n°944.CAN 2023 : claque de fin pour le Maroc
Hugo Broos, entraîneur de l’Afrique du Sud, avait pourtant prévenu avant son 8ème de finale contre l’un des favoris de la compétition : « L’équipe nationale du Maroc n’était pas performante en phase de groupes. Nous les avons observés et nous savons parfaitement que nous sommes capables de les battre. Nous l’avons fait auparavant et il ne fait aucun doute que nous le ferons à nouveau. J’ai confiance que nous atteindrons les quarts de finale, c’est une certitude ».
Non seulement le résultat final lui a donné raison, mais la manière et le déroulé du match également.
Sans intensité, sans imagination, sans volonté d’aller de l’avant, l’équipe du Maroc a entamé ce match avec la peur au ventre et un schéma tactique désormais connu de tous : un bloc médian disposé avec une sentinelle, quatre milieux à plat et un avant-centre qui presse haut et court à s’en déboiter la cheville, un semblant de maîtrise dans le rond central, le refus du jeu et l’attente que l’adversaire se découvre, pour aller chercher une transition rapide sur les côtés. Sauf que l’adversaire, comme l’a si bien formulé son entraîneur, a fait des sessions vidéo qui ont dû être courtes tant le plan de jeu de Regragui reste famélique. Et qu’il s’est contenté de bloquer les angles de passes (longues en mettant à chaque fois deux joueurs pour bloquer les ailes, et courtes en densifiant son milieu), avant de se projeter comme des Boraq dès que l’occasion se présentait. Au final, l’équipe du Maroc n’a cadré aucune de ses frappes en première mi-temps, et hormis un ou deux frissons inoffensifs d’Amine Adli, n’a rien proposé du tout sinon de l’ennui et la sensation que la soirée allait être pénible. Les meilleures occasions ont été sud-africaines, sur 45 minutes où l’on était censés être les plus frais et faire largement la différence, en prévision de l’écroulement subi dès la reprise, comme ça a été le cas depuis le début de la CAN.
Mais il était écrit qu’elle serait un tombeau pour les favoris, un calvaire pour ceux qui manqueraient de percussion et de coffre. Contrairement aux sénégalais et aux ivoiriens deux jours plus tôt, et même à nos adversaires de ce 8ème de finale, nous avons manqué de tout hier soir. Et notamment de choix judicieux d’un entraîneur qui a eu les coudées franches et plus d’un an, pour préparer sa compétition. Tout comme ses joueurs, il a été essoré par cette joute africaine, qui n’a définitivement rien de comparable à une CDM en Europe, aux Amériques ou même au Moyen-Orient.
La seconde mi-temps sera du même acabit. Deux équipes plutôt attentistes qui se créent peu d’occasions et font tourner la baballe (51 % de possession pour l’AfSud contre 49 % pour le Maroc), frappent peu but (5 pour le Maroc dont 2 cadrés, contre 6 pour l’AfSud pour 3 cadrés) et attendent l’erreur de l’adversaire pour espérer marquer : elle viendra côté marocain d’un mauvais alignement défensif de Mazraoui, qui maintient en jeu Magkopa plongé dans le dos de Saiss qui s’en va tromper tranquillement Bonou d’une frappe sèche entre les jambes. On joue la 56ème et rien n’indique que cette équipe du Maroc a les ressources pour revenir. Avec un peu de retard, Regragui sort Adli et Amellah rincés, pour Harit une fois encore transparent et un Saibari un peu plus combatif. Dix minutes plus tard c’est El Kaabi qui remplace Zelzouli, dans un système à deux attaquants, si on accepte l’idée qu’En-Nesyri, fantomatique tout le match, en a été un pendant cette CAN. Pour une fois le Maroc pousse, et croit même avoir fait le plus dur quand El Kaabi chope un péno à la 86ème. On le fête comme s’il avait déjà été marqué. Tout comme Baggio en finale de CDM 94, Hakimi enlève trop son tir qui s’en va fracasser la barre transversale et s’envoler dans les airs, et nos derniers espoirs avec. Les 10 minutes qui restent sont anecdotiques : avec le peu de ressources physiques encore disponibles, le Maroc pousse, vendange et se découvre, assez pour provoquer l’expulsion d’Amrabat, coupable d’avoir stoppé une contre-attaque de l’épaule. Le magnifique coup-franc qui suit de Mokoena s’en va nettoyer la lucarne de Bonou et le Maroc est officiellement éliminé en 8ème de finale de la CAN par un club de foot, le Mamelodi Sundowns dont 8 joueurs forment l’ossature de son équipe nationale.
Cette défaite ne sera finalement que le révélateur tôtif de nombreuses erreurs commises par Hoalid dans sa liste des 27, son dogmatisme et sa rigidité tactique, ses choix de gestion et de maîtrise de matchs, les carences physiques de nombreux joueurs et la défaillance des remplaçants qui n’ont jamais pu se hisser à la hauteur des titulaires.
Convoquer et titulariser Boufal et surtout Mazraoui en tant que latéral gauche, et se priver ainsi de la patte et du métier d’Attiat-Allah a été une erreur.
Insister sur Amellah et Zelzouli pendant les 4 matchs a été une erreur.
Maintenir En-Nesyri tout le match alors qu’il ne s’est pas procuré une seule occasion, a été une erreur.
Rester jusqu’au bout fidèle à un système sans proposer d’alternative au jeu a peut-être fait ses preuves au Qatar, mais s’est révélé plombant en CAN ivoirienne.
Car cette compétition ne nous aime pas un seul titre en 1976, une finale en 2004, et un seul match à élimination directe gagné difficilement, en 2021 face au Malawi.
En attendant, cette nouvelle défaite -dans la lignée de l’annus horribillis vécue en 2023 avec cette équipe nationale, vient mettre un coup de frein à dynamique catalysée par la CAN 2025 et la CDM 2030 prévus au Maroc.
Initialement envisagée avec des certitudes, notamment sur le volet technique de l’équipe nationale, tout est désormais remis en question…
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