n°830.Face au Portugal, un nouveau défi très tactique pour le Maroc
Le Portugal s’est qualifié pour les quarts de finale de la Coupe du monde en corrigeant la Suisse, 6-1 et ce, sans son capitaine et superstar Cristiano Ronaldo. Son remplaçant, Gonçalo Ramos, l’attaquant de 21 ans du Benfica a inscrit un triplé, entrant ainsi dans l’histoire de la Coupe du monde, devenant le deuxième joueur à inscrire trois buts dans un même match lors de sa première participation au Mondial, après l’allemand Miroslav Klose en 2002.
Champion d’Europe en 2016, éliminé au second tour lors du Mondial russe en 2018, mais champion de la première édition de la Nations League européenne l’année suivante, la Seleção fait désormais partie des meilleures sélections de la planète foot. Le Portugal n’a peut-être pas atteint le statut de favori à remporter le titre mondial, il n’est plus la sélection habituée des Coupes du monde, censée uniquement remplir le quota de nations européennes.
On l’a remarqué tout au long de cette Coupe du monde, le Portugal de Fernando Santos est une équipe flexible, capable d’évoluer sous plusieurs systèmes et bien moins chauvine que les autres puissances du football européen - l’Espagne ou l’Allemagne particulièrement - obsédée par les sacro-saints principes du football moderne, du juego de posición au gegenpressing.
En quatre matchs, la Seleçao a employé trois systèmes de jeu : le 4-3-3 face au Ghana (3-2) et la Corée du Sud (1-2), un 4-3-1-2 contre l’Uruguay (2-0) et finalement un 4-2-3-1 (également interprété comme un 4-3-3 à pointe haute) devant la Suisse (6-1). Pour le technicien portugais, l’idée à chaque fois est de s’adapter à la configuration choisie par l’adversaire.
Lors de la victoire face à la Suisse, le Portugal formait une ligne de relance composée des deux arrières centraux, Ruben Días et Pepe joints par William Carvalho à attirer les attaquants adverses vers leur propre surface, avant de tenter de sortir le ballon vers les côtés. Pour ce faire, les latéraux - Diogo Dalot et Raphaël Guerreiro - endossent des rôles de latéraux inversés, se positionnant davantage dans les zones centrales du terrain. Ainsi, ils attirent leurs marqueurs et créent du champ aux ailiers placés quasiment sur la ligne de touche.
Face aux Helvètes, le plan marche à merveille. Le Portugal ne domine pas la possession du ballon (47 %) mais se procure des occasions de but à foison. Et c’est justement pour cela que ça marche. Dans cette configuration, le Portugal est friand de jeu en transitions, fait de récupération rapide de la balle et une projection tout aussi rapide vers l’avant. Pis, au vu du personnel à sa disposition, où se mélangent athlètes (Rafael Leão, Cristiano Ronaldo, Gonçalo Ramos) et techniciens (Bernardo Silva, João Félix, Bruno Fernandes, entre autres), difficile de ne pas leur garantir une marge de liberté suffisante pour qu’ils puissent étaler leurs qualités, plutôt que les enfermer dans un système rigide tel que ce fut le cas pour le sélectionneur espagnol, Luis Enrique.
Ce samedi, le Portugal affrontera une équipe totalement différente de celle qu’il aura croisées jusqu’ici. A l’instar des matchs précédent, Walid Regragui préférera laisser le ballon à l’adversaire. Mais à la différence des matchs précédents, cet adversaire n’aura pas forcément envie de le garder. Des innovations sont donc à espérer dans les deux camps pour s’ajuster à ce nouveau défi qui promet d’être très… tactique.
L’équation Cristiano Ronaldo
La prestation écrasante de la ligne de front portugaise lors du dernier match face à la Suisse pousse forcément les observateurs à poser la question, risquée mais pertinente : le Portugal joue-t-il mieux sans Cristiano Ronaldo ? Ce qui est sûr, c’est que le Portugal semble plus libéré sans son numéro 7 légendaire. Le football proposé est résolument plus fluide, moins haché et avant tout, plus rapide.
La raison ? Le profil de Gonçalo Ramos est tout simplement mieux adapté au système de jeu que compte implémenter Fernando Santos. L’avant-centre du Benfica est ce que les adeptes du jeu de stratégie Football Manager appelleraient un « attaquant avancé ». Sa tâche est de harceler continuellement la ligne de fond adverse, à travers des appels et des contre-appels incessants dans le dos des défenseurs et ce, dès la récupération du ballon.
En revanche, CR7 cherche plutôt à prendre part au jeu, redescendant parfois très bas pour toucher le ballon. En s’obstinant à participer à la construction des actions, il empiète sur les zones où évoluent les joueurs plus créatifs, particulièrement la pépite João Félix. A 38 ans, Ronaldo n’est plus l’attaquant explosif qu’il aura longtemps été, capable de courses fulgurantes avec ou sans le ballon. Avec l’âge, sa capacité de percussion a considérablement diminué. Il reste tout de même un finisseur redoutable et un leader technique et psychologique incontesté. Mais un Cristiano Ronaldo qui tient le ballon à 50 mètres des cages adverses n’est - tristement - qu’un joueur comme un autre.
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