n°551.Solidaires avec Omar
Sur les réseaux sociaux, le pouvoir mène une chasse à courre contre les voix dissidentes qui y ont pris le maquis pour exprimer leurs idées, crier leur colère, alors que la presse est plus que jamais muselée, les agoras cadenassées, la politique dévitalisée, la rue étouffée, la culture assassinée…
Dans les stades, la jeunesse survoltée et créative est censurée. Des citoyens réclament des écoles et des hôpitaux, un youtubeur se lâche sur le pouvoir, un lycéen scande sur Facebook le refrain subversif d’une chanson, un journaliste dit des vérités gênantes sur Twitter… : la police les convoque, la justice les embastille.
En suivant cette logique, le Maroc qui végète déjà dans la lie des classements mondiaux de la liberté d’expression et du développement humain n’ira pas loin. On peut faire la danse du ventre aux investisseurs étrangers, édifier des ponts, tracer des autoroutes, offrir des carottes fiscales à souhait, demander à la fine fleur de ce pays de réfléchir à notre salut, rien n’y fera si à chaque fois que l’un de nous parle avec ses tripes, on l’envoie au cachot au nom de cette sacro-sainte stabilité qui ne fait plus recette chez personne.
Omar Radi est un journaliste total qui écrit et parle sans concessions. Comme lui, il n’en existe presque plus. Lui-même dit souvent être dégoûté par le métier, tant celui-ci a été piétiné et dévalorisé. Ses enquêtes ont toujours fait mouche. Celle sur les barons des carrières de sable ou celle sur les terrains concédés à des apparatchiks du régime, sont dans toutes les mémoires.
Dans toutes les rédactions dans lesquelles il a travaillé, comme avec nous au démarrage du Desk, il a apporté son intelligence, son énergie et son engagement en faveur du « droit de savoir ».
Ces dernières années, il s’est consacré à autant de sujets d’intérêt public comme les expropriations des terres tribales. Encore un sujet à la confluence de tous les pouvoirs, de toutes les prédations. Il en a parlé avec franchise sur les ondes d’une web-radio algérienne quelques jours avant son arrestation. Est-ce pour cela que la justice a déterré un de ses vieux tweets pour le punir ? La question mérite d’être posée, car, sans aucun doute, un esprit de vengeance se tapit derrière son cas.
D’autres journalistes subissent les affres de la répression, d’autres risquent autant à cause de leur travail que la Constitution dit protéger et garantir. Cela suffit ! Soyons donc tous solidaires avec Omar, pour qu’il recouvre la liberté, pour briser ce cycle de calvaire, pour notre bien commun. #FreeOmar.
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