honneur du roi, sa mise en orbite est prévue pour le 8 novembre du pas de tir de la base spatiale française de Kourou en Guyane. Les rares informations officielles mettent l'accent sur son utilisation civile.


Il est souligné qu'il fournira des images pour planifier l'expansion des grands centres urbains, superviser les zones agricoles, gérer les ressources en eau et programmer les grandes infrastructures. « Il est cependant clair que sa principale raison d'être est la composante défense et sécurité. Sinon, comment se justifie le secret qui a impliqué à la fois le contrat, la fabrication et le lancement du satellite ? », s’interroge Juan Pons, analyste des affaires spatiales et de la défense.


Des motivations liées à la sécurité régionale

Pour sa capacité à fournir des images en trois dimensions avec une résolution de 0,7 mètre à une altitude de 694 kilomètres, « Mohammed VI-A » doublé en 2018 de son jumeau « Mohammed VI-B » servira à surveiller plus de 2 000 kilomètres de murs de sécurité parsemés de casemates, hérissés de fil de fer barbelé et protégé de champs de mines qui empêchent les pénétrations du front Polisario au Sahara Occidental, à scruter les camps de Tindouf et observer l'évolution du potentiel militaire de l’Algérie, estime l’expert.


Sa raison d’être stratégique, poursuit-il, est aussi de surveiller les enclaves espagnoles de Ceuta, Melilla, les iles Jaâfarines, le rocher d'Alboran et les pitons de Lavandes et Vélez de la Gomera, revendiqués par le Maroc. Il sera également utilisé, selon lui, pour contrôler les vastes frontières terrestres et maritimes du royaume, en particulier pour lutter contre le trafic illégal de personnes et le trafic de drogue.


Dans le cadre d'un accord secret entre Rabat et Paris signés fin 2013 pour plus de 500 millions d'euros, les deux satellites espions ont été fabriqués en France par Thales Alenia Space (TAS) en collaboration étroite avec Airbus.


Un programme marocain en réaction aux velléités espagnoles

L'intérêt marocain pour les satellites espions a pris forme après l'approbation du plan national d'observation de la Terre (PNOTS) en Espagne, rappelle Juan Pons.


Il a été suivi en juillet 2007, par la signature d'un accord-cadre entre le ministre de la défense espagnol Jose Antonio Alonso et son collègue de l'Industrie Joan Clos, respectivement pour développer un outil de surveillance opérationnelle similaire en 2013 : deux satellites d'observation, une technologie radar (dénommé « Paix ») doublée d’un équipement optique (« Ingenio »).


Un contrat avec Airbus a été conclu dans ce sens pour développer le satellite « Paz » mais celui-ci cumule quatre ans de retard pour sa mise en orbite. Pour sa part, « Ingenio » est encore en phase finale d'intégration au siège d'Airbus à Madrid.


Si le lancement de « Mohammed VI-A » est un succès, comme prévu, le Maroc sera doté dès 2018 de son propre satellite d'espionnage. En revanche, l'Espagne, avec l'Italie, la Belgique et la Grèce, représentent chacun 2,5 % des images captées par les deux satellites espions du programme de coopération militaire « Helios II », dont la France détient 90 % de la maîtrise. De plus, alors que « Mohammed VI-A » bénéficiera d'une durée de vie minimum de 5 ans « Hélios IIA » et « Hélios IIB » ont terminé sont déjà en fin de vie, procurant ainsi un net avantage au Maroc.


Aussi, pour rattraper son retard, l'Espagne devrait recourir au marché commercial pour acquérir des images satellitaires à des fins militaires. Le ministère espagnol de la Défense est en pourparlers avec son homologue français pour rejoindre son programme de relais « Helios II », appelé MUSIS CSO, sans exclure toutefois la possibilité de se tourner vers un système d'observation optique à très haute résolution développé par une entreprise nationale.

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