
n°828.Les clés du match Maroc-Espagne
Le Maroc se tient à 90 minutes d’un nouveau chapitre de son histoire en Coupe du monde. S’il parvient à se qualifier, il jouera pour la première fois les quarts de finale d’un Mondial. Auparavant, seules trois sélections africaines avaient réussi cet exploit : le Cameroun en 1990, le Sénégal douze ans plus tard et le Ghana lors du Mondial sud-africain, en 2010. Mais avant, il devra faire face à son voisin espagnol. La Roja, conduite par Luis Enrique, part évidemment favorite.
Mais la sélection ibérique ne compte plus parmi ses rangs les superstars qui ont marché sur le football mondial entre 2008 et 2012, ratissant tous les titres possibles sur leur chemin. La nouvelle génération d’internationaux ibériques, menée par les pépites du FC Barcelone Pedri et Gavi ne manque certainement pas de talent, mais pèche parfois par naïveté. Cela s’est particulièrement fait remarquer contre le Japon. Fidèles, voire trop fidèles à leur philosophie de jeu, faite de possession de balle et de jeu de position, les Espagnols ont facilement été déjoués par les Japonais, qui n’ont pas rechigné à céder le ballon tant qu’ils pouvaient limiter le danger.
Justement, c’est ce qui fait la force des poulains de Walid Regragui lors de cette compétition. L’on peut même dire que le Maroc s’est déjà préparé, malgré lui, pour cette rencontre face à l’Espagne. Le match d’ouverture face à la Croatie fait office de répétition inopinée de ce 8ème de finale, car les Vatreni et la Roja partagent quelques points en commun, particulièrement dans la progression du ballon, que le Maroc a empêché avec brio face aux coéquipiers de Luka Modric.
D’abord, la Croatie et l’Espagne évoluent sous le même schéma tactique : un 4-3-3 avec pointe basse. Lors de son 0-0 en ouverture du tournoi, Regragui a mis l’accent sur l’annihilation du trio du milieu croate composé de Modric, Brozovic et Kovacic. Le numéro 9 marocain, Youssef En-Nesyri, s’est chargé de bloquer la trajectoire de passe entre les défenseurs centraux adverses et le premier relayeur croate, Marcelo Brozovic, en l’occurrence. Derrière lui, Azzedine Ounahi et Selim Amallah avaient pour mission de marquer quasiment à la culotte Luka Modric et Mateo Kovacic. Mardi, cette disposition devra être reproduite contre la triplette espagnole Busquets-Pedri-Gavi.

Dans cette configuration, le casseur de jeu marocain, Sofyan Amrabat, se retrouve à balayer « tout ce qui bouge » devant sa défense. Il avance selon la situation, par exemple lorsque le numéro 9 adverse décroche pour proposer une solution de passe, ou se place entre les deux axiaux pour créer une ligne de trois et empêcher les incursions dans la profondeur.

Les meneurs de jeu croates étaient donc condamnés à descendre très bas pour réceptionner le ballon et se placer face au jeu, mais tant qu’ils ne pouvaient pas trouver de coéquipiers dans l’intervalle, ils sont contraints de jouer long ou sur les côtés, où le danger est fortement diminué. Le piège est tendu, reste alors à se montrer indomptable dans les airs, une mission réussie jusqu’ici par Nayef Aguerd et Romain Saïss.

L’Espagne a monopolisé le ballon (82,3 % de possession) face au Japon, mais son apport offensif aura été extrêmement timide. Un but marqué pour un xG (Expected goals, buts attendus, métrique qui détermine le nombre de buts qu’un joueur ou qu’une équipe aurait dû marquer en fonction de la qualité des occasions créées pendant un match) de 1.04. Mais les Japonais ont parfaitement réussi à casser le rythme des Espagnols. En alternant les blocs bas et les pressings hauts, ils sont parvenus à annihiler la capacité technique des joueurs créatifs espagnols, tout en déstabilisant l’arrière-garde de la Roja, qui a commis des erreurs de relance, exploités de façon optimale par les Japonais. Les Lions en sont conscients : la mission est claire, mais pas facile.
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